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L’épuisement des stocks d’un anti-venin met en danger des milliers de personnes

L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a tiré la sonnette d’alarme face à l’épuisement des stocks de traitements anti-venin produits par le laboratoire français Sanofi Pasteur, qui risque de mettre en danger des dizaines de milliers de personnes dans le monde.

« Des dizaines de milliers de personnes continueront de mourir de morsures de serpent à moins que la communauté mondiale de la santé ne prenne des mesures immédiates pour assurer la production d’un traitement et d’un sérum antivenimeux », prévient MSF dans un communiqué diffusé à l’occasion d’un colloque organisé mardi à Bâle (Suisse) sur la médecine tropicale. MSF rappelle que Sanofi a cessé la production de Fav-Afrique, le seul sérum antivenimeux « certifié sûr et efficace » en 2014, que les stocks seront périmés d’ici à juin 2016 et « qu’aucun produit de remplacement ne sera disponible pendant au moins deux ans ».

Selon des estimations citées par MSF, quelque 100.000 personnes décèdent chaque année à la suite de morsures de serpent, dont 30.000 en Afrique sub-saharienne. Les morsures se produisent principalement dans les zones rurales où les personnes mordues renoncent à se faire soigner en raison du coût élevé du traitement (250 à 500 dollars par personne) ou se tournent vers les guérisseurs traditionnels, note encore MSF qui invite l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à jouer « un rôle de premier plan » pour améliorer l’accès des populations aux traitements anti-venin. En ce qui concerne Sanofi, MSF espère que le laboratoire « va mettre à disposition les substances de base nécessaires à la production du Fav-Afrique » et trouvera « une capacité de production pour affiner ce produit en anti-venin qui pourra à terme, remplacer Fav-Afrique ». Le laboratoire a pour sa part indiqué qu’il avait pris la décision de stopper la production de son anti-venin en 2010 en raison des prix affichés par des produits concurrents fabriqués en Asie, en Amérique latine et en Afrique et sur lesquels « Sanofi Pasteur ne pouvait s’aligner ». Le laboratoire avait alors entrepris de se concentrer sur la production d’un antirabique pour lequel « la demande est croissante et planifiable », a précisé mardi Alain Bernal, son porte-parole. Ce dernier souligne également que le laboratoire « regrette » d’avoir dû arrêter la production du Fav-Afrique et « sensibilise depuis plusieurs années les autorités internationales de santé » sur ce problème.

« Cette situation – que l’on peut considérer comme une défaillance de marché – démontre clairement comment la pression sur les prix conduit à faire des choix au détriment de la durabilité et de la fiabilité de l’approvisionnement – et, potentiellement, de la qualité, avec un impact sur la santé publique » a commenté M. Bernal.

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