Qui à la barre ?

Le Limbourgeois est appelé à boucler le premier tour entre les perches anderlechtoises. Mais sera-t-il toujours titulaire à la reprise ?

A une journée du terme des matches aller, le RSCA est donc champion d’automne. Pour une équipe encore singulièrement décriée dans un passé somme toute récent, voilà qui n’est assurément pas négligeable. Mais le Sporting n’a pas à se gausser de sa victoire à Roulers pour avoir obtenu cette assurance-là. Car avant de s’envoler au score grâce à des réalisations de Jonathan Legear, Jan Polak et Bart Goor, c’est une phalange mauve et blanc poussive qui avait donné la réplique à un adversaire réduit à dix suite à l’exclusion de son gardien Jurgen Sierens. Pire, sans un Davy Schollen particulièrement inspiré, les Bruxellois auraient même pu être menés au score.

Davy Schollen :  » Un déplacement à Schiervelde n’est jamais une partie de plaisir. Le Standard l’avait d’ailleurs vérifié à ses dépens en perdant deux unités précieuses. Les hommes dirigés aujourd’hui par Dennis Van Wijk ne sont jamais aussi dangereux que lorsqu’ils peuvent procéder en contres. Nous les en avons empêchés par une organisation sans faille. Après le but d’ouverture, tout est devenu plus facile et nous avons pu dérouler.  »

Il n’empêche qu’à 0-0, vous avez quand même privé Cédric Bétrémieux d’un but tout fait ?

Davy Schollen : Voyez-y une mise au point vis-à-vis de ceux qui m’avaient montré du doigt suite au goal que j’avais encaissé contre Tubize une semaine plus tôt. Personnellement, je dis et je maintiens que je ne pouvais pas faire grand-chose sur cet envoi flottant de Jérémy Perbet. A Roulers, je pense avoir prouvé, via quelques interventions, que je peux être parfaitement l’homme de la situation.

Vous devriez terminer le premier volet de la compétition en tant que titulaire. Pourtant, il aura davantage été question, ces derniers temps, de la blessure de Daniel Zitka et du (non)retour de Silvio Proto au Parc Astrid. C’est faire fort peu de cas de votre propre situation. Tous ces événements ne vous ont-ils pas un peu chagriné ?

Je n’ai guère prêté attention à ces situations extra-sportives. Dès l’instant où je me suis retrouvé entre les perches, je n’ai été mû que par une seule ambition : prester le mieux possible. Mes performances ne dépendent que de moi. Les à-côtés, je ne les ai pas en mains. Je me suis donc focalisé sur mon keeping et rien d’autre.

Son match au Bayern comme référence

En fin de saison passée, suite à quelques bons matches comme au Bayern Munich, vous aviez le sentiment de vous être rapproché de la place de numéro 1. Pourtant, au début de saison, l’ordre n’avait pas bougé. Aux dires de l’entraîneur des portiers, Filip De Wilde, vous aviez encaissé le coup.

C’est vrai que j’ai eu dur à assumer. J’estimais avoir démontré que j’avais le niveau requis pour jouer au Sporting. J’espérais donc une reconsidération de mon statut. Finalement, je l’ai obtenue par la bande : Silvio Proto fut transféré au Germinal Beerschot et que je progressais d’un cran.

Pour vous retrouver à la case départ : à votre arrivée, en 2006, vous étiez numéro 2.

Exact. Proto était blessé et Jan Van Steenberghe se remettait alors d’une fracture de stress. Doublure de Zitka, j’ai eu droit à du temps de jeu en deuxième mi-temps, à La Gantoise, suite à une blessure au dos du Tchèque. Dans la foulée, j’ai également joué contre Lille, en Ligue des Champions. Cette prestation m’a d’ailleurs valu de signer un contrat en bonne et due forme à la fin de cette campagne. Car j’avais été cédé sur base locative par le NAC Breda.

C’est là que vous aviez réellement accédé à la notoriété, non ?

J’avais 21 ans bien sonnés quand j’ai troqué Hoegaarden, qui évoluait en première provinciale, pour Saint-Trond. C’est déjà un âge respectable pour accomplir ce pas. J’avais le désir de terminer mes études techniques, dans la section travail du bois, parallèlement à mes activités de joueur. Et je ne le regrette pas car une carrière reste aléatoire.

Chez les Canaris, vous avez côtoyé Jacky Mathijssen. Il aurait dit à l’époque qu’il voyait en vous un futur international. Vous y croyiez aussi ?

Ce jugement, venant d’un keeper aussi expérimenté que lui, ne m’aura pas laissé de marbre, c’est sûr. Je m’en souviens d’ailleurs fort bien : il remonte au moment où j’ai été transféré à Genk. En définitive, l’homme a bel et bien eu raison. Même si j’ai dû attendre longtemps avant d’y parvenir.

Au Racing, vous étiez le substitut de Jan Moons. Mais pour les besoins des 5 derniers matches de la saison 2002-2003, vous aviez obtenu la préséance. Avant de retourner dans le dug-out. Vous étiez à ce point découragé, semble-t-il, que vous teniez absolument à jouer. N’importe où ?

J’en avais ras-le-bol de faire banquette, c’est vrai. Sef Vergoossen m’avait dit que ces 5 matches étaient une récompense pour une année de dur labeur. Comme je m’étais bien tiré d’affaire, je me faisais la réflexion que je pouvais résolument viser plus haut la saison suivante. Mais Moons débuta cette campagne et il y fut maintenu jusqu’au bout. Cette fois, il n’y eut même pas de cadeau pour moi en fin d’exercice. Du coup, je me suis senti des fourmis dans les jambes. Et le NAC fut mon point de chute.

