Wuhan sort un peu de son isolement après un confinement de plusieurs mois © belga

Fact-checking: la Chine est-elle sortie de la crise du Covid?

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

La surmortalité, la grippe, le masque, l’immunité collective… Les avis sur ces sujets sont nombreux sur les réseaux sociaux. Dans un souci d’objectiver le débat, alors que les informations contradictoires circulent aussi vite qu’une épidémie, Le Vif a décodé les arguments que vous entendez souvent.

Ce qu’on entend: « La Chine et d’autres pays asiatiques s’en sont sortis. » Pourquoi c’est vrai.

A peine 30 nouveaux cas en moyenne par jour pendant la semaine du 26 octobre au 1er novembre, pour près de 1,4 milliard d’habitants. La Chine a-t-elle bel et bien réussi à maîtriser la propagation du coronavirus, comme ses statistiques officielles le proclament jour après jour ? Bien sûr, « le Parti communiste chinois (PCC) a la tradition de jongler avec les chiffres », indiquait Tanguy Struye de Swielande, professeur en relations internationales à l’UCLouvain, au Vif/L’Express, en avril dernier.

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Mais cette précaution ne fragilise en rien la réalité d’une gestion bien plus efficace de la crise que dans la plupart des pays occidentaux. D’autant que la Chine n’est pas la seule à afficher un tel bilan : « Des démocraties comme Taiwan, la Corée du Sud ou le Japon ont également mieux géré la crise que nous », souligne aujourd’hui le professeur. Tous les témoignages en provenance de ces pays le confirment : la vie y a repris un cours presque normal, parfois même sans port du masque, grâce à une stratégie de testing et de tracing nettement plus rapide, précise mais aussi intrusive.

Libertés individuelles

Ces derniers mois, la Chine s’est illustrée dans l’actualité en confinant des villes entières, tout en testant systématiquement leurs centaines de milliers d’habitants dès la moindre nouvelle contamination. L’accès à d’innombrables lieux ou services publics y est conditionné à un contrôle automatisé de la température corporelle et/ou à l’oblitération d’un QR-code attestant que le dernier test de l’individu concerné est négatif. Une telle logique ne semble a priori pas transposable en Europe de l’Ouest, où l’attachement aux libertés individuelles et au respect de la vie privée est nettement plus marqué. En mai dernier, l’Autorité de protection des données, l’ex-Commission vie privée belge, avait d’ailleurs recommandé d’imposer des sanctions « pour toute personne qui lierait l’utilisation des applications de traçage (NDLR : notamment l’appli Coronalert) à l’accès à un bien ou un service », afin d’éviter toute discrimination.

Préparation

Mieux préparée, la Belgique aurait toutefois pu susciter une adhésion bien plus large de la population, y compris envers des mesures plus sécuritaires. « Là où la Belgique a abordé l’épidémie comme une crise purement sanitaire, ces pays asiatiques l’ont présentée comme une crise nationale, poursuit Tanguy Struye de Swielande. Les enjeux sanitaires, sociaux, économiques et sécuritaires y font partie d’un tout. Or, c’est ce type de réponse globale qu’il convenait d’apporter. Le risque de pandémie est un fait bien connu en relations internationales. En s’y préparant, la Belgique aurait pu d’emblée définir des mesures plus efficaces, plus cohérentes et mieux acceptées. » Dans cette logique, le nouveau confinement ne ferait qu’acter l’échec d’un modèle sociétal où les libertés individuelles continuent de primer sur l’intérêt de la collectivité, même dans le contexte d’une épidémie. La Belgique n’a ainsi jamais pu honorer la promesse initiale d’identifier et de cibler les clusters de coronavirus à l’échelle d’un quartier. « Un manque évident de courage politique « , selon Tanguy Struye de Swielande, susceptible par ailleurs d’aggraver la crise économique. De son côté, la Chine pourrait finalement connaître une croissance positive en 2020 malgré le coronavirus, de l’ordre de 1,9% selon les dernières estimations du Fonds monétaire international.

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