Les cellules finissent par mourir empoisonnées, la membrane saccagée. © UCLouvain

Tuer le cancer : la formidable méthode belge à base d’oméga 3

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Pour abattre l’ennemi, ciblez son point faible. C’est ce que dit avoir fait l’UCLouvain, avec le cancer, en mettant au point une stratégie blindée de promesses thérapeutiques, à base d’un acide gras, un oméga 3, le DHA. L’objectif : empoisonner les cellules cancéreuses qui veulent se métastaser, avec des lipides.

Résultat ? Sur des tests réalisés sur des souris, les tumeurs cancéreuses cultivées in vitro, des « sphéroïdes », ou cellules tumorales en 3Dauraient disparu « en quelques jours », selon les travaux de l’Université catholique de Louvain,publiés dans la revue « Cell Metabolism ».

Un poison issu du poisson

Comme un sous-marinier astiquant ses torpilles, la doctorante Emilie Dierge et l’équipe avec qui elle travaille dit ainsi avoir eu l’idée de saupoudrer le DHA de molécules qui exacerbent ses effets, transformant le DHA en véritable « serial killer de tumeurs ». La scientifique a ainsi bombardé des cellules cancéreuses avec cet oméga 3 à longue chaîne « amélioré ». L’oméga 3 en question est le DHA (acide docosahexaénoïque) qui est un acide polyinsaturé (AGPI). On trouve ce lipide-là principalement dans les poissons dits « gras », comme la sardine ou le saumon. Dans une vidéo disponible sur le site de l’UCLouvain, la bioingénieure Emilie Dierge explique que quand une tumeur cancéreuse grossit, elle s’acidifie. C’est ce qu’on appelle l’acidose, une anomalie métabolique qui contribue à la croissance débridée des cellules cancéreuses qu’on appelle la métastase.

Meurtre parfait

Pour s’adapter à l’acidose, les cellules cancéreuses modifient leur fonctionnement, pour se doter de l’énergie nécessaire à leur espérée métastase. Subitement, elles vont faire la grimace devant le glucose et devenir de véritables gloutonnes de lipides : totalement accro. Ces cellules cancéreuses dotées d’un infernal instinct colonialiste raffolent en particulier du DHA. Elles vont donc le stocker avec avidité. Mais, comme il s’agit d’un processus anormal, ces cellules ne savent absolument pas quoi faire de tout ce gras. Elles finissent par mourir empoisonnées, la membrane saccagée. C’est ce qu’on appelle la ferroptose, une forme de mort cellulaire, découverte en 2014 par des chercheurs français.

Sardines ou chimio ?

Ce qui est positif, dans les travaux de l’UCLouvain, c’est l’approche alimentaire de ses travaux : aller mieux, en mangeant mieux. De quoi mettre dans ses petits souliers l’association contre le cancer de Belgique qui publie, sur son site : « Plus de 60% des Belges pensent, à tort, que les acides gras de poisson (aussi appelés « omega-3 ») offrent une protection contre le cancer«  et déconseille les compléments alimentaires à base d’oméga 3. La publication de l’UCL, aussi fantastique soit-elle, ne doit toutefois pas faire oublier le travail génial de chercheurs américains de l’Université WSU, qui, il y a six ans déjà, avaient démontré le lien entre le DHA et la diminution des tumeurs cancéreuses de la prostate.

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