Christophe Collignon (PS), ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville.

Liège, PS… pétanque: voici comment Christophe Collignon (PS) octroie ses subsides

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

A qui, pour quoi et où sont octroyées les subventions facultatives de Christophe Collignon (PS), ministre wallon du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville?

Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville, Christophe Collignon (PS) habite à Huy, dans l’arrondissement de Huy-Waremme, en province de Liège.

Depuis le début de la législature, il a décerné 924 subsides facultatifs (1), pour un montant de 102.636.400 euros.

Pour cette analyse, afin de pouvoir décrypter la répartition géographique des subsides, ceux-ci ont été divisés en deux catégories:

  1. ceux qui sont accordés à un bénéficiaire dont l’action n’a pas de barrière géographique (par exemple, un subside de 106.000 euros octroyé à l’Union des Villes et Communes de Wallonie pour l’organisation d’actions et de réflexions relatives à la thématique des pouvoirs locaux). Ces derniers représentent 0,8% de la somme totale des subsides.
  2. ceux qui bénéficient à un récipiendaire dont l’action se situe sur une commune particulière (par exemple, 3.000 euros pour l’Office du Tourisme de Thuin pour les illuminations 2022). Ces derniers représentent 99,2% de la somme totale. Les explications ci-dessous ne portent que sur cette catégorie.

Où vont les subsides accordés par Christophe Collignon ? Surtout à Liège

Du point de vue géographique, la circonscription qui a reçu les plus gros montants est celle de Liège, avec plus de 29 millions.

Toutes circonscriptions confondues, les trois communes dont les bénéficiaires récoltent le plus de subsides sont :

  • Liège-Centre (16,4 millions)
  • Mons (10,7 millions)
  • Namur (3,7 millions)

Par ailleurs, la proportion de subsides par habitant est la plus élevée dans les communes de Limbourg (345,26€/hab), Trooz (247,32€/hab) et Pepinster (210,88€/hab). Ces trois communes, peu peuplées, ont reçu d’importantes sommes suite aux inondations dévastatrices de juillet 2021.

En termes de nombres de subsides, c’est la circonscription d’Arlon-Marche-Bastogne-Neufchâteau-Virton qui a reçu le plus (16 %, soit 9,2 millions d’euros).

Christophe Collignon a-t-il particulièrement favorisé Huy, la commune dont il était bourgmestre avant de devenir ministre ? Il lui a accordé huit subsides, pour un montant de 457.249,03 euros, soit 21,36 euros par habitant. Ce qui est moins que la moyenne par Wallon (27,81 euros).

Certains de ces subsides peuvent surprendre (lire ci-dessous), mais le cabinet du ministre se défend de tout favoritisme: En termes de ratio, sur l’ensemble des dossiers traités, les subsides décernés aux communes de Huy-Waremme (en incluant le Tour Régional de Wallonie) ne représentent que 4,9% de ce qui a été accordé en 2021 et 10,5% de ce qui a été accordé en 2022.”

Suite de l’article après l’infographie

A quelle couleur politique bénéficient les subsides de Christophe Collignon ? Surtout au PS

D’un point de vue politique, les communes dirigées par des bourgmestres socialistes sont celles qui ont reçu le plus de la part de Christophe Collignon: 56,7 millions d'euros, soit 55,27% du montant total octroyé, pour 30,62% du nombre de subventions. Les villes de Liège (16,4 millions d'euros), Mons (10,7 millions) et Charleroi (2,9 millions) sont celles qui se distinguent le plus.

Les chouchous du ministre

Sans surprise au vu de ses compétences, Christophe Collignon a surtout soutenu les villes et les communes, afin de servir différents objectifs: allègement fiscal COVID, dotation exceptionnelle Inondation, compensation PRI (forfaitarisation des réductions de Précompte immobilier) ou encore subvention pour engagement d’étudiant. 

Les subventions les plus importantes au niveau du montant sont celles octroyées en 2021 aux communes touchées par les inondations, notamment dans les communes de Liège, Esneux, Verviers, Dison, Trooz, … (1.500.000€ chacune).

Judo, pétanque: les subsides étonnants accordés par Christophe Collignon

Ce ne sont que 1 000 euros sur plus de 102 millions, mais ce subside accordé à l'asbl Le DOJO (Judo Team Hermée) pour “l’organisation du Challenge international du Député Mauro Lenzini” peut surprendre au vu des compétences de Christophe Collignon. D'autant plus que Mauro Lenzini est un député PS, également originaire de Liège et siégeant au parlement wallon.

Idem pour ces 1 000 euros conférés à l’asbl La Viamontoise-Amay, un club de pétanque basé à Amay. Ou encore 2 500 euros pour Latitude 50, un “pôle des arts du cirque et de la rue” basé à Marchin. Ou enfin, ces 5 000 euros alloués en 2022 à l’asbl Motor Club de Huy pour l’organisation du Rallye du Condroz-Huy.

Le cabinet du ministre n’a pas souhaité commenter chaque subside épinglé mais s’est contenté d’un rappel général du champ de compétences du ministre. Le cabinet a également rappelé la définition d'un subside "facultatif" (selon les termes définis par le règlement du budget général des dépenses de la Région wallone) qui permet de soutenir différentes actions concernant, entre autres, "l'intégration sociale et la cohésion sociale".

Quid du fait que certains de ces montants soient accordés à des associations actives à Huy-Waremme, la circonscription de Christophe Collignon ? Les choix de subsidier ou non se font évidemment en fonction de la qualité du dossier, justifie son cabinet. Le ministre vient de l’arrondissement de Huy Waremme ce qui semble influer, à tort en tout état de cause, sur les demandes. Jamais nous n’allons vers les organisations pour leur demander de nous envoyer leurs demandes de subventions.”  Cela étant, le ministre, de par son ancien poste de bourgmestre de Huy, jouit d’un certain rayonnement dans la circonscription, rappelle le cabinet: “Dès lors, les responsables d’organisations ou d’ASBL s’adressent au ministre pour être soutenus.”

(1)  Par opposition aux nominatives et aux obligatoires, une subvention facultative est, juridiquement, une dépense qui n’est pas réglée par une loi (ou, ici, un décret) mais par un arrêté. Mais ces subventions ne sont pas distribuées par des ministres sans foi ni loi : elles sont encadrées par de nombreuses dispositions légales, qui limitent fortement la liberté du signataire. Il s'agit cependant incontestablement de la catégorie de subventions qui laisse le plus de marge à un mandataire politique pour orienter rapidement, et selon ses préférences, une partie des flux d’argent public sur lesquels il peut exercer un certain contrôle.

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