Paroles de star

Diego (Brême) est, avec Ronaldinho, la grande étoile auriverde en Chine. Il se méfie pourtant de nos Olympiques.

Etoile du championnat d’Allemagne avec Brême et star en devenir de l’équipe brésilienne A (on dit au pays que le successeur de Ronaldinho et Kaka, c’est lui), Diego (23 ans) aurait pu snober les Jeux olympiques. Mais ce fut tout l’inverse : il a joué un vrai bras de fer avec les dirigeants de son club et est allé jusqu’au Tribunal Arbitral du Sport pour pouvoir se rendre en Chine. Il a gagné son combat. Et donc, demain, c’est lui qui devrait emmener l’entrejeu brésilien face aux Belges.

Il nous raconte sa bataille, parle de ce match, des Jeux en général, de sa petite connaissance du foot belge et de son avenir que l’on situe du côté du Real Madrid.

Pourquoi avez-vous fait un foin pareil pour pouvoir aller aux JO à partir du moment où Brême ne voulait pas en entendre parler ?

Diego Ribas de Cunha : Tout simplement parce que les Jeux représentent énormément à mes yeux. Je voulais absolument y être. J’ai fait quelque chose de mal ? Je ne pense pas. J’ai seulement montré toute l’affection que j’ai pour le maillot de mon pays. Ma démarche n’avait rien d’illégal.

Vous n’avez pas fait les choses à moitié : vous avez carrément quitté Brême sans l’autorisation du club, pour aller rejoindre l’équipe brésilienne à Paris !

Je n’ai pas agi dans le dos des dirigeants. Nous avons eu une discussion et je leur ai dit que leur avis ne changerait de toute façon rien à ma décision, que j’irais à Paris. Le TAS n’a fait que confirmer mes droits.

Votre intransigeance risque de vous coûter cher lors de votre retour à Brême, non ?

J’espère que cela ne changera rien aux bonnes relations que j’ai avec mon club. Il n’y a pas de raison de continuer à bouder après mon retour. Je me serai bien entraîné avant et après les Jeux, donc je serai à 100 % dès que j’atterrirai en Allemagne.

Brême ne voulait pas vous lâcher, Schalke a essayé de retenir votre compatriote Rafinha, Hambourg a tout fait pour conserver Vincent Kompany : pourquoi les clubs allemands sont-ils aussi durs avec leurs joueurs olympiques ?

Quelque part, je peux les comprendre. Le championnat d’Allemagne reprend déjà le week-end du 15 août et on est donc vraiment dans la période où tous les clubs voudraient avoir leurs meilleurs joueurs sous la main. Je ne les accable pas.

 » Nous ne savons rien des Belges mais nous sommes très méfiants « 

Que savez-vous de l’équipe olympique belge ?

Nous ignorons tout des Belges, de la façon dont ils jouent, mais on nous a bien mis en garde : ce serait une terrible erreur de les toiser. Ne vous attendez surtout pas à voir des Brésiliens souriants et décontractés, sûrs de la victoire avant même le début du match. Dans l’entourage de l’équipe, on n’arrête pas de nous dire que nous ne pouvons sous-estimer personne. Ni les Belges, ni les Chinois, ni les Néo-Zélandais.

Et que savez-vous du foot belge en général ?

Depuis que je suis en Allemagne, on m’a déjà parlé plusieurs fois de deux joueurs qui ont brillé en Bundesliga : Jean-Marie Pfaff et Marc Wilmots. Aujourd’hui, je connais Daniel Van Buyten et Vincent Kompany. J’ai joué contre eux : ce ne fut jamais une partie de plaisir. Pour le reste, le foot belge me fait penser à Enzo Scifo et Luis Oliveira, un Brésilien qui vous a apporté beaucoup, je crois ?

Quand on dit que la Chine se qualifiera d’office pour le deuxième tour parce que c’est une nécessité économique, vous y croyez ? Elle pourrait être favorisée ?

Je n’y crois pas du tout. Des combines pareilles aux Jeux Olympiques, ça me paraît aberrant.

Si je vous dis  » Belgique-Brésil au Mondial 2002 « , qu’est-ce que ça évoque chez vous ?

Un huitième de finale qui ne nous a pas fait rire ! Je me souviens que le Brésil avait émergé avec beaucoup de difficultés.

Et grâce à l’annulation d’un but valable de Wilmots !

Je sais que les Belges en parlent encore. Mais il faut être logique. Si l’arbitre, qui est à quelques mètres de l’action, annule un but, c’est qu’il a vu une faute. Evidemment, ils font des erreurs, mais je ne peux pas croire qu’on invente une poussée pour annuler un but.

L’ambition du Brésil aux Jeux, c’est la médaille d’or et rien d’autre ?

Au fil de l’histoire des Jeux, c’est devenu une priorité absolue dans mon pays. Parce que nous avons déjà gagné plusieurs Coupes du Monde, mais jamais le tournoi olympique. J’ai une belle occasion d’entrer dans la légende du foot brésilien. Je ne sais pas si un titre olympique changerait quelque chose à ma carrière mais ce serait une chouette ligne sur mon palmarès. Ronaldinho raisonne comme moi. La médaille d’or l’obsède autant que tous les joueurs de n’importe quel petit pays.

On vous cite au Real : c’est fondé ?

Je lis beaucoup de choses dans la presse mais je ne tiens pas à commenter. Surtout pas en ce moment : je suis concentré à fond sur les Jeux.

Arsenal et la Juventus seraient aussi sur vous ?

Apparemment, oui. Mais je suis sous contrat à Brême jusqu’en 2011 et je n’ai pas l’intention de partir cet été, en tout cas.

Vous coûteriez 30 millions d’euros !

J’essaye de ne pas m’encombrer la tête avec des trucs pareils. Mes agents sont au courant de tous les chiffres, moi je ne veux rien savoir.

Vos objectifs avec l’équipe brésilienne A ?

Je veux en devenir un pion incontournable, animer son entrejeu. Mais ce n’est pas facile parce qu’il y a aussi Ronaldinho et Kaka pour le faire. Je travaille pour compliquer la vie du coach.

par pierre danvoye

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