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Qu’est-ce qu’un pénis «normal»? «L’image qu’on en a est rarement exacte»

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Chaque jour, de nombreuses personnes cherchent sur Google des informations sur la longueur du pénis. Qu’en est-il réellement? Réponse avec deux urologues et une sexologue.

Pourquoi un pénis a-t-il une certaine longueur et pourquoi a-t-il l’apparence qu’il a ? «La réponse est simple, explique l’urologue Piet Hoebeke, professeur à l’université de Gand (UGent). L’homme utilise la reproduction interne et pour cela a besoin d’intromission, et pour l’intromission, il faut une structure tubulaire qui puisse être insérée dans le vagin. C’est ainsi que le pénis est né.»

L’intérêt médical pour la longueur du pénis ne s’est éveillé que dans les années 1950, sous l’influence du Dr Alfred Kinsey. Ce dernier a réalisé les premières études sur la longueur du pénis et a conclu à une longueur moyenne de 15 centimètres. Des résultats basés sur l’auto-mesure, et donc pas vraiment fiables. «C’est encore une grande préoccupation pour de nombreux d’hommes, confirme la sexologue Valérie L’Heureux. Ils ont comme modèle la pornographie, alors que les acteurs sont choisis pour leur spécificités physiques et ne représentent pas la moyenne.»

Une moyenne variable

Quelle est donc une longueur «normale»? D’après le Dr Hoebeke, la plus grande étude objective a mesuré le pénis de plus de 20.000 personnes de toutes races et de tous milieux. Résultat: la longueur moyenne en érection est de 13,2 cm. «Un pénis inférieur à 9,8 cm ou supérieur à 16,4 cm, fait partie des données dites aberrantes, ce qui ne signifie pas que vous êtes anormal.» La longueur et la circonférence sont en outre souvent proportionnelles: «Visuellement, long et étroit ou épais et court ne vont pas ensemble.»  Difficile cependant de fixer une longueur, tant elle est variable. Pour la sexologue Valérie L’Heureux, la moyenne en érection est entre 12,19 cm et 15,25 cm. «Mais au repos, ceux qui ont 7-8 cm atteignent souvent 12,5 cm en érection, le coefficient est plus important chez ceux qui ont un plus petit organe.» C’est la distinction entre un pénis de chair, dont la taille change peu en érection, et un pénis de sang, qui se modifie significativement.

Des études ont mis en évidence des différences de taille en fonction des ethnies. En Europe, globalement, la taille de la verge au repos est à peu près une dizaine de centimètres et en érection de 14 à 16 cm, selon le Pr Thierry Roumeguere, directeur du service d’urologie de l’HUB (Erasme, Bordet…). Les différences au niveau mondial sont cependant minimes. «En moyenne, vous avez aussi des verges plus longues dans les ethnies africaines qu’européennes. En, Europe, il y a environ 2 cm de différence entre le Nord et le Sud. » La durée de repos du pénis ne dit rien sur son érection. Il se peut que sur 100 hommes ayant un pénis de 13 cm, certains aient un pénis plus petit au repos.

Génétique et environnement

Plusieurs facteurs déterminent la longueur de la verge. Tout d’abord, l’âge. Le pénis est beaucoup plus petit à la naissance qu’après la puberté, et évolue globalement jusqu’entre treize et 17 ans, selon le Pr Thierry Roumeguere. Ensuite, la génétique. «Si les ancêtres de la lignée masculine avaient un grand pénis, il y a de fortes chances que cela soit aussi le cas des descendants», confirme le Dr Piet Hoebeke. La taille de l’individu joue également. «Plus une personne est grande, plus elle a de chances d’avoir un grand pénis, précise l’urologue. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de lien avec le fait d’avoir grands pieds ou un grand nez. En revanche, plus l’annulaire est long par rapport à son index, plus il a de chances d’avoir un long pénis.»

Il ne faut pas oublier non plus l’influence de l’environnement, sur la taille mais surtout sur la qualité du sperme. «Il y a clairement du souci à se faire, parce que la fertilité masculine diminue drastiquement. Dans les pays industrialisés, on observe une dégradation de la qualité du sperme. Il y a moins de spermatozoïdes et des spermatozoïdes anormaux qui ne vont pas permettre la reproduction», explique le Pr Roumeguere.

