Anne-Sophie Bailly

« Un reset de la stratégie s’avère désormais indispensable » (édito)

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Comment passer d’un système d’aide et de soutien à la fermeture à des investissements à la réouverture? L’édito d’Anne-Sophie Bailly, rédactrice en chef du Vif.

Cette fois, la coupe est pleine, elle déborde, même. Devant l’absence de perspectives annoncées par le gouvernement, la culture a décidé de s’autodéconfiner. A partir du 30 avril, le secteur reprendra une programmation publique avec performances, concerts et spectacles « dans le respect des protocoles sanitaires », précise-t-il. « Parce qu’on ne peut plus attendre », « parce qu’il n’y a aucune évidence à faire passer la culture derrière les grandes surfaces, les parcs zoologiques », justifie-t-il.

Même décision du côté de l’Horeca où des exploitants installeront tables et chaises sur les terrasses dès le 1er mai. Sous le regard compréhensif de certains bourgmestres. L’abîme Team annonce de son côté une édition bis de la Boum du bois de la Cambre.

Ces mouvements de fronde s’ajoutent au cri d’alarme des pédiatres concernant la santé mentale des jeunes et qui pointent des centres de soins débordés, des listes d’attente kilométriques, des urgences impossibles à prendre en charge.

A côté de cela, trois experts ont récemment plaidé pour un changement de paradigme dans la gestion de la crise sanitaire. Et suggèrent d’abandonner les décisions sectorielles au profit d’une approche individuelle. De ramener le risque de transmission dans les lieux publics à un niveau acceptable, en recourant à la désinfection de l’air, la ventilation, la détection du CO2, la mise en place de protocoles ad hoc. Une stratégie qui entend inscrire la gestion de la pandémie dans le long terme. Afin de retrouver certaines libertés, malgré le virus.

Un reset de la stratégie s’avère désormais indispensable. Car la « pause de Pâques » n’a pas suffi à faire diminuer significativement les chiffres, ni à réduire suffisamment la pression sur les unités de soins intensifs. Car personne ne vivra à long terme sous la bannière de l’interdit. Car la situation sanitaire de demain reste conjuguée au mode interrogatif, tant les questions sur la durée de l’efficacité vaccinale, les mutations du virus ou la virulence de certains variants restent sans réponse. Car atteindre une immunité vaccinale suffisante au sein de la population reste un objectif, pas une réalité.

Comment passer d’un systu0026#xE8;me d’aide et de soutien u0026#xE0; la fermeture u0026#xE0; des investissements u0026#xE0; la ru0026#xE9;ouverture?

La question ne doit plus être: « Quand rouvrir l’Horeca et la culture? » mais « comment le faire? ».

Comment faire des lieux publics des espaces « Covid safe »? Comment profiter des expériences pilotes menées dans d’autres pays? Comment financer la ventilation et les aménagements des bars, restaurants, salles de spectacle et cinémas? Comment passer d’un système d’aide et de soutien à la fermeture à des investissements à la réouverture?

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Comment vivre malgré le virus?

En introduction du dernier Codeco, Alexander De Croo pointait l’importance de la confiance. Alors, oui, faisons confiance.

Au citoyen et à sa faculté de discerner un comportement sûr d’une attitude à risque.

Aux acteurs de l’enseignement et à leur capacité à organiser une fin d’année scolaire la moins chaotique possible.

A l’Horeca et à sa détermination à faire des bars et restaurants des endroits conviviaux au risque sanitaire acceptable.

A la culture et à sa capacité à reprendre ses activités en mode « Covid safe ».

A la faculté du Codeco d’ancrer sa stratégie dans le long terme.

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