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Un centre interuniversitaire pour étudier les vaccins

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Créé et abrité par l’Université libre de Bruxelles et l’Université d’Anvers, le nouvel institut devrait permettre d’accélérer le développement et l’évaluation de vaccins candidats.

Ils ont été plus d’un, à travers le monde, à mettre en garde les gouvernements et la communauté scientifique contre la possibilité qu’une grave épidémie puisse nous frapper. L’arrivée du Covid-19 a confirmé les craintes de ces chercheurs qui n’ont pas été entendus. Elle a aussi démontré que nous n’étions pas prêts, malgré les connaissances acquises en matière de zoonoses, à combattre un virus aussi contagieux et impliquant un tel taux de mortalité.

Ce qui est tout aussi inédit, c’est la vitesse à laquelle des vaccins efficaces ont pu être développés et mis sur le marché grâce à la mutualisation des connaissances et aux recherches menées depuis plus de deux décennies sur les coronavirus, ainsi qu’au développement de la technologie de l’ARNm.

Les deux années de pandémie que nous venons de passer ont provoqué un véritable séisme, y compris dans la communauté scientifique qui a été contrainte de relever un défi d’une ampleur inédite et de remettre en question ses pratiques et certaines de ses certitudes.

C’est dans ce contexte qu’a été créé l’European Plotkin Institute for Vaccinology (EPIV), inauguré ce mardi en présence du Pr Stanley Plotkin, considéré comme le parrain de la vaccinologie. Fruit d’un partenariat entre l’Université d’Anvers et l’Université libre de Bruxelles, le projet inter-universitaire (qui représente un investissement de 40 millions d’euros et s’étendra sur deux sites, le Campus Erasme à Bruxelles et le centre Vaccinopolis à Anvers) a pour objectif d’accélérer l’évaluation et le développement de vaccins candidats pour que nous soyons mieux armés si une nouvelle pandémie devait à nouveau se déclarer. Il intègre à la fois des capacités de recherche clinique, immunologique et microbiologique « afin de participer au développement des vaccins les plus sûrs, les plus efficaces et les plus adaptés aux populations », affirme le Pr Arnaud Marchant (ULB) qui, avec le Pr Pierre Van Damme (UAntwerpen), co-dirige l’EPIV. « Nous tablons sur deux stratégies : un effort global, planétaire, pour contribuer à un réseau d’information mais aussi pour consolider le développement de ces réseaux de communication avec les autres pays, à travers une relation multidirectionnelle et un partage de compétences ».

Volontaires sous haute surveillance

Concrètement, l’EPVI va réaliser des études cliniques de vaccins, notamment des essais d’infection contrôlée chez l’homme, portant sur des maladies et des agents pathogènes prioritaires au plan mondial. Des volontaires qui ne seront exposés à un virus « qu’après approbation du comité d’éthique et après avoir été complètement informés de la situation », assure Pierre Van Damme. Le patient volontaire fera l’objet d’un suivi heure par heure, « ce qui permettra d’observer tout ce qui se passe après l’inoculation ». Des études qui devraient par exemple permettre de vérifier si certains vaccins fonctionnent sur certaines souches, question qui s’est très vite posée avec le Covid-19 lorsque les premiers variants sont apparus. « Ce type d’expériences est déjà menée à Anvers avec la Polio. Ailleurs dans le monde, d’autres études importantes de même nature ont été réalisées sur des pathologies respiratoires », complète Arnaud Marchant. Des expériences qui seront menées dans le nouveau centre Vaccinopolis de l’Université d’Anvers pouvant accueillir jusqu’à 30 volontaires rémunérés qui acceptent de tester de nouveaux vaccins et de se mettre en quarantaine.

Il n’y a que dans les pays riches que les gens refusent de se faire vacciner. Ils lisent et écoutent des bêtises et de fausses informations. Or, il n’y pas de vaccin contre la stupidité.

Pr Stanley Plotkin

Outre ces essais d’infection contrôlés, l’Institut a reçu pour mission d’analyser de façon approfondie et systémique les réponses immunitaires aux vaccins et aux agents pathogènes et d’identifier les mécanismes d’action des vaccins ainsi que les corrélats de protection contre ces agents pathogènes. Les réponses obtenues devraient permettre de mieux déterminer quels types d’anticorps doivent être produits ou quelle quantité de vaccin doit être inoculée pour protéger efficacement une personne, « ce qui est plus difficile à identifier dans le contexte d’une étude plus large », met en évidence Arnaud Marchant. Le fait de joindre l’immunologie à la recherche clinique devrait aussi faciliter la conception de schémas de vaccination.

La mémoire courte

Celui dont l’Institut porte le nom, le Pr Stanley Plotkin, a notamment joué un rôle majeur dans l’élaboration du vaccin contre la rubéole. Il a déploré que les réticences et la méfiance envers les vaccins contre le Covid-19 soient si fortes. « La résistance vaccinale est une chose importante mais elle est moins présente dans les pays sous-développés. Il n’y a que dans les pays riches que les gens refusent de se faire vacciner. Ils lisent et écoutent des bêtises et de fausses informations. Or, il n’y pas de vaccin contre la stupidité. Il faut essayer de convaincre les parents que leurs enfants doivent être vaccinés mais tout en précisant qu’il existe des réactions après la vaccination. Qu’il faut calculer le risque. Le problème aussi, c’est que les gens ont la mémoire courte. Lorsque j’étais bébé, j’ai été exposé à trois maladies qui m’ont presque tué : la coqueluche, une grave pneumonie et une grippe très sévère. Les gens ont oublié ces possibilités ».

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