L’année-record

Bruno Govers

Auréolé d’un vingt-cinquième titre et d’une kyrielle de distinctions individuelles en l’an 2000, Anderlecht pouvait difficilement prétendre à mieux cette année. Et pourtant, il aura fait ample moisson de trophées ce coup-ci encore, tant au niveau collectif -par la récolte d’un nouvel écusson national-, qu’individuel puisque, grâce à Aimé Anthuenis, Walter Baseggio et Alin Stoica, les Mauve et Blanc ont mis le grappin sur les prix d’Entraîneur, de Footballeur et de Jeune Pro de l’Année. Sans oublier encore un certain Jan Koller, lauréat du Soulier d’Or dès le mois de janvier.

Au-delà de tous ces titres, c’est néanmoins une autre performance des Sportingmen qui leur aura valu l’estime générale : la Ligue des Champions, une compétition où le club bruxellois, comme de coutume, aura fait office de précurseur pour la Belgique en ralliant le deuxième tour de l’épreuve. Un exploit d’autant plus retentissant qu’au classement final, lors du premier round, Anderlecht précéda du beau monde : Manchester Utd, le PSV et le Dynamo Kiev, excusez du peu!

Lors du second volet de ce mini-championnat, le RSCA dut finalement reconnaître ses maîtres en Leeds United et le Real Madrid, futurs demi-finalistes de l’épreuve, au demeurant. Mais le club bruxellois n’aura pas manqué de mérite, à ce stade-là aussi, lui qui devança quand même le troisième larron, la Lazio Rome. Une phalange huppée que les Mauve et Blanc auront réussi à mettre sous l’éteignoir au Parc Astrid, au même titre qu’ils l’avaient fait auparavant avec le PSV, Kiev et Manchester. Avant de récidiver, en guise d’apothéose, face au Real Madrid.

Beaucoup, dans le giron-même du Sporting, étaient d’avis que cette longévité extraordinaire sur la scène européenne ne serait pas sans incidence sur le parcours du club en championnat. D’autant plus qu’Anthuenis répugnait à faire tourner son plantureux effectif. En définitive, il n’en aura strictement rien été puisque les Bruxellois pulvérisèrent le nombre total de points qu’ils avaient glané la saison passée : septante-cinq. Il est vrai que le Club Brugeois, qui a amélioré lui-même ce score, les aura poussés dans leurs derniers retranchements.

Reste à voir à présent si tous les succès remportés par Anderlecht ne s’assimileront pas, pour lui, à autant de victoires à la Pyrrhus. Car le Sporting subit incontestablement, le contrecoup de ses performances enthousiasmantes sous la forme d’un pillage de ses meilleurs éléments. C’est carrément tout son flanc gauche qui est menacé puisqu’après Dheedene, en partance pour Munich 1860 et Goor, qui s’est lié pour une même période de quatre ans au Hertha Berlin, Radzinski souhaite émigrer sous d’autres cieux, à son tour.

Le vide que ces joueurs laisseront ne devrait toutefois pas être aussi important que celui causé, sans doute, par Jan Koller. Car le géant tchèque aura été, à coup sûr, l’un des Sportingmen les plus précieux, tant à la finition qu’en défense où son vigoureux coup de tête sauva plus d’une situation périlleuse.

La direction a, certes, promis que son équipe serait tout aussi compétitive l’an prochain. Ce qui ne sera pas une sinécure car la génération actuelle a atteint probablement le maximum, aussi bien en Europe que sur le plan national. En réalité, il n’y a qu’en Coupe de Belgique, une épreuve qui ne réussit plus aux Bruxellois depuis belle lurette, que les hommes d’Aimé Anthuenis sont susceptibles de faire mieux. Qui sait, l’année prochaine, peut-être?

Bruno Govers

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