Ludivine Dedonder
La ministre de la Défense Ludivine Dedonder © ERIC LALMAND/BELGA MAG/AFP via Getty Images

Scandales au sein de l’armée: Ludivine Dedonder se justifie à la Chambre

La ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) a tenté d’expliquer les pratiques humiliantes rapportées au sein du du 4e bataillon d’Amay. Ses réponses n’ont pas convaincu, au sein même de la majorité Vivaldi.

Devant les députés de la commission de la Défense de la Chambre, Ludivine Dedonder a assuré avoir agi dès qu’elle a été informée de faits de mœurs au sein du 4e bataillon d’Amay, au cœur d’un scandale qui éclabousse la Défense belge depuis la semaine dernière. « J’ai été informée par des canaux externes de graves problèmes structurels au sein même du 4e bataillon de génie d’Amay en date du 27 novembre 2023 », a-t-elle détaillé devant les députés.

« Nous parlons, entre autres, de traitements dégradants, de coups et blessures, de chantage, de menaces entre soldats, de pressions exercées par des militaires sur des pairs, d’une obligation de silence imposée sur ces faits et donc de militaires qui n’osaient pas en parler à leur hiérarchie. » « Le jour même où j’ai été interpellée, j’ai transmis les informations portées à ma connaissance au chef de la Défense, l’Amiral Hofman. Dès le lendemain, le 28 novembre 2023, le CHOD les a transmises à l’inspecteur général, le Vice-Amiral De Beurme, qui a été désigné coordinateur dans ce dossier », a-t-elle détaillé.

Scandales au sein de l’armée: la chronologie des faits

Et de poursuivre sa ligne du temps : » le 29 novembre, la DJMM (Direction judiciaire en milieu militaire)  a été contactée par les services de plaintes de la Défense au sujet des faits de mœurs. Des auditions des victimes ont eu lieu le 7 décembre. Le 21 décembre, le CHOD a émis des directives claires au commandant du bataillon pour qu’il prenne des précautions et s’assure qu’aucun nouvel événement ne puisse survenir. Le 8 janvier 2024, deux victimes ont été mutées dans un autre service. Le 12 janvier, le parquet fédéral s’est saisi du dossier et une réunion a été organisée en présence du parquet de Liège, de la DJMM, du CHOD, du SGRS (Service Général du Renseignement et de Sécurité) et de l’Inspecteur général. »

Ensuite, « des mesures spécifiques ont suivi le 16 et le 19 janvier. Elles concernent un écartement préventif de militaires. (…) Le 1er mars, nous avons reçu le rapport intermédiaire de l’enquête administrative ouverte le 16 janvier. Ce rapport intérimaire a confirmé que le problème à Amay dépassait le cadre individuel et était structurel. Sur la base de ce rapport intérimaire, nous avons décidé le 7 mars de dissoudre le 1er peloton de la 14e compagnie du génie de combat du 4e bataillon du génie. Cette dissolution est entrée en vigueur le 8 mars. »

Avant ces faits, la Défense avait été informée par la police qu’un militaire du 4e bataillon du génie était soupçonné de trafic d’armes. Lors de l’enquête lancée par le SGRS, il est apparu que cette personne était en plus associée à un groupe d’extrême droite, a ajouté Mme Dedonder. La personne a été licenciée en mai 2022 et a entretemps été condamnée pour trafic de drogue. Les faits de trafic d’armes n’ont finalement pas été retenus par manque d’éléments.

« A quand remontent les faits ? La question n’a pas été résolue »

Le député PS Christophe Lacroix s’en est pris mercredi à certains de ses collègues qui vont « faire le cirque devant les caméras » en marge de la séance de la commission de la Défense de la Chambre. Celle-ci est consacrée aux comportements humiliants révélés au sein du 4e bataillon du génie d’Amay. « M. Dallemagne, vous m’agacez », a-t-il lancé à l’encontre du député des Engagés. « Vous n’étiez pas là lorsque l’on a reçu des réponses importantes », a ajouté l’élu socialiste, du même parti que la ministre de la Défense Ludivine Dedonder. M. Lacroix a aussi déploré l’absence de Theo Francken (N-VA) au moment de la réponse de la ministre et a dénoncé la « culture machiste » de son collègue du MR Denis Ducarme. Celui-ci avait qualifié le bizutage, interdit à l’armée, de « rite ». 

Tant M. Dallemagne que M. Ducarme ont indiqué avoir simplement répondu aux sollicitations de la presse. Dans sa réplique, le député des Engagés s’est demandé pourquoi une plainte n’avait pas été déposée à la justice dès que la ministre a eu connaissance des faits, celle-ci n’ayant été déposée que 47 jours plus tard. À ses yeux, la ministre avait le devoir d’en informer la justice immédiatement. Pour le député MR, la question « à quand remontent les faits« , n’a toujours pas été résolue. Selon le libéral, « les faits remontent à un certain temps ». « Ce qui m’inquiète, c’est avant », a-t-il indiqué.

Scandales au sein de l’armée: « Je ne suis pas satisfait des réponses de la ministre »

Du côté des écologistes, Wouter De Vriendt (Groen) s’est dit « pas satisfait des réponses de la ministre ». Samuel Cogolati (Ecolo) s’est aussi étonné de l’absence de réponses concrètes à certaines questions, dont celle de savoir si les personnes de confiance avaient été informées des faits. L’ambiance s’est quelque peu détendue lorsque le chef de la Défense, l’amiral Michel Hofman, a évoqué la plateforme « PSMR », la Plateforme Psychosociale-Morale et Religieuse de l’armée (et non une plateforme rassemblant socialistes et libéraux). Dans un deuxième tour de réponses, Ludivine Dedonder a assuré ne pas avoir eu connaissance de faits de cette ampleur avant le 27 novembre, ni de faits comparables et d’une telle gravité ailleurs.

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