La rentrée de Paul Magnette et des ministres fédéraux socialistes aura été très active sur le plan médiatique. Dès juillet, Georges-Louis Bouchez, lui, avait verrouillé sa cible: les chômeurs de longue durée qui refuseraient une formation vers des métiers en pénurie. © Belga Image

Crise en Fédération Wallonie-Bruxelles : pourquoi ce n’est pas la fin des tensions politiques

Le Vif

Après des semaines de débats, le dossier épineux des masters en médecine se referme. L’UMons et l’UNamur les auront, sous certaines conditions. Tout le monde semble satisfait. Fin de crise et retour au travail de façon sereine… Vraiment ?

C’est sur un dossier relativement banal dans le cadre d’une législature que la relation (déjà tumultueuse) entre PS et MR s’est un peu plus effritée.

Un dossier dans lequel des universités demandent à s’agrandir et où le politique est là pour donner un cadre. Un dossier qui aurait déjà pu être réglé il y a deux semaines, étant donné qu’un accord similaire à celui mis en place ce samedi était déjà sur la table pendant tout ce temps, confiait une source proche du dossier à nos confrères du journal Le Soir.

Mais il aura fallu qu’un président de parti décide de faire cavalier seul pour tenter de passer en force et qu’un autre brandisse la menace ultime d’avoir recours à une majorité alternative pour que la situation se débloque.

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« En effet, cela aurait pu être pire et aller encore plus loin puisque le scénario du vote d’une motion de méfiance constructive collective n’était pas exclu », analyse Benjamin Biard, chercheur au Centre de recherche et d’information socio-politique (CRISP), rappelant le « coup » de Benoît Lutgen qui, en 2017, avait provoqué un changement de majorité en Région wallonne par ce biais (sans toutefois parvenir à faire voter pareille motion en Fédération Wallonie Bruxelles et en région de Bruxelles-Capitale).

Alors, tout va bien dans le meilleur des mondes ?

Des tensions constantes

Si les tensions entre les différents partis politiques sont d’une intensité variable en fonction du niveau de pouvoir, elles existent bien. « Nous sommes dans un climat de ‘précampagne‘, actuellement. C’est même à se demander si ce climat a vraiment disparu à un moment depuis les dernières élections », analyse le chercheur.

Ces tensions se cristallisent particulièrement entre les différents partis plutôt qu’au sein des gouvernements eux-mêmes. C’est même souvent par les présidents de parti que ces tensions sont le plus visibles. Dans cette disposition, « chacun veut marquer son empreinte », détaille Benjamin Biard.

Surtout dans des coalitions qui regroupent des partis aux idéologies bien différentes. Il faut alors jongler entre différents clashs et compromis. Sur chaque dossier, il faut gagner quelque chose.

Rendez-vous 2024

Si chacun veut gagner son point, chacun veut aussi démontrer les limites de ce qu’il est prêt à concéder. C’est pourquoi l’on remarque chez certains une logique de « participe-opposition ».

« Chacun a son intérêt à pointer des marqueurs de sa politique. L’idée est aussi de démontrer ce que l’on aurait pu faire dans un autre contexte, à savoir en gouvernant avec d’autres », explique le chercheur.

« Il faut aussi conserver la confiance des piliers dont certains partis sont le relais politique. Cela se remarque, par exemple, chez les partis socialistes dont le positionnement peut parfois être critiqué par le monde syndical ou mutuelliste qui demande davantage de « radicalité ». Ici, il est question de démontrer que la situation aurait été « pire » pour eux sans leur présence au sein des gouvernements ».

Jusqu’à la toute fin, les différents partis politiques feront face à des enjeux de négociation. Viendra enfin l’heure du bilan de la mise en œuvre des différentes politiques publiques qui ont été prévues dans la déclaration de politique générale. Il faudra alors voir si certains ont obtenus davantage de points que d’autres. D’ici là, la lutte pour se positionner au mieux lors des prochaines élections de 2024 est loin d’être terminée.

Samuel Jude

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