© AFP via Getty Images

Coups d’un soir, applis, sodomie… La sexualité des jeunes décryptée: «On n’a jamais été aussi exigeant envers la conjugalité»

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Que se passe-t-il sous la couette des jeunes? La sociologue Marie Bergström lève un coin de leur draps dans une vaste étude qui décrypte les changements (et les constantes) au sein de la sexualité des moins de 30 ans.

Ils feraient l’amour de plus en plus jeunes. Ils deviendraient asexuels. Ils laisseraient leur éducation aux mains du porno. Ils seraient entrés en récession sexuelle… tout en multipliant allègrement les coups d’un soir. D’ailleurs, ils ne voudraient plus être en couple et seraient devenus accros à Tinder, où ils se rencontreraient désormais massivement. Bref, ils font l’objet de tant d’idées reçues, les jeunes!

Des idées reçues qui, pour la plupart, éclatent à la lecture de La Sexualité qui vient. Jeunesse et relations intimes après #MeToo (1), un ouvrage coordonné par la sociologue suédoise Marie Bergström, chargée de recherche à l’Ined (Institut national français d’études démographiques). Epais, l’ouvrage est le résultat d’une enquête réalisée en France auprès de plus de 10.000 personnes âgées de 18 à 29 ans. Qui bat en brèche un tas de clichés. Ainsi, l’âge moyen du premier rapport sexuel reste stable, moins de 2% des jeunes se définissent comme asexuels et le couple reste le Graal que beaucoup rêvent d’atteindre. Certes, les moins de 30 ans connaissent une baisse de l’activité sexuelle due à la prégnance du célibat, mais ils connaissent par contre un nombre de partenaires bien plus élevé que par le passé. Un paradoxe qui n’en est finalement pas un, et qui témoigne d’un changement majeur dans la sexualité des jeunes: la diversification relationnelle.

Les études scientifiques portant sur les pratiques sexuelles sont peu fréquentes. Pourquoi avoir choisi de centrer la vôtre sur les jeunes uniquement?

Nous voulions nous focaliser sur des aspects particulièrement saillants durant la vingtaine. Nous concentrer sur une génération nouvelle, supposée faire les choses différemment, nous permettait aussi de vérifier différentes hypothèses. Evidemment, il serait intéressant de reconduire cette étude plus tard, d’y inclure des personnes plus âgées, afin de déterminer si certaines caractéristiques propres à la jeunesse sont par la suite laissées derrière soi ou non.

«Si la sexualité extraconjugale a toujours existé, les femmes y accèdent désormais beaucoup plus facilement.»

Dans quelle mesure la sexualité des jeunes infuse-t-elle déjà chez les plus de 30 ans?

Les changements décrits dans notre ouvrage ne sont pas strictement réservés aux moins de 30 ans. Mais cette génération bouge, mute, transforme. Elle se caractérise par ses périodes d’expérimentation. D’une part, car elle connaît des phases de célibat plus nombreuses, plus longues; une alternance de cycles en couple/hors couple. D’autre part, parce qu’on constate une augmentation très importante du nombre de partenaires sexuels (NDLR: entre 2006 et 2023, le pourcentage de femmes entre 25 et 29 ans ayant eu plus de dix partenaires sexuels masculins est passé de huit à 29; chez les hommes, la hausse est similaire mais moins spectaculaire, de 34% à 40%). On assiste à une forme d’intensité relationnelle. Le célibat ne se caractérise pas par une absence de relations, ce n’est pas une «heure creuse», mais bien une phase assez intense de multipartenariat, avec davantage de turnover.

En raison des applications de rencontre?

Elles y contribuent mais différents facteurs macros interviennent aussi. D’abord, le fait que la jeunesse dure désormais plus longtemps. Les étapes du passage à la vie adulte ont été progressivement reportées. On étudie plus longtemps, on quitte ses parents plus tard, on obtient un emploi stable moins rapidement, on s’installe plus tardivement dans la vie familiale… Ensuite, si la sexualité extraconjugale a toujours existé, les femmes y accèdent désormais beaucoup plus facilement. Certes, le stigmate de la pute, de la fille facile n’a pas disparu, mais il s’avérait beaucoup plus prégnant il y a dix ou quinze ans. Aujourd’hui, pour les filles comme pour les garçons, il est ainsi attendu d’avoir connu des coups d’un soir, de pouvoir affirmer «j’ai vécu». Les applications de rencontre sont à cet égard des lieux qui permettent ces relations éphémères, mais elles ont profité d’un contexte plus global.

Les évolutions sexuelles chez les jeunes ne sont-elles pas, en réalité, plutôt des évolutions essentiellement féminines? Chez les hommes, votre étude semble plutôt démontrer un statu quo.

