La hausse du nombre de femmes enceintes obèses inquiète les médecins
La hausse du nombre de femmes enceintes obèses inquiète les médecins © Getty

La hausse du nombre de femmes enceintes obèses inquiète les médecins

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Depuis quelques années, les professionnels de la santé s’inquiètent de l’augmentation du nombre de femmes enceintes obèses, un phénomène qui n’est pas aussi grave en Europe qu’aux Etats-Unis, mais qui prend tout de même des proportions inquiétantes.

 « Rien qu’aujourd’hui, j’ai vu sept ou huit femmes qui pèsent 100 kilos en début de grossesse. Nous assistons à une tendance qui se rapproche de celle des Etats-Unis où le poids moyen disparait au profit des extrêmes », raconte le docteur Renaud Louis, responsable du bloc obstétrique de la Clinique CHC MontLégia à Liège, et spécialisé en grossesses à risque.

En Flandre, quatre femmes enceintes sur dix étaient en surpoids en début de grossesse en 2021, et 14% souffraient d’obésité, indique une étude du Centre d’étude pour l’épidémiologie périnatale (Studiecentrum voor Perinatale Epidemiologie (SPE)). En France, le taux de femmes enceintes obèses est estimé à environ 17%.

« C’est une réalité, nous assistons au développement de cliniques de l’obésité pour femmes enceintes, en France notamment, où il y a des services entiers qui prennent en charge l’obésité de la femme enceinte, ce qui montre que c’est aussi un problème de santé publique. Dans les DOM-TOM, il y a 35 à 40% de femmes obèses en début de grossesse », déclare le docteur Renaud Louis.

Deux types de parents

Lors de ses consultations, l’obstétricien distingue l’émergence de deux types de parents. « Il y a les parents très exigeants avec eux-mêmes, très en forme , qui veulent faire du sport pendant leur grossesse, qui veulent bouger et ne pas prendre de poids. A l’inverse, on assiste à une croissance de l’obésité ».

Le phénomène inquiète les médecins, car l’obésité durant la grossesse n’est pas sans risque. Si l’indice de masse corporelle est trop élevé pendant la grossesse, le risque de développer un diabète, une hypertension artérielle, une prééclampsie  ou de subir une césarienne est en effet nettement plus élevé. Les femmes enceintes atteintes d’obésité courent également un risque accru de développer une thrombose ou une phlébite.

« Nous allons presque toujours considérer la patiente obèse comme diabétique au début de sa grossesse, si elle n’en fait pas, elle finira par en faire au cours de la grossesse et elle va augmenter le risque de pathologie », explique le docteur Renaud Louis.

Le bébé non plus n’est pas épargné : il risque d’être macrosome, c’est-à-dire de présenter un poids supérieur à quatre kilos à la naissance, ce qui complique l’accouchement. Les risques de mort in utero, de naissance prématurée et de développement de malformations congénitales augmentent également. A cela s’ajoute que les enfants de femmes en surpoids ou obèses sont plus susceptibles de développer eux-mêmes des problèmes de poids plus tard.

Pas trop tard pour les femmes enceintes obèses

Cependant, ce n’est parce qu’une patiente est en surpoids au début de grossesse qu’elle ne peut pas perdre de poids et réduire les risques de complications. S’il est déconseillé d’entamer un régime, la patiente peut consulter un nutritionniste et adopter une bonne hygiène de vie. « Il y a des femmes enceintes qui arrivent à perdre du poids, et celles-là arrivent à avoir des grossesses strictement normales », déclare l’obstétricien.

Annick Bogaerts, professeure en sciences médico-sociales et présidente du Centre d’étude pour l’épidémiologie périnatale, souligne l’importance de la prévention. « Ce que nous constatons, c’est que la mère qui est déjà en surpoids au début de la grossesse prend également trop de poids pendant la grossesse, ce qui entraîne encore plus de risques pour la santé. Les études de notre université montrent que si nous intervenons sur le mode de vie de ces femmes pendant la grossesse, nous pouvons limiter cette prise de poids. Dans un monde idéal, nous devrions pouvoir faire de la prévention avant même que la mère ne soit enceinte. Mais pour cela, il faut davantage de ressources et de recherches », déclare-t-elle au quotidien Het Nieuwsblad.

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