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Ariel Sharon, un homme d’une « extrême intransigeance »

Le Vif

Les réactions globalement louangeuses de la communauté internationale ont affluées à l’annonce du décès d’Ariel Sharon. Nous avons rencontré Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS et spécialiste du Moyen-Orient, l’ancien Premier ministre israélien, pour qui Ariel Sharon n’était pas un tendre.

Quelle image gardez-vous d’Ariel Sharon?

C’est un faucon. Tant dans sa carrière militaire que politique, c’est un type qui a trempé dans plusieurs histoires de massacre de Palestiniens. Sharon n’était vraiment pas un tendre. Il était adulé de ses hommes lorsqu’il était commandant mais ses méthodes traduisaient un mépris total des lois de la guerre. Si on devait le résumer je dirais: fermeté, rigueur, extrême intransigeance.

En 2005, il effectue tout de même un retrait unilatéral des colonies israéliennes de la bande de Gaza…

Avec cette décision, Ariel Sharon a été salué par tout le monde comme un homme de paix. Moi, cela ne m’a jamais convaincu car il l’a fait de façon unilatérale, autoritaire. Il n’y a pas eu la moindre expression de négociation avec les Palestiniens. Ce choix est un petit peu un mystère pour moi. C’est surprenant compte-tenu de ce qu’il avait fait précédemment. En revanche cette décision était courageuse vis-à-vis des colons de Gaza qu’il n’a pas écoutés. Mais c’était surtout une politique de la terre brûlée, il a décidé, par exemple, de détruire par Bulldozer les infrastructures des colons.

Sharon, c’est une logique politique de non-compromis avec les Palestiniens. Il n’a eu de cesse de défaire les espoirs qui sont nés des accords d’Oslo de 1993 [ces accords posaient une base pour une autonomie palestinienne temporaire de 5 ans, NDLR].

Je le vois proche des idées défendues par Vladimir Jabotinsky [leader de l’aile droite du mouvement sioniste au début du XXème siècle, NDLR]. Il n’a jamais dérogé à cette ligne politique. Je pense que Sharon est un sioniste qui considère que les Palestiniens ont déjà un Etat, c’est la Jordanie.

Comment expliquez-vous qu’il quitte le Likoud, parti qu’il avait contribué à fonder, en 2005 ?

Il considère que le Likoud n’est plus un parti porteur d’avenir pour Israël. A-t-il compris à ce moment-là qu’il fallait rechercher un compromis sur la question palestinienne? Je ne crois pas. Jamais ses actes n’ont été en ce sens. Mais c’est aussi le cas de ses successeurs. Ehud Olmert s’inscrivait formellement dans l’héritage de Sharon. C’est seulement quand il n’a plus été en situation qu’il a déclaré qu’il était pour un Etat Palestinien. Quant à Netanyahu c’est la même logique que Sharon, sauf que lui encourage toujours davantage la colonisation israélienne.

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