Pain gluten
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Pourquoi de plus en plus de gens semblent intolérants au gluten ?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Maladie cœliaque, allergie, intolérance, hypersensibilité : depuis quelques années, de plus en plus de personnes semblent ne plus supporter le gluten et évitent les pâtes, le pain, et autres aliments à base de céréales. Phénomène en augmentation ou effet de mode ? Le point.

Depuis quelques années, de plus en plus de supermarchés proposent des produits sans gluten. Dans les restaurants aussi, il est moins difficile qu’avant de commander un plat sans gluten. C’est une bonne nouvelle pour les personnes intolérantes, qui peuvent souffrir de plusieurs pathologies.

« Il y a trois grands syndromes liés au gluten: la maladie cœliaque qui est une maladie auto-immunitaire, avec des symptômes bien définis; l’allergie au gluten, et puis il y a ce qu’on appelle l’hypersensibilité au gluten qui est une sorte de réaction au gluten ou à d’autres composants du blé et des céréales qui provoquent un inconfort digestif qui ressemble fort à l’intestin irritable », explique Pierre Deprez, professeur en gastro-entérologie à l’UCLouvain.

Ballonnements et diarrhée

« Les symptômes plus classiques de la maladie cœliaque sont les symptômes digestifs, c’est-à-dire ceux qui s’accompagnent de ballonnements abdominaux, de troubles du transit, souvent sous forme de diarrhée« , déclare le gastro-entérologue. La maladie peut aussi s’accompagner d’autres symptômes tels que la fatigue, l’anémie, la dépression, et même des affections dermatologiques ou neurologiques, ou encore les troubles de la fécondité.

Il arrive également que la maladie soit « silencieuse », souligne Katrien Wellens, diététicienne à l’UZA (hôpital universitaire d’Anvers) et pour Schär, fabricant de produits sans gluten. « Certains patients présentent peu de symptômes ou des symptômes atypiques, certains trouvent leurs plaintes trop légères pour aller consulter un médecin. Et quand ils consultent, il n’est pas certain que le médecin pense à la maladie cœliaque », regrette-t-elle. La maladie cœliaque se diagnostique pourtant assez facilement, à l’aide d’une prise de sang qui détecte la présence d’anticorps antitransglutaminase.

La maladie peut se déclarer à tout âge. « Nous l’avons même diagnostiquée auprès d’une dame de 80 ans qui souffrait d’anémie. On a découvert qu’elle était cœliaque depuis très longtemps, sans doute méconnue parce qu’elle avait peu de symptômes », raconte Pierre Deprez. Il est donc tout à fait possible d’être cœliaque en l’ignorant. « La maladie cœliaque peut être responsable d’une anémie, d’une carence en fer, de troubles de fécondité, parfois un diabète de type 1, parfois une maladie auto-immunitaire », précise-t-il.

Sensibilité au gluten

S’il n’y a pas d’augmentation en termes de prévalence de la maladie cœliaque, « il y a beaucoup plus de gens qui se plaignent de sensibilité au gluten, peut-être en partie parce qu’ils lisent sur internet ou parce qu’ils sont plus attentifs à leur alimentation », déclare le professeur.

Il se peut que l’alimentation industrielle provoque une sensibilité accrue au gluten. « On sait que les produits à base de gluten ont changé, pas seulement dans la composition du gluten, mais aussi dans la composition d’autres aliments de blé enrichis pour avoir de la farine qui soit plus utilisable en boulangerie et en pâtisserie », ajoute-t-il

Tenter un régime sans gluten, une bonne idée?

Beaucoup de gens tentent un régime sans gluten. « Très clairement, sur le plan de la médecine, quand on a un problème avec le gluten, il faut faire les tests pour exclure la maladie cœliaque. Le cas échéant, il n’est pas contre-indiqué de bannir le gluten de son alimentation. « A partir du moment où l’alimentation est équilibrée, un régime sans gluten n’induit pas de carences. Ça ne me dérange pas que les gens fassent un régime s’il n’est pas trop déséquilibré ». Le gastro-entérologue conseille toutefois de passer par un diététicien pour qu’il vérifie que « les grands préceptes de l’alimentation équilibrée soient respectés ».

Katrien Wellens souligne que contrairement à ce que pensent certaines personnes, une alimentation sans gluten ne fait pas perdre de poids. « Arrêter le gluten ne donne pas d’inconvénient, à condition d’ avoir une alimentation variée et saine », ajoute-t-elle. Et ce n’est pas que l’on cesse d’en manger que l’on développe une intolérance ou une allergie, ajoute-t-elle. Ce n’est donc pas parce que l’on arrête le gluten durant une certaine période, qu’après on aura plus de mal à le digérer.

Œdème de Quincke

Certaines personnes souffrent aussi d’une allergie au gluten, heureusement beaucoup plus rare que la maladie cœliaque ou l’insensibilité au gluten. « Les réactions au gluten sous forme de réaction allergique avec des œdèmes au niveau de pharynx, que l’on appelle les œdèmes de Quincke, ou des chocs anaphylactiques, sont beaucoup plus rares. Elles sont exceptionnelles », déclare Pierre Deprez.

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