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Des électeurs pas très jeunes, et un président pas très apprécié: les forces et les faiblesses du MR en vue des élections

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le sondage Kantar-Le Vif donne des informations très précises sur l’électorat du MR et sur les électeurs potentiels qu’il peut encore convaincre d’ici le 9 juin. Voici les forces et les faiblesses du parti de Georges-Louis Bouchez.

Selon le sondage réalisé par Kantar pour Le Vif, le MR récolterait, si le scrutin fédéral avait lieu aujourd’hui, 19,9% des suffrages en Wallonie, et 19,8% (en cartel avec l’Open VLD) à Bruxelles. Le résultat bruxellois est à prendre avec encore plus de pincettes que les autres, car le pouls de cette grande métropole qu’est la capitale est traditionnellement difficile à évaluer. Que le MR obtienne le même résultat le 9 juin, et il n’améliorera pas sa très mauvaise performance de mai 2019 dans les circonscriptions fédérales wallonne et bruxelloise : il avait alors perdu pas moins de six sièges à la Chambre par rapport à 2014. Le MR, toutefois, gagnerait un siège à la Chambre des représentants, passant à quinze députés fédéraux selon la projection réalisée pour Le Vif par le Centre d’Etude de la Vie politique de l’ULB.

En Belgique francophone, le MR est le deuxième parti le plus détesté, puisqu’ils sont 27,6% de francophones à avoir coché cette formation en réponse à la question « Pour quel(s) parti(s) ne pourriez-vous absolument pas voter ? ». Seul le PTB (29,8%) est plus fréquemment mentionné que le MR.

Forces et faiblesses du MR : les électeurs

Les sondés qui manifestent leur préférence pour le MR présentent une pyramide des âges relativement cohérente par rapport à celle de la population belge, vieillissante comme on le sait : la plus large classe d’âge de son électorat (25,1%) est composée de personnes âgées de 65 ans et plus, ce qui correspond aux 24,9% de la population générale. Néanmoins, les très jeunes électeurs (6,8% de ceux du MR sont âgés de 18 à 24 ans) sont proportionnellement plus rares que dans les autres partis, à l’exception des Engagés et de DéFI.

43% de ses électeurs sont porteurs d’un diplôme de l’enseignement supérieur, soit moins que chez Ecolo, chez les Engagés et chez DeFI. 18% sont uniquement porteurs d’un diplôme de l’enseignement primaire ou de l’enseignement secondaire inférieur, soit moins qu’au PTB et au PS.

Au niveau socioprofessionnel, c’est parmi les électeurs du MR que l’on trouve la plus faible proportion de personnes se déclarant inactives (homme ou femme au foyer, sans emploi ou étudiant) : 12,8%, contre 23,6% de l’électorat socialiste ou 19% de l’électorat écologiste, par exemple.

Avec respectivement 24,5% et 16,5% qui choisissent les valeurs 9 et 10, soit les deux plus hautes, comme réponse à la question « dans quelle mesure êtes-vous certain de voter pour ce parti en juin », les électeurs réformateurs sont plus certains de leur choix prochain que ceux des autres partis francophones.

Forces et faiblesses du MR: les thématiques

Le thème qui préoccupe le plus les électeurs du MR est le pouvoir d’achat, thématique avancée par 15,6% d’entre eux. C’est moins que dans tous les autres partis francophones parce qu’une autre thématique est beaucoup plus présente à l’esprit des électeurs libéraux, tandis qu’elle l’est beaucoup moins partout ailleurs : l’immigration, citée par 15,4% de l’électorat réformateur. La troisième préoccupation décisive selon les sondés votant pour le MR, avec 7,2%, est la croissance économique, et cette problématique ne revient nulle part aussi souvent dans les réponses.

Le MR participe à la coalition au pouvoir au fédéral. Même si son président Georges-Louis Bouchez a pu se montrer extrêmement critique envers l’action du gouvernement De Croo, l’électorat de son parti est celui qui est le plus satisfait de la Vivaldi parmi les formations participant à la Vivaldi. Ils sont ainsi 47% au total à être tout à fait satisfaits ou plutôt satisfaits de l’action du gouvernement De Croo, et c’est davantage que dans les électorats du PS (36%) et d’Ecolo (40%). Mais, à l’autre bout de l’échelle de la satisfaction, les électeurs MR sont également plus insatisfaits que ceux des deux autres partis de la majorité fédérale. Ils sont en effet 25% à être très insatisfaits ou plutôt insatisfaits de l’action du gouvernement De Croo, et c’est davantage que dans les électorats du PS (20%) et d’Ecolo (20%), où l’on trouve, mécaniquement, davantage de « ni satisfaits ni insatisfaits ».

