Obésité: la faute au mangeur ou à celui qui le nourrit?

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

D’ici à 2035, plus de 50% de l’humanité sera concernée par l’obésité. La Belgique n’est pas épargnée par ce problème majeur de santé publique. Mais à qui la faute ?

Le lien entre le surpoids et le risque de développer une maladie chronique ou d’autres pathologies pouvant réduire l’espérance de vie ou les années de vie en bonne santé est communément admis. Plus personne aujourd’hui ne conteste que l’excès de gras, de sel et de sucre nuit à la santé, au même titre que le tabac ou l’alcool. Pourtant, l’aiguille de la balance pointe toujours plus vers la droite. A qui la faute? Au mangeur ou à celui qui le nourrit?

Obésité: le fumeur longtemps désigné commme principal responsable

«Pendant longtemps, on a attribué la responsabilité du surpoids et de l’obésité aux individus en focalisant les campagnes de prévention sur leurs comportements. Depuis une quinzaine d’années, on reconnaît que les environnements alimentaires sont obésogènes. Cette nouvelle vision, et le fait que l’on admette qu’il faut intervenir sur d’autres paramètres et sur le long terme si on veut faire bouger les choses, a mis du temps à s’imposer. C’est ce qui explique le sentiment d’échec face aux campagnes d’information, retrace Katia Castetbon, professeure d’épidémiologie à l’école de Santé publique de l’ULB. Nous avons été confrontés au même problème avec le tabac. Le fumeur a longtemps été désigné comme le principal responsable alors que c’est surtout en augmentant le prix du paquet de cigarettes de façon drastique qu’on a obtenu des résultats. Bien entendu, l’obésité est un problème plus complexe que le tabac car il n’est pas lié qu’à l’alimentation. Il l’est aussi à l’activité physique, à la génétique, au métabolisme ou encore au sommeil, mais la stratégie doit être la même: multiplier les leviers.»

Pour l’OMS, l’Europe ne parviendra à retrouver la ligne qu’en intensifiant la prévention dès le plus jeune âge, en soumettant l’industrie agroalimentaire à des réglementations plus strictes et en poussant davantage les sédentaires que nous sommes à bouger pour éliminer. Sur papier, ce plan en trois axes sonne plutôt bien, mais dans les faits, il risque de se heurter à quelques obstacles, comme le craint un autre épidémiologiste, Serge Hercberg, le «papa» du Nutri-score et l’auteur de Mange et tais-toi (Humensciences, 2022).

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