Quand les riches pleurnichent

Au petit dej’, quand j’étais petit et même plus grand que ça, sous la houlette maternelle qui pouvait aussi s’avérer férule, il n’était pas question d’entamer un nouveau pot de choco sans avoir terminé le précédent. Idem pour les pots de confiture et de miel, debout sur la table à côté de leur pote le pot de choco. Idem pour les coins de Vache qui Riait, complétant le quatuor des choix matinaux sur tartine. Bref, pas de gaspi : la confiote aux fraises apparaissait quand celle aux abricots avait disparu, le choco/noisettes ne doublonnait jamais avec le choco bicolore.

Je pense à ça aujourd’hui parce que les clubs de foot font avec leurs joueurs (en se plaignant) juste l’inverse de ce que faisait Maman (sans se plaindre) avec la bouffe et son budget. Mornar, par exemple, est un pot de choco entamé et abandonné, Wilhelmsson est le nouveau pot : et rien ne dit que le second sera meilleur que le premier…

Je l’achète et je ne l’achèverai pas « , telle semble aujourd’hui la devise du club lorsqu’il met un joueur sous contrat :  » Ou bien ce sera un titulaire satisfaisant que je revendrai avant terme avec plus-value, gros magot et rêves de gloire ; ou bien ce sera un réserviste décevant, je le foutrai au placard pour le mettre à bout, et il finira par se tailler à des conditions qui ne me feront pas (trop) perdre ma culotte « .

Le contrat mené à terme, entre deux parties finissant par se quitter satisfaites d’une collaboration réglo, est aussi fictif que l’instinct de buteur de Hannu Tihinen : vive le sport, valeur sociétale !… Une saine logique économico-sportive voudrait pourtant que la dernière année de contrat d’un joueur soit potentiellement la plus prolifique pour son employeur : puisque le gars a tout intérêt à se montrer à son avantage, en vue d’un nouveau contrat où que ce soit. Mais non, les clubs continuent d’être pleurnichards face aux exigences des joueurs, et négriers pour tenter d’y répondre :  » Je me plains de ce que les plus riches me piquent, je suis bien obligé d’à mon tour piquer aux plus pauvres  » Carrousel de gaspi et d’insatisfaction.

Les joueurs ne valent pas mieux, et chialent tout autant : pour que ces gosses pourris gardent leur bonne humeur, il leur faut le fric, le contrat de longue durée et le titulariat. Rien que ça, ben voyons ! De Bilde mérite d’aller dans le coin. Roussel mérite une fessée. Mornar en mérite deux, vu qu’un Ivica averti (au Standard) n’en a pas valu deux ensuite. Car QUI consent en fin de compte à apposer sa signature au bas d’un juteux contrat de plusieurs années : c’est quand même le joueur lui-même, non ? !

Alors, qu’il en assume la première conséquence : à savoir qu’assimiler un contrat de longue durée à une titularisation de longue durée, c’est de l’infantilisme. Vis-à-vis de Wolverhampton, Roussel n’était prisonnier que d’une décision prise par lui et qui sentait bon la poule aux £ufs d’or : tant mieux pour Cédric si le bras de fer s’est bien terminé via Genk, n’empêche que geindre était indécent.

Question de se répandre, les entraîneurs s’y mettent aussi. Non-renouvelé, Franky Van der Elst dit qu’il ne comprend pas et qu’il n’a rien fait de mal cette saison. Effectivement, mais il n’a rien fait de bien non plus et aurait coûté deux fois plus cher que Brijs le nouveau, venu de D3, et qui en veut :  » Equilibrer son budget, donner leur chance aux jeunes « , ça concerne également les coaches, Franky !

Staelens aussi bougonne sur les lois du genre, oublieux de tous les virés d’hier pour résultats pas plus foireux que les siens. Mais quand, dès septembre 2003 et sur seule base d’un bon début de championnat, un Detrem’ naïf autant qu’hâtif lui avait fait signer un contrat d’entraîneur principal jusqu’en juin 2006 (en remplacement de son contrat de dirlo des jeunes)… là, Lorenzo avait trouvé ça normal et mérité ! Je vous le dis, je vous le dis, on croit que le foot est un sport de mecs : c’est un sport de pleureuses !  » Pleureuse «  au dico :  » femme payée pour pleurer…  »

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par Bernard Jeunejean

Assimiler un contrat de longue durée à une titularisation de longue durée, c’est de l’infantilisme.

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