LE MENSONGE DU LIFTING

Chaque année, en juillet, j’imprime la nouvelle version des Lois du jeu du site FIFA. Je complète ainsi ma collection (hélas pas complète) depuis 1863, en repérant les modifications. Je me suis ramassé 140 pages l’an dernier … et 207 cette année ! Il y a pourtant eu simplification, via réduction d’une incongruité remontant … à 1938 : les 17 Lois ont ENFIN été regroupées avec l’essentiel des Interprétations et directives pour arbitres. Cela supprime moult redondances, en facilitant la lecture exhaustive des diverses problématiques … à part celle du hors-jeu, faites gaffe ! Stupidement, les p’tits dessins précisant les manières d’interpréter le hors-jeu traînent toujours en fin d’opuscule, rien que pour nos arbitres, au lieu d’être intégrés à la Loi sur le hors-jeu elle-même : comme si la compréhension la meilleure possible de cette règle demeurait chasse gardée de nos siffleurs bien-aimés !

Donc, le texte des Lois est désormais plus court … sauf qu’il y a cette année une flopée de pages pour reprendre, en tableaux comparatifs, l’ancien texte et le nouveau ! Et comme cette version rafraîchie fut d’application dès l’Euro 2016, d’aucuns ont fait le lien : c’est grâce à ce sérieux lifting (sic) des Lois que le niveau de l’arbitrage fut une des grandes réussites de l’Euro. Hein ? Quoi ? Je n’en crois pas mes écoutilles ! Certes, il n’y eut pas cette année de méga-scandale pour déclencher une ire générale, comme l’affaire Frank Lampard de 2010, mais il s’en est fallu de peu. Imaginez qu’en finale, le Portugal l’ait emporté en scorant sur ce coup franc de Raphael Guerreiro, qui frappa la transversale à la 107e …alors que le replay prouva sans équivoque qu’il s’agissait d’une faute de main d’Eder et pas de Laurent Koscielny : c’eût été, à nouveau, le grand ramdam du grand questionnement sur l’arbitrage…

Moi, perso, l’arbitrage m’a irrité, comme d’hab. Les jeux de mains vilains et les tirages de maillot non sanctionnés ont été légion, ils sont aujourd’hui invasifs au point qu’on a renoncé à les éradiquer. La palme fut pour Samuel Umtiti, peut-être a-t-il manqué de bol sur les gros plans, toujours est-il qu’une pieuvre authentique vient d’intégrer le noyau du Barça. J’ai vu des assistants supplémentaires inutiles parce que couillons et mal placés, des pénos pour fautes de main pas réellement délibérées, des gardiens plus d’un mètre devant leur ligne au moment d’une frappe sur péno. J’ai vu des décisions litigieuses sur hors-jeu, qu’une réalisation/télé à la solde de l’organisateur se gardait bien de contester : avez-vous remarqué que les habituels replays avec traçage sur écran d’une ligne vérificatrice étaient inexistants ? Certes, j’ai été heureux de la quasi-absence d’exclusions, lesquelles faussent trop souvent le déroulement des matches de foot … mais le pifomètre arbitral s’est déplacé ailleurs ! Désormais, c’est sans logique aucune que les fautes sifflées sont accompagnées ou pas d’un avertissement : quand tu zyeutes 51 matches en un mois, tu vois des masses de fautes sans carton jaune qui ressemblent aux fautes avec carton jaune comme chou vert et vert chou !

Soyons clairs à l’aube de 2016-17 : ce lifting pas sérieux du tout ne modifiera pas les polémiques d’arbitrage ! Soit les modifs sont dérisoires, comme ce coup d’envoi maintenant possible vers l’arrière. Soit on croit novatrices de simples reformulations … mal reformulées : sur péno, le temps d’arrêt dans la course a été réaffirmé comme autorisé dès 2010 ; et la précision selon laquelle les bras ne sont pas inclus dans la définition du hors-jeu date de 2005 ! En fait, ce lifting réactive plutôt le bordel : j’en ai lu qui croyaient que les jambes aussi cessaient de compter dans le jugement de la position hors jeu, … et interprétant qu’un gardien ne pouvait désormais plus dévier malencontreusement la balle dans son propre but sur corner adverse ! Quant à la suppression de la double sanction dans le grand rectangle, elle reste liée au fait que le fautif avait l’intention claire de jouer le ballon, sans quoi il ramasse quand même toujours rouge et péno … rebonjour l’interprétation arbitrale ! Cette saison encore, question palabres tous azimuts, comme le chantait récemment Francis Cabrel, on est partis pour rester.

PAR BERNARD JEUNEJEAN

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