Quelles sont les forces et les faiblesses du MR ? Le sondage Le Vif livre d’intéressantes indications.

De manière générale, l’électorat est plus méfiant vis-à-vis des autorités que celui des autres partis démocratiques. Seuls les électeurs du PTB en effet montrent davantage de méfiance envers la plupart des institutions que ceux du MR. Ainsi, 38% des électeurs réformateurs se disent plutôt ou très méfiants par rapport à leur gouvernement régional (contre 51% au PTB mais 19% chez Ecolo, par exemple), 26% se disent plutôt ou très méfiants par rapport à leur administration communale  (contre 27% au PTB mais 15% chez Ecolo), 39,2% se disent plutôt ou très méfiants par rapport à la Commission européenne (contre 55% au PTB mais 20 chez Ecolo), 57% se disent plutôt ou très méfiants par rapport aux partis politiques (contre 65% au PTB mais 48% chez Ecolo), 32% se disent plutôt ou très méfiants par rapport aux cours et tribunaux (contre 42% au PTB mais 29% chez Ecolo), et 45% se disent plutôt ou très méfiants par rapport aux médias (contre 50% au PTB mais 29% chez Ecolo).

A qui le MR peut-il aller chercher des voix ?   

L’électorat potentiel brut du MR, c’est-à-dire la masse des sondés qui pourraient un jour envisager pour ce parti est de 37,1% en Wallonie et 48,7% à Bruxelles. L’électorat potentiel net du MR, c’est la différence entre, en Wallonie, ces 37,1% et les 19,9% qui disent qu’ils voteriaent MR si les élections fédérales avaient lieu aujourd’hui. Cet électorat potentiel net sera la cible principale de toutes les actions posées par les candidats réformateurs jusqu’au 9 juin prochain.

Il est très révélateur à cet égard d’observer que parmi les sondés qui pourraient envisager de voter pour le MR, 24,% pourraient voter pour Les Engagés et 17% pour DeFI, deux formations centristes, mais beaucoup moins pour des partis classés plus à gauche : 12% pour le PS, 13% pour le PTB, et 15% pour Ecolo.

C’est plus équilibré dans l’autre sens, puisque 18% des électeurs potentiels nets du PS, 15,7% de ceux % de ceux du du PTB, 17,4% de ceux d’Ecolo, 20,7% de ceux des Engagés, et 11% de ceux de DéFI pourraient envisager de voter pour le MR.

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez : parmi les forces ou faiblesses du MR ? Plutôt une faiblesse…

Dans cet électorat potentiel net du MR, on est généralement moins en pointe sur certaines questions socioéconomiques que dans le contingent des électeurs, plus convaincus, qui voteraient MR si l’élection fédérale avait lieu aujourd’hui. Ainsi, 70% de l’électorat net du MR souhaiteraient un impôt sur la fortune, contre 60% de ses électeurs déclarés. Mais 23% des électeurs potentiels nets du parti souhaitent que l’indexation automatique soit supprimée, contre à peine 13% des électeurs déclarés

En outre, l’électorat potentiel net du MR est, par rapport à celui des autres partis francophones, celui qui est le plus convaincu (à 53%) qu’il faut construire de nouvelles centrales nucléaires, mais aussi que la situation budgétaire dans les entités fédérées francophones est une menace pour la Belgique (à 50,1%). Il est aussi, avec 33%, l’électoral net qui considère le plus, en Belgique francophone, que le Vlaams Belang doit obtenir une chance de faire partie d’un gouvernement.

Notons enfin, au rayon des forces mais surtout des faiblesses du MR, que le président réformateur Georges-Louis Bouchez est manifestement celui qui énerve le plus de Wallons, puisqu’il est cité spontanément (la question était ouverte) par 15,6% d’entre eux comme «le politicien qui vous représente le plus mal», devant Raoul Hedebouw, à 11,8%. Le Montois est également celui que les Wallons mentionnent le plus lorsqu’on leur demande quel est, selon eux, le politicien le plus malhonnête (7,9%). Il devance dans ce classement peu enviable Elio Di Rupo, cité par 4,1% des Wallons. Mais aucune partie, à ce triste jeu, ne peut s’estimer comme plus énervante que le tout, puisqu’à cette question ouverte de «Qui est, selon vous, le politicien le plus malhonnête?», la réponse la plus fréquente est «tous» ou «la plupart», dans les trois Régions du pays (28,8% en Wallonie, 22% à Bruxelles, 23,6% en Flandre)…

Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, KnackTrendsTrends-TendancesDe ZondagDe Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.

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