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Test Achats s’inquiète de la communication « tardive » de l’AFMPS sur le valsartan chinois

Test Achats a interpellé vendredi l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) sur les risques pour la santé publique que peut représenter le valsartan contaminé. La molécule produite dans le laboratoire chinois Zhejiang Huahai Pharmaceuticals et distribuée en Europe pourrait en effet provoquer des cas de cancer à cause d’une impureté qui s’est glissée dans le processus de production du principe actif.

L’association de défense des consommateurs reproche à l’agence fédérale de laisser les patients sous valsartan dans la confusion, alors que sa communication sur le scandale pharmaceutique chinois « a été très tardive et partielle ».

Le 6 juillet dernier, l’AFMPS ordonnait le retrait dans les pharmacies des lots potentiellement contaminés par la N-nitrosodiméthylamine (NDMA), une substance probablement cancérigène pour l’homme en cas d’utilisation prolongée. L’agence suivait de la sorte la recommandation émise par l’Agence européenne des médicaments (EMA). Celle-ci insistait toutefois pour que les patients soignés pour des problèmes cardiaques avec du valsartan poursuivent leur traitement car un arrêt brutal peut se révéler dangereux.

Le 17 juillet, l’AFMPS publiait un communiqué sur son site relayant le message des autorités européennes. Elle conseillait en outre aux patients de se tourner vers leur médecin et leur pharmacien pour déterminer si leur traitement était concerné par le rappel. Car ce dernier ne concernait pas tous les médicaments contenant du valsartan commercialisés en Belgique.

« Pourquoi la communication vers le grand public a-t-elle été si tardive? « , s’interroge donc Test Achats. « Les autorités françaises et allemandes ont, elles, communiqué directement et rapidement » après la crise. L’association dénonce un flou sur les alternatives proposées aux patients et déplore qu’aucune liste des médicaments visés n’ait été publiée sur le site de l’Agence.

En outre, selon l’EMA, l’impureté se serait « introduite comme produit secondaire (…) dans le processus industriel en 2012 ». Test Achats émet dès lors des doutes sur la qualité et la fréquence des contrôles. « Ce contaminant a potentiellement pu se retrouver pendant plus de six ans dans des médicaments de consommation courante », s’inquiète l’association.

D’après l’Inami, 20.651.814 doses journalières définies (DDD) de valsartan ont été délivrées en pharmacies publiques en 2017. Contactée par Belga, l’AFMPS rappelait que différents médicaments à base de la molécule sont commercialisés en Belgique et que le valsartan est également produit ailleurs qu’en Chine. L’Agence confirme avoir reçu un courrier de Test Achats, « auquel nous répondrons certainement dans le délai requis », indique Olivier Christiaens du service de communication. Elle se défend de toute lenteur et indique avoir fait tout ce qui était en son pouvoir dans cette affaire. « Dès que le problème est apparu au niveau européen, nous avons fait procéder à un retrait du commerce des lots touchés », rappelle son porte-parole.

L’Agence souligne que seuls quelques lots sont dans ce cas, et qu’il n’y a de toute manière pas de danger immédiat pour la santé publique. « Selon une estimation provisoire de l’EMA, on pourrait parler d’un cas supplémentaire de cancer par 5.000 patients ayant consommé le médicament pendant 7 ans aux doses les plus fortes ». « Il faut aussi éviter que des inquiétudes ne poussent des patients à prendre une mauvaise décision dans le sens d’un arrêt de leur propre initiative. Cela peut avoir des conséquences graves pour la santé. »

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