maladie de Lyme
maladie de Lyme © Getty

La maladie de Lyme, une affection qui peut se manifester des années après une morsure de tique

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Les beaux jours signent le retour certains hôtes indésirables: les tiques. La semaine dernière, l’Institut de santé publique Sciensano invitait à se prémunir de leurs morsures. Elles peuvent en effet entraîner la maladie de Lyme, une affection qui peut se manifester des mois, voire des années après la morsure de tique.

Également appelée borréliose, la maladie de Lyme est une maladie transmise à l’homme par une morsure de tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi. La maladie a été signalée pour la première fois en 1975 à Lyme, une ville américaine située dans l’état du Connecticut, d’où son nom. Après une morsure de tique, le risque de développer la maladie de Lyme est d’environ 1 à 2 %.

Manifestations précoces

Si sa manifestation précoce la plus fréquente est l’érythème migrant, la morsure de tique peut aussi passer inaperçue. Selon Sciensano, elle apparaît dans 60 à 80% des cas.  « Il s’agit d’un anneau rouge sur la peau qui s’étend progressivement à partir de l’endroit de la morsure, avec souvent un éclaircissement au centre. L’érythème migrant n’est pas douloureux et disparaît spontanément en quelques semaines », explique l’Institut de santé publique. Celui-ci permet de diagnostiquer la maladie de Lyme sans analyses complémentaires.

Il ne faut pas confondre l’érythème migrant avec la rougeur localisée et temporaire qui peut survenir immédiatement après la morsure. L’érythème peut s’accompagner de symptômes grippaux tels qu’une fièvre modérée, de la fatigue, des douleurs musculaires et des maux de tête.

Manifestations tardives

En l’absence de traitement, d’autres symptômes peuvent survenir des mois, voire des années après la morsure de tique, même s’il n’y a pas eu d’érythème. La bactérie peut toucher la peau, les articulations, le système nerveux, le cœur, etc. Elle peut être responsable d’érythèmes migrants multiples, d’arthrites, ou encore de troubles du rythme cardiaque. Toujours selon Sciensano, l’infection peut également conduire à des atteintes neurologiques graves telles qu’une radiculite (une inflammation très douloureuse de la racine des nerfs), une méningite, ou encore une encéphalite.

Les risques de contracter une forme grave de la maladie restent toutefois limités: seuls 10 % des tiques ayant mordu des humains en Belgique en 2021 étaient infectées par la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Et une tique infectée ne transmet pas nécessairement la bactérie. De plus, ce n’est pas parce que l’on est infecté que l’on développe forcément la maladie. Enfin, la maladie de Lyme se traite très bien à l’aide d’antibiotiques si elle a été diagnostiquée à temps.

Diagnostic

En l’absence d’érythème migrant, comment savoir si l’on a développé la maladie? « En Belgique, le diagnostic pour la maladie de Lyme pour les formes sans la tache rouge typique se base sur la recherche d’anticorps dans le sang avec un test Elisa (qui est très sensible, c’est-à-dire qui ne donne pas des résultats faussement négatifs, mais peut donner des résultats faux positifs), suivi d’un test Immunoblot (ou Western Blot) pour confirmation si Elisa est positif », explique Tinne Lernout, médecin spécialisée en maladies infectieuses et chercheuse chez Sciensano.

« La difficulté du test, c’est que la présence d’anticorps ne signifie pas nécessairement une maladie active. Une personne peut développer des anticorps après une morsure d’une tique infectée, sans en devenir malade (même des années après), et les anticorps peuvent rester présents pendant des années. Il faut donc lier un test positif à des symptômes de Lyme, qui sont assez spécifiques: en dehors de l’érythème migrant, il peut notamment s’agir d’une atteinte articulaire avec une inflammation aiguë d’une, ou plus rarement deux ou trois, grande articulation comme le genou, la hanche ou l’épaule (et non des douleurs généralisées), ou encore une atteinte du système nerveux avec une paralysie, ou douleurs le long d’un nerf, ou encéphalite… » , précise la scientifique.

Moitié moins de morsures de tiques signalées en 2022

L’an passé, 4.918 morsures de tiques sur des humains ont été rapportées en Belgique, contre 9.935 en 2021. Ces signalements concernaient principalement la Flandre (60,5%) et surtout la province d’Anvers (25%). Ils étaient moins nombreux en Wallonie (38,2%) et assez rares à Bruxelles (1,3%). Toutefois, si l’on examine le nombre de morsures de tiques pour 100.000 habitants, la Wallonie (103) arrive devant la Flandre (73). Dans la grande majorité des cas (79%), une seule morsure par personne a été rapportée, tandis que 12% ont signalé deux morsures et 9% trois morsures ou plus. Le nombre peu élevé de notifications en 2022 s’explique notamment par l’extrême sécheresse du printemps et de l’été.

Comment éviter les morsures de tiques ?

Pour éviter les morsures de tiques, notamment en forêt, Sciensano conseille de rester sur les sentiers battus et d’éviter un contact direct avec les herbes hautes et les feuilles mortes. Mieux vaut aussi porter des vêtements qui couvrent le cou, les bras, et les jambes et qui sont serrés aux extrémités (mettez le pantalon dans les chaussettes ou les chaussures). Après chaque exposition éventuelle, il s’agit de s’inspecter et, si nécessaire, de retirer la tique au plus vite à l’aide d’une pince à tiques ou d’une pince à épiler en veillant à ne pas l’écraser. Enfin, Sciensano appelle les personnes mordues à le signaler via la plateforme TiquesNet sur son site. En cas de plaque circulaire rouge à l’endroit de la morsure, fièvre ou douleurs musculaires, il est conseillé de consulter un médecin. (Avec Belga)

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