C’est effectivement du côté féminin que les choses bougent le plus. Chez les jeunes filles, la moyenne du nombre de partenaires sexuels a plus que doublé, alors que ça n’augmente que légèrement chez les jeunes hommes. Pour la plurisexualité, l’évolution est également vraiment féminine: 19% des femmes se définissent autrement que comme hétérosexuelles (et essentiellement comme bisexuelles), contre 8% des hommes. Sur beaucoup de points, les jeunes filles explorent de nouvelles manières d’expérimenter.

Un coup de MeToo?

MeToo n’explique pas tout. Cet événement n’a été rendu possible qu’en raison d’un mouvement de fond préalable, sans lequel il n’aurait pas pris cette ampleur. Ce que les  jeunes femmes vivent aujourd’hui a tout autant été vécu par la génération avant elles. Mais il fallait un point de rupture pour dire «basta»: les violences masculines sont passées de normales à anormales. Le mouvement MeToo a aussi permis une certaine réflexivité sexuelle chez les jeunes. Par exemple, on constate que même chez les femmes qui se définissent comme bisexuelles, pansexuelles ou lesbiennes, leurs partenaires sont majoritairement masculins. Deux interprétations coïncident. D’une part, la femme semble toujours un peu arrimée à l’hétérosexualité, comme s’il lui était difficile de sortir de ce cadre. Mais d’autre part, cela démontre également qu’une part croissante des femmes commencent à questionner l’hétérosexualité, à prendre leurs distances, à rejeter certains types de pratiques avec les hommes. Leur rapport à la sexualité devient beaucoup plus politique. D’ailleurs, celles qui se définissent comme plurisexuelles se déclarent aussi beaucoup plus féministes que la moyenne.

Les jeunes filles comptent donc désormais plus de partenaires sexuels que par le passé. Ce qui semble engendrer un effet pervers: celles qui ont eu le plus d’expériences sont également celles qui sont les plus exposées aux violences sexuelles, selon votre étude.

Quarante-trois pour cent des jeunes femmes (contre 14% des jeunes hommes) ont déclaré avoir subi des pratiques sexuelles forcées au cours de leur vie. En 2006, elles n’étaient «que» 23% (5% côté masculin). Première explication: des comportements qui n’étaient auparavant pas qualifiés de violents par les générations plus âgées le deviennent. C’est le fameux «basta». Mais je ne pense pas qu’il s’agisse uniquement d’une hausse des déclarations. Comme les femmes ont désormais plus de partenaires, elles se retrouvent davantage exposées à ces violences.

L’enseignement sous-jacent, finalement, c’est que les violences sexuelles ne diminuent pas, bien qu’elles soient aujourd’hui davantage dénoncées…

C’est vraiment la conclusion principale: MeToo n’a pas conduit à une diminution de l’exposition des femmes à la violence des hommes.

Chez les jeunes, l’augmentation du nombre de partenaires va de pair avec la multiplicité relationnelle. © Getty Images

Ce qui ne change pas non plus, c’est l’homogamie. Malgré les applis de rencontre censées ouvrir les horizons, malgré une génération supposée plus ouverte d’esprit, aujourd’hui comme hier, qui se ressemble s’assemble!

Et cela vaut étonnamment aussi pour les relations d’un soir, alors qu’elles engendrent moins d’attentes et impliquent moins d’investissement. Mais les espaces grâce auxquels on rencontre ses partenaires présentent des biais, ils sont ségrégés, y compris les applis. Cela dit aussi quelque chose de plus fondamental: l’attirance sexuelle repose sur une forme de connivence, qui est sociale.

Contrairement aux idées reçues, les jeunes se rencontrent toujours essentiellement dans la «vraie vie», et non massivement en ligne.

Double constat: les jeunes sont de très grands utilisateurs des applis mais ils conservent souvent beaucoup d’occasions de rencontres fortuites, aléatoires. Ce qui devient beaucoup moins vrai pour les populations plus âgées. A 40 ans, si on se sépare, il n’est plus si simple de rencontrer quelqu’un et les applis prennent dès lors une place très importante. Tandis que les jeunes en ont un usage créatif, ludique –c’est ok de discuter sans jamais se rencontrer–, qui ne s’est pas substitué à la rencontre réelle.

Sauf pour les personnes homosexuelles: 47% des couples d’hommes se sont formés via une application de rencontre.

Cela tient à cette question d’occasion de rencontres. Sur les bancs de la fac, un jeune homosexuel est en grande majorité entouré d’hétérosexuels. Les applis, c’est une façon de s’assurer que la personne en face de soi a la même orientation sexuelle. Ce sont aussi des espaces à l’abri de l’homophobie. Enfin, pour les hommes surtout, c’est un outil de sexualité multipartenaire. Cette culture sexuelle gay n’est pas propre à la jeune génération, des lieux dédiés à la rencontre physique homosexuelle ont toujours existé. Il y a 50 ans, il s’agissait de bars, parkings, parcs… Ce que l’on appelait les closing areas.

