Refuge en or

En février, l’once d’or a brièvement dépassé le seuil des 1 000 dollars. Dernière valeur refuge ou record aléatoire ?

Le métal jaune a vu son prix grimper franchement depuis la mi-octobre 2008 : de 700 dollars, il est passé temporairement à 1 000 dollars. Ce seuil avait déjà été franchi en mars 2008, s’expliquant par le taux d’inflation et la dépréciation du dollar par rapport à l’euro.

Entre-temps, le billet vert a retrouvé de la vigueur. Voici un an, il fallait compter 1,60 dollar pour 1 euro, alors qu’à présent notre devise pointe à 1,25 dollar seulement. En outre, l’inflation a nettement reculé.

D’autres facteurs sont donc à l’£uvre.

Premièrement, l’offre pose quelques problèmes. Les mines d’or, dont beaucoup sont situées en Afrique du Sud, sont désuètes. Il leur est difficile d’augmenter la production. Dès lors, la loi de l’offre et de la demande s’applique : dès que les rangs des acheteurs d’or grossissent, les prix augmentent puisque les vendeurs ne parviennent pas à adapter leur production. En outre, les mines doivent exposer des frais de réfection : ce coût est répercuté dans le prix de vente.

Le métal précieux bénéficie à nouveau de sa qualité de valeur refuge. Les investisseurs craignent tout bonnement une banqueroute de la planète financière ! Les déboires des grandes banques ont suscité une telle méfiance chez beaucoup de spéculateurs qu’ils croient de moins en moins à la solidité des institutions qui gardent leur argent. Or tous les produits financiers passent par le système bancaire. Ces investisseurs se tournent donc vers le placement qui, à leurs yeux, offre la sécurité absolue : l’or physique, celui que l’on peut tenir en main et conserver dans un coffre. Ce réflexe défensif est évidemment limité à une certaine part du portefeuille des investisseurs : tout est une question d’équilibrage des risques que l’investisseur est prêt à supporter.

Fluctuant, malgré tout

Il n’empêche : la hausse du prix de l’or est, dans une large mesure, due à ce mouvement purement spéculatif.  » On estime que la part de la production d’or détenue par les  » trackers  » ( NDLR : fonds qui répliquent des indices boursiers) est de l’ordre de 30 % « , rappelle Bruno du Bus, directeur chez Puilaetco Dewaay.  » C’est énorme et indique que les investissements à caractère financier sont significatifs et génèrent donc une volatilité potentielle à ne pas sous-estimer.  » Comprenez : le prix de l’or pourrait très vite retomber…

Il faut dès lors bien réfléchir avant de se lancer dans ce type d’investissement. Pour ceux qui ont décidé de franchir le pas, plusieurs possibilités existent : achat de pièces, de lingots, de parts de fonds liés à des indices suivant le cours de l’or, d’actions de mines d’or, etc. On peut aussi acheter de l’or physique. A condition d’avoir un bon coffre-fort…

Philippe Galloy

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