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Cristal Park à Seraing: une nouvelle société en faillite

David Leloup
David Leloup Journaliste

La société Speci est en faillite depuis ce lundi. Speci, c’était la société faîtière du mégaprojet immobilier Cristal Park à Seraing. La seule dont les actionnaires étaient entièrement privés.

Speci appartenait initialement à la cheville ouvrière du projet Cristal Park, Pierre Grivegnée (35%), et à son associé et bailleur de fonds, l’homme d’affaires Guido Eckelmans (65%). Ce dernier avait récupéré pour l’euro symbolique, début juillet 2022, les parts de Pierre Grivegnée, actuellement détenu à domicile sous l’accusation d’abus de biens sociaux. Guido Eckelmans était donc devenu le seul actionnaire de la société.

Speci était en procédure de réorganisation judiciaire depuis le 28 juillet dernier, en même temps que les sociétés-gigognes Immoval et Valinvest, l’Immobilière Deprez et l’asbl Cristal Discovery. De ces cinq entités en lien avec le Cristal Park, Speci était la seule à avoir jusqu’ici échappé à la faillite. Cette faillite a été déclarée sur citation du ministère public.

Les SPV toujours « debouts »

Speci était la société à la tête de tout le montage Cristal Park. Elle était l’actionnaire principale de Valinvest, qui était actionnaire d’Immoval, qui elle-même était actionnaire d’une série d’autres sociétés, les « SPV » (Special Purpose Vehicles), qui incarnaient les différentes facettes du projet et dont les faillites pourraient bien suivre (voir schéma ci-dessous). Dans ce montage, les fonds publics étaient largement majoritaires, mais l’actionnaire privé, soutenu par le pouvoir politique sérésien, gardait la main.

Speci, la société privée en lien avec le Cristal Park, avait jusqu’à présent échappé à la faillite.

Lancé en 2004, le projet Cristal Park devait relancer une activité économique, touristique, commerciale et immobilière sur l’ancien site des Cristalleries du Val Saint-Lambert à Seraing. Malgré les 40 millions d’argent majoritairement public mobilisés, le projet n’a pas abouti. Les mille emplois annoncés n’ont jamais été créés.

Détenu à domicile jusqu’au 13 février

Le Vif et la RTBF ont enquêté pendant un an sur ce projet et ont révélé, le 7 juillet dernier, l’existence de fausses factures réalisées avant 2012 par l’ancien patron du projet, Pierre Grivegnée, pour un montant total de 900.000 euros. Pierre Grivegnée, en aveux sur ces faux, est en détention depuis la mi-octobre. Après un mois passé en cellule à la prison de Lantin (Liège), il a été placé sous bracelet électronique à son domicile bruxellois jusqu’au 13 février. Il est actuellement inculpé d’abus de biens sociaux. Pierre Grivegnée, lorsqu’il était le second actionnaire de Speci, était également l’administrateur-délégué de la société.

Cette faillite n’est pas vraiment une surprise. Speci ne gagnait plus d’argent. Son image était abîmée. Le rapport de gestion 2021 montre une série de dépenses douteuses de Pierre Grivegnée. Et Guido Eckelmans avait annoncé en novembre dernier qu’il lâchait tout et qu’il ne comptait plus remettre de fonds dans la société. Le tribunal de l’entreprise semble en avoir tiré les conclusions et a donc mis Speci en faillite.

David Leloup, avec François Braibant (RTBF)

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