Claude Demelenne

Il est urgent de stopper la percée des charlatans du PTB (carte blanche)

Claude Demelenne essayiste, auteur de plusieurs ouvrages sur la gauche

Le nouveau président du parti d’extrême gauche, Raoul Hedebouw ne changera rien à une formule qui gagne : le PTB restera le parti des charlatans, prétendant avoir trouvé la potion magique pour apporter au peuple joie et prospérité.

Le 5 décembre, le PTB élira son nouveau président, Raoul Hedebouw, seul candidat à la succession de Peter Mertens. L’hyper-médiatique Raoul Hedebouw porte-parole national du Parti, héritera d’une affaire qui roule. Le PTB cartonne dans les sondages, s’installe dans le monde syndical, séduit une partie de l’intelligentsia de gauche. Il est le seul parti qui, en Belgique, depuis une dizaine d’années, gagne toutes les élections, augmente spectaculairement le nombre de ses adhérents, est toujours davantage présent sur le terrain, aux portes des usines, dans tous les conflits sociaux.

Comment définir le PTB ? Il est « le parti de la gauche authentique « , affirment, en toute modestie, ses dirigeants. « Le PTB est un parti communiste de notre temps », selon ses statuts. Le PTB est un parti populiste. Il cherche à mobiliser le peuple contre les élites et les « profiteurs » : les riches, les multinationales, Big Pharma et l’industrie des médicaments… Il stigmatise les sociaux-démocrates, pas assez radicaux à son goût. Les socialistes occupent la première place dans le hit parade des boucs- émissaires que le PTB jette avec constance et entrain en pâture à son électorat.

Un parti de charlatans

Ce qui caractérise sans doute le mieux le PTB, c’est qu’il est un parti de charlatans. Il prétend avoir découvert la potion magique pour apporter au peuple joie et prospérité. Un cocktail détonnant à base de marxisme, de belgicanisme et d’isolationnisme politique (le PTB refuse toute alliance et toute participation à la gestion de la Cité).

En 1983, feu Gaston Geens, Président (CVP) de l’exécutif flamand (à l’époque, on ne parlait pas encore de ‘gouvernement flamand’), prononça une petite phrase restée célèbre : «  Ce que nous, Flamands, faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux », vigoureux plaidoyer pour l’octroi à la Flandre de nouvelles compétences. Raoul Hedebouw et le PTB, résolument unitaristes et anti-nationalistes, n’ont absolument aucun point commun avec le flamingant Gaston Geens. A un mot près, ils pourraient cependant reprendre à leur compte la saillie de Geens : « Ce que nous, communistes, faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux« .

Derrière le sourire de Raoul Hedebouw, se cache en effet un sectarisme et une volonté de jouer ‘solo’ qui ne se dément pas depuis plus d’une dizaine d’années de soi-disant ‘renouveau’ du parti d’extrême gauche. En toutes circonstances, le PTB fait cavalier seul. Il refuse la moindre alliance avec de potentiels partenaires socialistes ou écologistes, hormis le cas anecdotique de la commune flamande de Zelzate.

Un sectarisme caricatural

Le sectarisme du PTB prend parfois une tournure caricaturale. Après les dramatiques inondations qui ont ravagé une partie de la Wallonie, l’été dernier, le PTB a envoyé massivement ses militants sur le terrain. Très bien, mais dans le même temps, les dirigeants du parti d’extrême gauche ont stigmatisé la prétendue faillite des secours ‘officiels’ et l’incompétence des autorités wallonnes. Dans la foulée, le 30 octobre, le porte-parole national du PTB, Raoul Hedebouw, annonçait dans une interview un tantinet surréaliste au ‘Soir’ , la création d’une nouvelle structure cent pourcents PTB, le ‘secours populaire’ pour venir en aide aux sinistrés. «  Il faut organiser une chaîne de solidarité active et directe », a-t-il déclaré, avant de tirer au bazooka sur le gouvernement wallon, et plus particulièrement sur ses ‘bêtes noires’ habituelles, le PS et le MR.

Le sourire de Raoul Hedebouw ne doit pas masquer l’essentiel : le PTB est, si l’on excepte le Vlaams Belang, le parti belge le plus sectaire et le plus populiste. Il alimente l’antipolitisme, en jetant le discrédit sur les partis démocratiques, décrétés infréquentables par le parti d’extrême gauche, parce qu’ils n’adhèrent pas au ‘merveilleux’ programme des communistes.

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