L’étrange épopée du pénis de Napoléon
Juste après la mort de Napoléon Ier, le docteur corse Francesco Antommarchi avait prélevé plusieurs organes de sa dépouille, dont son pénis. Commença alors une série de péripéties pour le sexe de l’empereur déchu à Waterloo.
Grand stratège militaire, Napoléon Bonaparte a remporté de nombreuses batailles, augmentant petit à petit sa popularité en France. D’abord Premier consul de France suite au coup d’Etat du 18 brumaire 1799 puis Empereur des Français en 1804, Napoléon Ier ne tarda pas à mettre en place des mesures : création d’institutions (Banque de France, lycées…), publication du Code civil, installation de ses frères et soeurs à la tête de plusieurs pays d’Europe. Il faira la guerre à l’Autriche, l’Angleterre, la Prusse et la Russie. Il remporta, en 1805, la bataille d’Austerlitz, sa plus grande victoire. En 1814, la France est envahie, Napoléon doit abdiquer et partir en exil sur l’île d’Elbe. Il parvint à s’en échapper, à reprendre le pouvoir mais la défaite à Waterloo, en 1815, le repousse à l’exil.
Le 15 octobre 1815, Napoléon Bonaparte est déposé par les Anglais sur l’île de Sainte-Hélène, au beau milieu de l’océan Atlantique Sud, à presque 2 000 km des côtes africaines. Il y décèdera le 5 mai 1821 dans des circonstances qui, à ce jour, restent encore floues, les historiens parlant d’un cancer de l’estomac, d’autres soupçonnant un empoisonnement.
La dépouille dépouillée
Les organes de celui qu’on surnommait « le Petit Caporal » – son foie, son estomac et même son coeur – sont alors autopsiés par le docteur Francesco Antommarchi en présence de témoins français et anglais. Certaines parties sont retirées de sa dépouille, par accident ou volontairement, l’histoire ne le dit pas. Le second valet de Bonaparte écrit dans ses mémoires: « Le docteur corse, profitant de ce que les Anglais ne regardaient pas la dépouille, a pris deux petites parties de ses côtes », relate le Washington Post. Le médecin légiste aurait aussi subtilisé des dents, des ongles, des cheveux ainsi que…le sexe du premier empereur des Français. La légende raconte qu’il avait une dent contre Napoléon qui l’aurait supprimé de son testament, narre l’historienne Karen Abbott.
« Dans un premier temps, le membre de Napoléon atterrit dans les mains de l’Abbé Anges Paul Vignali qui le confie ensuite à sa famille en Corse », poursuit l’historienne. A partir de ce moment, l’organe reproducteur devient une sorte de pièce perverse de l’héritage de la famille Vignali pendant des décennies, jusqu’à sa mise en vente en 1916. Ce qu’on suppose être le pénis du « Petit Napoléon », décrit dans le catalogue de mise aux enchères comme un « tendon momifié », est alors acheté par un Britannique anonyme. L’organe, laissé longtemps à l’air libre, a fortement rétréci.
Exposé sur un petit coussin de velours
En 1924, le collectionneur excentrique américain A.S.W. Rosenbach l’achète pour 400 livres. De retour à Philadelphie, il le prête en 1927 au Museum of French Arts de New York qui l’expose en vitrine sur un petit coussin de velours. Un journaliste du Time Magazine décrit à l’époque le membre tel « un bout maltraité de lacet en peau de daim« , un autre média comme « une anguille ridée« , ou encore, comme un « morceau de boeuf séché« .
C’est un fait bien connu, le premier Empereur des Français était moqué en raison de sa petite taille. Son sexe était aussi d’un tout petit gabarit. « Le rapport d’autopsie décrivait un sexe impérial de seulement 1,5 pouce, soit 3,8 cm », avance Channel 4 dans un documentaire diffusé en 2014. Le « Complexe de Napoléon » décrivant un complexe d’infériorité qui affecterait certains hommes, particulièrement ceux de petite taille, a émergé bien après la mort de Napoléon, mais on peut un peu mieux comprendre aujourd’hui ses origines.
1969. La collection de la famille Vignali arrive à Londres pour être mise aux enchères. Ce qu’il reste du pénis de Napoléon ne trouve pas acquéreur. Huit ans plus tard, à Paris, le docteur John K. Lattimer, un urologue américain de renom, l’achète pour 13 000 francs (environ 3000 dollars). Il le fait scanner et certifie qu’il s’agit bien d’un pénis, mais ne confirme pas qu’il appartient à Bonaparte, ce qui, faute d’exhumation de son corps, est toujours mis en doute par certains experts culturels français. Le docteur Lattimer le considère comme un trésor historique et le conserve dans une petite valise cachée sous son lit à Englewood, dans le New Jersey, jusqu’à sa mort en 2007.
Sa fille, Evan Lattimer, a hérité de la relique. Elle ne l’a montré qu’à une dizaine de personnes jusqu’à ce jour et s’est vu offrir plus de 100 000 dollars pour sa mise en vente. Le pénis de Napoléon serait à l’heure actuelle « réduit à la taille d’un doigt de bébé, avec de la peau ridée blanche et de la chair beige disséquée » détaille Karen Abbott. Il n’a encore jamais été filmé ou pris en photo. Au fin de compte, seule une analyse ADN pourrait confirmer si ce bout de sexe rabougri par des décennies de transbahutement appartient bel et bien à Napoléon Bonaparte.
VIDEO: le documentaire de Channel 4, en visite chez Evan Lattimer , à la recherche du pénis de Napoléon
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