Un choix heureux puisqu’au bout d’un an vous étiez désigné Joueur de la saison.

Conjointement avec Mendes da Silva pour être tout à fait précis. Du coup, l’option fut levée et j’obtins un contrat en bonne et due forme. Bizarrement, tout coinça à partir de ce moment-là. Le championnat 2005-2006 débuta par un match en déplacement à Feyenoord, perdu 2-0. Au bout de cette rencontre, l’entraîneur, Ton Lokhoff, décréta qu’il allait changer de gardien. Je suis retourné sur le banc jusqu’à ce que Cees Lok reprenne le témoin, en décembre.

Votre entrée en matière au RSCA n’est pas passée inaperçue, comme en témoigne votre brillante tenue au Bayern. Mais après quelques matches, des voix s’élevaient déjà en faveur d’un retour précipité de Zitka. L’image que beaucoup de suiveurs ont de vous est celle d’un stand-in idéal mais qui ne doit pas rester lui-même en pleine lumière trop longtemps. Résistez-vous à la pression sur la durée ?

Chaque match est synonyme de pression, qu’on joue à Saint-Trond, Genk, NAC ou Anderlecht. Durant ma première saison à Breda, j’ai disputé 32 matches sur 34. Cela prouve quand même que je suis résistant au stress ou à toute forme de pression ou de tension. Tout au long des joutes que j’ai livrées la saison passée, je ne pense pas avoir montré à un seul moment des signes de fléchissement. Du moins c’est mon sentiment.

De tous vos matches anderlechtois, celui au Bayern Munich était-il le plus abouti ?

Ce fut un événement marquant. D’autant plus qu’à l’aller les Bavarois nous avaient étrillés par 0-5. Dans ce genre de match, on ne songe qu’à une chose : donner le meilleur de soi-même et marquer si possible des points, dans toutes les acceptions du terme. Sur le plan européen, tout est allé crescendo pour moi : d’abord une défaite face à l’AS Rome en Ligue des Champions avec Genk, puis un partage avec Anderlecht au LOSC et enfin une victoire en terre allemande.

Point positif : son jeu au pied

Face aux Italiens, en son temps, vous donniez l’impression d’être un gardien stressé ?

J’avais 24 ans à l’époque. Quelques mois plus tôt, je regardais encore les matches de cette compétition à la maison, avec mon père. Et voilà que d’un jour à l’autre, je me retrouvais exposé à ce niveau. Stressé ? Je ne sais pas. Peut-être certains l’ont-ils déduit en me voyant bouger et gesticuler dans ma surface. J’ai toujours été très actif, à mes débuts. Même quand je n’avais pas grand-chose à faire. C’était une manière de rester concentré.

De tous les gardiens du Sporting, vous êtes celui qui se débrouille le mieux balle au pied. D’aucuns prétendent même que vous pourriez vous débrouiller dans le jeu. Est-ce dû à un passé dans le champ ?

J’ai effectivement transité par toutes les lignes. Attaquant au départ, j’ai reculé jusqu’au goal. Comme je n’aimais pas trop courir sur un terrain, c’était la destination idéale ( il rit). Reste qu’avant ma reconversion définitive, j’ai eu tout loisir de travailler mes deux pieds. A la maison aussi, nous avions un mur sur lequel je n’en finissais pas de faire ricocher le ballon, tantôt du gauche, tantôt du droit. ça aide.

Proto ne sera pas votre concurrent en janvier, c’est sûr. Mais Anderlecht s’affaire pour dénicher un gardien qui complétera le duo que vous formez actuellement avec Bruzzese. Quid si ce nouveau venu devait être synonyme pour vous de relégation sur le banc ?

Je n’ai jamais caché que je voulais arriver le plus haut possible compte tenu de mes qualités. Etre deuxième gardien à Anderlecht n’est déjà pas mal, en soi, surtout quand on voit d’où je viens. N’oublions quand même pas que Proto était déjà titulaire en D1 au moment où je ne faisais encore que découvrir le plus haut niveau. Depuis lors, j’ai le sentiment d’avoir été récompensé de mes efforts sous la forme de ma percée aux Pays-Bas d’abord, puis de mon transfert au RSCA, sans oublier mon accession en sélection nationale. Ce n’est quand même pas mal. Je suis devenu plus mature et fort ces derniers mois. C’est la raison pour laquelle j’ai la conviction aussi de m’être sensiblement rapproché de mes concurrents au RSCA. Si une solution a dû être dégagée pour qu’Anderlecht ne se retrouve pas avec trois bons gardiens à l’amorce de cette saison, je pense que c’est dans une certaine mesure mon mérite.

Quel sentiment vous animera si vous reprenez place sur le banc ?

Une chose est sûre : je ne veux plus jamais prendre place dans la tribune. Etre numéro 1 ou 2, d’accord. Mais je ne tiens plus à être troisième. S’il devait en être ainsi dans quelques mois, il faudrait trouver une nouvelle solution.

La question qui se pose est de savoir si Anderlecht a besoin d’un titulaire ou d’un gardien remplaçant. On peut présumer que c’est le deuxième cas de figure qui recueille vos faveurs ?

Il ne m’appartient pas de me prononcer en la matière. C’est aux dirigeants à trancher. Je dois me soumettre à leurs décisions.

par bruno govers et jan hauspie – photos: jelle vermeersch

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