Un peu d’honnêteté, SVP!

Le Camerounais a retrouvé de la motivation pour relever un nouveau challenge et a des projets d’avenir.

Beaucoup de monde a été étonné par la signature de Jean-Jacques Missé Missé (34 ans) pour Ostende, un club de D3. On le croyait dégoûté du football après sa mauvaise expérience à La Louvière. Le milieu de terrain offensif n’avait pas du tout approuvé le licenciement de Daniel Leclercq. En effet, il était assez proche de l’entraîneur français et La RAAL avait boycotté tout ce qui touchait à Leclercq. Missé Missé avait également donné une interview à S/FM dans laquelle il ne mâchait pas ses mots. Du coup, à l’arrivée d’Ariel Jacobs, il fut versé dans le noyau C.

« C’est vrai, je voulais tout arrêter à ce moment-là. Certaines personnes considèrent que j’ai eu raison, d’autres pas. Je ne regrette pas la D1 et surtout pas le milieu. J’y ai passé des bons moments. C’est un peu dommage de la quitter de cette manière mais ça ne m’empêche pas de dormir. J’aurais bien voulu terminer ma carrière à La Louvière. Je ne demandais pas d’hommage ou un quelconque événement, mais juste un peu de reconnaissance. Enfin, c’est du passé. Après cela, on est finalement parvenu à me convaincre de venir à Ostende. Le club m’a semblé fort ambitieux et cela m’a intéressé. L’objectif de cette saison est clairement la montée en D2. Le club avait besoin de joueurs d’expérience pour encadrer les jeunes. En effet, la moyenne d’âge de l’équipe ne dépasse pas les 21 ans. Le challenge était donc attirant et, actuellement, je ne sais pas encore combien de saisons je vais encore jouer. On verra en fait », explique Missé Missé.

Les performances d’Ostende sont très bonnes. Le club de la côte occupe le haut du classement et assume pleinement les objectifs du début de saison.

« On joue offensivement et cela fait notre force », dit-il. « Il y a une merveilleuse mentalité et une bonne collectivité. Il y a évidemment plein de secteurs à améliorer. Il nous faudrait encore un attaquant car nous sommes seulement deux ou trois dans ce compartiment. En tout cas, je ne suis pas au courant des projets des dirigeants. En plus, il y a beaucoup de très bons attaquants en D3. L’ambiance dans le groupe est excellente. Elle est jeune, évidemment, mais quand il faut redevenir sérieux, ça travaille dur. Tous les lundis, les joueurs donnent un peu d’argent pour une cagnotte. Cela nous permet d’aller de temps en temps au restaurant ou de boire un verre ensemble et de nous rapprocher. C’est très important et c’est ce qui manque un peu dans les grandes équipes. On y est perd l’esprit d’équipe réellement capital.

Généralement, on s’entraîne quatre fois par semaine dans de très bonnes installations. Il y a un très bon complexe sportif où d’autres sportifs s’entraînent. Pour moi, le niveau de la D3 est assez bon. Ce n’est pas aussi physique que je le pensais. La plupart des formations essayent de jouer au ballon. Bien sûr, il y a toujours des mauvaises équipes mais dans l’ensemble, ça joue bien. Berchem, Alost et Courtrai sont des groupes performants et j’ai déjà vu énormément de joueurs capables d’évoluer en D1. Evidemment, il y a un manque évidemment de médiatisation ».

Du respect pour les coaches et les arbitres

Si le meilleur souvenir footballistique de Missé Missé reste sa première sélection en équipe nationale Juniors du Cameroun, il en a beaucoup d’autres. En général, il est assez déçu du milieu. »J’ai vécu des moments difficiles chaque fois qu’on a licencié un entraîneur. Je l’ai vécu trois fois avec Grosjean, Leclercq et Waseige à Lisbonne. On ne leur laisse jamais assez de temps. Et on se voile la face pour avouer que la plupart du temps, c’est la faute des joueurs car ce sont eux qui jouent. Un entraîneur se donne à fond dans son métier mais on peut se poser la question si c’est tout le temps le cas pour les footballeurs aussi. On peut prendre l’exemple de Van Gaal à Barcelone. Il y avait des tensions dans le groupe et il avait été viré. Maintenant, les dirigeants barcelonais ont reconnu ses qualités et l’ont réengagé… Très peu de joueurs déclarent qu’ils commettent des erreurs. Ce sont des professionnels et ils devraient être un peu plus honnêtes. Pour l’arbitrage, c’est le même problème. Bruges-Anderlecht en est un exemple flagrant. Les joueurs des deux camps n’ont pas arrêté de faire de la comédie et, ensuite, ils contestent les décisions arbitrales. L’équipe doit gagner grâce à sa supériorité et non grâce aux exclusions des adversaires. C’est ridicule. Arrêtons de taper sur les arbitres! Un joueur exemplaire est Thierry Henry. Quand il se fait faucher, il se relève directement. Il fait son boulot. C’est un professionnel honnête ».

Passerelle africaine

Jean-Jacques Missé Missé a des projets d’après carrière. « Mon but est d’établir une passerelle pour des jeunes joueurs entre la Belgique et un pays africain. Tout d’abord, ça doit être un pays avec une certaine stabilité politique. Ce n’est pas parce que je suis originaire du Cameroun que je veux le réaliser là-bas. Je veux aider le football africain. En fait, il s’agit du Burkina Faso. Maintenant, les joueurs ne partent plus aussi tôt qu’avant à l’étranger. Il vaut donc mieux les former sur place. Mon projet est d’instaurer la rigueur et le professionnalisme européens. Je souhaite établir une école gérée par des européens mais je prendrai également des gens du pays. Les entraîneurs, par exemple. Il y a vraiment beaucoup de secteurs à améliorer. L’alimentation en est un. Premièrement, elle fait généralement défaut et quand il y en a, ce n’est généralement pas très équilibré. Je souhaite vraiment aider ceux qui n’ont pas de chance et les familles aussi. Il n’y a pas d’école et on leur donnera également une formation scolaire. Pour l’instant, j’ai déjà quelqu’un sur place qui prend des renseignements pour moi. Le projet est évidemment assez grandiose et il dépend fortement des sponsors. J’espère que dans deux ou trois ans, tout sera mis en place. A long terme, on pourra peut-être étendre le projet à d’autres sports comme l’athlétisme. On commence par le football et ensuite, on verra ».

Missé-Missé a donc choisi le Burkina Faso, pays assez stable, mais aurait quand même voulu réaliser son projet au Cameroun si la situation avait été différente:

« A l’époque, j’aurais pu jouer les éliminatoire d’une Coupe du Monde avec le Cameroun mais je ne voulais pas acheter ma place. C’est assez représentatif des problèmes dans certains pays africains. On peut aussi prendre l’exemple de Miss Monde au Nigéria. Je veux un pays stable politiquement et qui participe d’une certaine manière à mon effort. Malheureusement en Afrique, tout le monde veut le pouvoir sans savoir gouverner. Il y a de nombreux dirigeants qui n’ont jamais été à l’école et, puis, on s’étonne de certains événements. Les politiciens ne sont pas corrects, mais l’Afrique doit avancer. Il faut donc veiller à trouver les bonnes solutions, même en communiquant avec l’opposition ».

Tim Baete

« J’ai toujours souffert quand on a viré mon coach »

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