Votre étude révèle, chez les hétérosexuels, que seuls 25% des utilisateurs des applis de rencontre ont trouvé une «vraie» relation par ce biais. La preuve que Tinder et cie, ça ne fonctionne pas?

Cela démontre qu’une certaine intensité d’usage est nécessaire pour faire des rencontres. Celles et ceux qui les utilisent doivent d’abord passer par beaucoup de dates, de nombreuses relations éphémères… Il s’agit d’un processus en entonnoir. Qu’une vraie relation conjugale se forme est moins courant, et nécessite de vrais efforts en amont. Toutefois, les jeunes ne considèrent pas ces expériences uniquement comme des échecs, ils ont une utilisation ludique de ces applications. Discuter virtuellement sans jamais se rencontrer, pour eux, c’est ok. Ça devient beaucoup moins vrai après 30 ans. L’usage des applis devient alors beaucoup plus stratégique et ciblé sur le fait de rencontrer quelqu’un, car les opportunités «dans la vraie vie» se révèlent plus rares.

Vous affirmez également que les applications de rencontre ne sont pas massivement abandonnées, contrairement à ce qui est régulièrement avancé.

On ne constate en effet pas du tout d’abandon ou d’arrêt en masse. Le dating fatigue n’a rien de nouveau, je le constatais déjà lorsque j’ai commencé mes recherches sur les sites de rencontre au début des années 2000. C’est presque inhérent au concept: quand l’excitation du début retombe, ça devient moins drôle. Dès lors l’arrêt d’utilisation prend sens dans une dynamique individuelle, non collective.

Mais les applications de rencontre perdent quand même beaucoup d’argent, depuis peu.

Le groupe qui possède Tinder a connu des déboires boursiers, et Bumble s’est vraiment cassé la gueule, mais surtout en raison de problèmes de communication. Mais ce n’est pas parce que ces deux grands acteurs convainquent moins –il s’agit surtout d’une baisse de revenus liée à une chute d’utilisateurs payants– que d’autres ne prennent pas le relais. Hinge et Grinder, par exemple, se portent plutôt bien. Les indicateurs économiques des applis ne sont pas de bons indices du taux d’usage.

Chez les jeunes, le «multipartenariat» va désormais de pair avec la multiplicité relationnelle. Il existe de nombreux types de relations: le couple, bien sûr, mais aussi le coup d’un soir, le plan cul (régulier ou non), le sexfriend… Les appellations se révèlent très nombreuses. Comment l’expliquer?

D’abord par l’allongement de la jeunesse déjà évoqué. La sexualité éphémère n’est pas une invention de la jeune génération, elle a toujours existé. Mais elle se développe aujourd’hui en raison d’une spécificité de la jeunesse actuelle: une jeunesse qui ne sait pas ce qu’elle va faire l’année prochaine. Les conditions de vie se révèlent peu propices à une projection sur le long terme, dès lors plusieurs types de relations s’avèrent assez ouvertes quant à l’avenir. Aussi, les applis donnent lieu à plus de rencontres, qui prennent rapidement un tour physique: la sexualité intervient bien avant de savoir ce que l’on ressent l’un pour l’autre. Ces nouvelles formes relationnelles ne menacent toutefois pas le couple.

Peut-on imaginer que ces nouvelles formes relationnelles soient nées en réaction aux divorces, fréquents chez les parents de cette jeune génération? Puisque le couple ne fonctionne pas toujours, créeraient-ils d’autres modèles?

Je n’en suis pas sûre, car l’idéal du couple reste très fort. Plus la trentaine approche, plus on entre dans ce couple cohabitant traditionnel. Le modèle des parents continue à inspirer ces trentenaires. Le couple fait toujours rêver, il donne envie, il se révèle même idéalisé et engendre de nombreuses attentes: l’exclusivité, un très fort sentiment amoureux… Le couple devient tellement exigeant que tout ce qui n’y ressemble pas relève désormais d’une autre catégorie. La jeune génération témoigne en réalité du fait qu’on ne s’est en fait jamais montré aussi exigeant vis-à-vis de la conjugalité.

Qu’est-ce qu’un couple, au fond, pour les jeunes?

Il implique d’abord un important investissement émotionnel: les jeunes qui l’expérimentent se déclarent très amoureux et amoureuses. C’est ce sentiment qui distingue le couple des autres relations. La question de l’exclusivité sexuelle intervient également, bien qu’elle ne soit pas neuve, mais héritée des obligations légales liées au mariage. Ce qui change, en revanche, c’est le fait d’en parler. Dire son exclusivité, l’affirmer, c’est une manière de faire couple. Lorsqu’on demande aux jeunes à partir de quand ils se sont mis ensemble, ils répondent «quand on a posé ce mot –exclusivité– dans la relation». L’entrée dans la conjugalité est devenue un acte verbal, alors qu’elle était auparavant physique (premier rapport sexuel, premier baiser…).