Oubliez les méthodes miracles

Les encarts publicitaires pullulent sur Internet: «Gagnez X cm grâce à cette technique miracle!» Le Pr Hoebeke coupe court: ce n’est pas possible. «Les techniques existantes, allant des exercices d’étirement à la coupe des ligaments, peuvent temporairement faire paraître le pénis un peu plus long ou plus épais. Mais l’organe n’aura pas changé de manière substantielle.» Il existe des artifices pour essayer d’allonger un peu la verge sans avoir recours à la chirurgie. «Honnêtement, cela ne fonctionne pas très bien, confie le Pr Roumeguere. On l’utilise d’un point de vue thérapeutique pour des patients qui ont des courbures de verge, pour essayer de la redresser un petit peu, car cela peut gêner les rapports avec pénétration.»

Il y a des indications d’allongement chez des gens qui ont un micropénis, mais c’est assez rare, dit-il. Pour l’urologue, ce terme est utilisé pour ceux qui ont un pénis de 4 à 6 cm en érection. «On peut envisager des interventions qui permettent d’allonger un peu, mais on obtient deux ou trois centimètres, grand maximum.» Mais si c’est uniquement une question de complexe, et que l’appareil est fonctionnel, l’urologue estime que cela ne sert à rien. «Il existe des extenseurs, mais il faut les utiliser dix à douze heures par jour, c’est très contraignant, et il ne faut pas non plus s’attendre à gagner 3 cm!» Si des techniques chirurgicales permettent d’allonger un peu le pénis, cela l’allonge à l’état de repos et pas en érection. «Le résultat est souvent frustrant.»

Pas la taille qui compte

Il n’y a cependant pas tant de demandes. «C’est le syndrome du vestiaire où chacun compare sa taille. La plupart des demandes ne sont pas recevables parce qu’il faut surtout rassurer les gens et faire en sorte qu’ils s’acceptent.» Pour obtenir un centimètre d’aspect de plus, le pénis va souvent perdre sa rigidité. «Et c’est extrêmement coûteux», ajoute la sexologue Valérie L’Heureux. Selon elle, c’est aussi intéressant de travailler sur sa posture. «Avec une démarche avec des jambes peu toniques, une posture un peu penchée, le sexe aura l’air plus rentré.»

Elle le confirme: en matière de plaisir, ce n’est pas la taille qui compte. Et il est très rare que le pénis soit «trop gros» pour mener à bien un rapport sexuel. «Le principe, c’est une personne qui enserre un sexe et quelqu’un qui a un attribut masculin. Le plaisir vient du fait d’être actif autour d’un pénis, pas du fait que ce dernier soit rigide ou droit. Si le plaisir se crée, ce n’est pas qu’une question d’anatomie.».

Dépasser la gêne

L’aspect du sexe peut en revanche alerter sur sa santé. Le Pr Thierry Roumeguere conseille de consulter rapidement s’il y a des lésions ou un bouton qui apparaissent sur le fourreau du pénis ou sur le gland. «Cela peut être de l’herpès, et c’est important de le traiter parce que c’est transmissible au partenaire. Ce n’est pas très répandu, mais il existe aussi les tumeurs de la verge qui doivent être diagnostiquées le plus vite possible.» Il conseille également de se palper régulièrement les testicules et d’aller voir un médecin en cas de changement de taille ou de dureté.

La zone étant intime, il y a de la gêne, mais mieux vaut la dépasser pour éviter une prise en charge tardive. L’urologue confirme: «Les hommes viennent consulter pour la prostate, parce qu’ils ont des difficultés à uriner, mais c’est à partir de 50 ans. Or, ils ont des pathologies qui leur sont propres.»  L’important est de ne pas hésiter en cas de changement notable. «Dès qu’il y a une démangeaison, une petite tâche, une desquamation, un changement de couleur ou de muqueuse, il vaut mieux demander l’avis d’un spécialiste, ou même d’un généraliste, conclut la sexologue Valérie L’Heureux. Il n’y a rien de honteux, et si on ne le fait pas, cela peut faire des dégâts.»

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