Cette plus grande expérimentation sexuelle n’a apparemment pas comblé le fossé orgasmique: chez les jeunes aussi, les hommes continuent à jouir davantage que les femmes.

Et on le constate aussi pour la sexualité éphémère: les relations qui entraînent peu de rapports entraînent une sexualité moins jouissive pour les femmes. Les scripts hétérosexuels restent très androcentrés, peu propices au plaisir féminin. La pénétration continue par exemple à être très centrale.

Le porno est souvent accusé de tous les maux, en particulier chez les jeunes hommes. Mais les résultats de votre étude nuancent cette idée reçue.

Oui, beaucoup de jeunes regardent du porno, en particulier du côté masculin: 85% des hommes de 18-29 ans disent en avoir consommé au cours des douze derniers mois (contre 43% des femmes) et la moitié d’entre eux affirment en regarder régulièrement, soit une fois par semaine ou plus (contre 8% des femmes). Mais, lorsqu’on leur demande par quels canaux ils ont appris des choses sur la sexualité, le porno n’arrive pas du tout en première position. Les partenaires sont les premiers cités, ils apprennent donc en faisant, suivis –dans l’ordre– des amies filles, des amis garçons, des professionnels de la santé, des films/télé/séries, des réseaux sociaux. Le porno arrive seulement après (NDLR: mais avant les parents). Je ne pense dès lors pas qu’ils confondent la pornographie avec la réalité. Du moins, ils nous disent «on n’est pas bête», «on parvient à relativiser le contenu».

«Notre étude n’abordait pas le BDSM, mais si on avait posé la question, il est fort possible que la pratique se serait révélée fréquente.»

Pourtant, 40% des jeunes en couple affirment avoir déjà pratiqué la sodomie, une pratique longtemps considérée comme «extrême». Ne serait-ce pas sous l’influence du porno?

La sodomie est le signe d’un répertoire sexuel qui s’élargit. Cette pratique ne devient toutefois pas l’ordinaire (elle est très peu réalisée lors des coups d’un soir), bien qu’elle entre dans la sexualité conjugale. Tout comme beaucoup de jeunes intègrent désormais des sextoys, s’envoient des nudes… La manière de faire du sexe devient plus diverse, on teste des choses. La sodomie se révèle aussi désormais plus acceptable, moins associée à la honte. Auparavant, le sexe oral et anal étaient très associés à ce que l’on faisait avec des prostituées, mais certainement pas avec sa femme. Cette connotation a disparu. Mais on peut aussi penser que la pornographie a joué un rôle. Notre étude n’abordait pas le BDSM, mais si on avait posé la question, il est fort possible que cette pratique se serait révélée fréquente.

Autre tendance qui reste inchangée: dans les relations, les hommes se révèlent toujours plus âgés que les femmes.

Cette constante a vraiment la vie dure. On observe cet écart d’âge partout à travers le monde. Cela démontre que la sexualité reste traversée par un ordre de genre. Car l’âge n’a rien d’anodin, c’est l’expression d’une hiérarchie: les parents ont autorité sur les enfants, les aînés sur les cadets… et les hommes sur les femmes. Cela touche à tout ce qu’on attend chez un mec, on érotise le rapport de pouvoir au sein du couple. Les jeunes filles se sentent apparemment peu attirées par les plus jeunes ou les hommes de leur âge, sans doute pour une raison de maturité (elles estiment l’être davantage), mais aussi pour éviter les situations d’incertitudes matérielles.

Votre étude a été réalisée sur un échantillon représentatif de plus de 10.000 jeunes, en France. Dans quelle mesure ses résultats sont-ils transposables ailleurs?

A de nombreux égards. L’âge médian d’entrée dans la sexualité (NDLR: 17,7 ans, selon l’étude), les diversités relationnelles, la plurisexualité, notamment, sont autant de phénomènes qui ont été observés ailleurs, et qui définissent désormais la sexualité des jeunes.

La Sexualité qui vient. Jeunesse et relations intimes après #MeToo, par Marie Bergström, La Découverte, 392p.

Bio express

1982
Naissance, en Suède.
2001
Arrive à Nice pour apprendre le français.
2014
Soutient sa thèse de doctorat en sociologie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
2015
Intègre l’Institut national d’études démographiques (Ined).
2019
Publie Les Nouvelles Lois de l’amour. Sexualité, couple et rencontres au temps du numérique (La Découverte).
2023
Coordonne l’étude «Envie sur la sexualité des jeunes», dont les résultats viennent d’être publiés dans La Sexualité qui vient (La Découverte).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire