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Allergies au pollen: que puis-je faire pour diminuer mes symptômes?

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Corticoïdes, bronchodilatateurs, immunothérapie, biothérapie… Les traitements pour lutter contre les allergies sont nombreux. Le Vif fait le point.

Les concentrations de pollen de graminées ont augmenté ces derniers jours, exposant ainsi les personnes allergiques à un risque accru de symptômes. La saison des pollens de graminées s’étend de mai à juillet, avec une période plus intense au mois de juin. Elle est causée par la floraison successive de plus d’une centaine d’espèces appartenant à la famille des graminées. Les graminées sont la cause la plus importante d’allergies au pollen en Belgique. Au moins une personne sur six présente des symptômes allergiques lorsqu’elle y est exposée.

Différentes formes

Les réactions allergiques peuvent se manifester sous différentes formes selon le système touché : respiratoire (difficultés à respirer ou respiration bruyante, gorge serrée, rhinite – parfois avec irritation des yeux), cutané (urticaire, gonflement des lèvres, de la langue et/ou du visage), cardiovasculaire (baisse de la pression artérielle, arythmie) ou gastro-intestinal (crampes, nausées, vomissements, diarrhées, problèmes de déglutition). L’allergie peut aller jusqu’à provoquer de la confusion, des étourdissements, une perte de conscience ou un choc anaphylactique.

Les rhinites et les irritations oculaires se soignent très bien avec des antihistaminiques et des corticoïdes par voie nasale, les irritations oculaires avec des collyres corticoïdes sous forme de gouttes.

Les études ont montré des améliorations en cas d’asthme, provoqué par de l’allergie ou non.

Contrairement aux antihistaminiques plus anciens, les antihistaminiques de deuxième et encore plus de troisième génération ne provoquent pas, ou peu, d’effet de somnolence étant donné que la substance n’agit pas sur le cerveau. Comment agissent-ils? Lors du premier contact avec un allergène, des anticorps sont produits par les globules blancs afin de préparer le système immunitaire à une prochaine rencontre. Ces anticorps (IgE) se fixeront aux mastocytes – des cellules du système immunitaire présentes dans les muqueuses (poumons, intestins) ou les tissus conjonctifs et qui contiennent des granulations riches en histamine, notamment – ainsi qu’à d’autres cellules du système immunitaire, les basophiles, sensibilisées par les IgE.

En cas de nouvelle exposition à l’allergène, les mastocytes sont activés. Ils libèrent alors de l’histamine et des leucotriènes, qui se fixeront aux récepteurs des cellules voisines et, in fine, provoqueront le gonflement ou la sécrétion de liquide. L’action du médicament se situe à ce niveau. En se liant aux récepteurs des cellules voisines et en les empêchant de fixer l’histamine, les antihistaminiques bloqueront la réaction chimique à l’intérieur des cellules et limiteront l’apparition de symptômes.

Pour soulager les voies basses et traiter l’asthme, on utilisera également des corticoïdes couplés avec des bronchodilatateurs sous forme d’inhalateur pour permettre aux voies respiratoires de se relâcher et de se dilater. «Au-delà du traitement de base par corticoïdes inhalés et bronchodilatateurs à longue durée d’action, et lorsque l’asthme n’est pas contrôlé, complète Renaud Louis, professeur de pneumologie à l’ULiège et chef du service de pneumologie au CHU de Liège, on peut prescrire de la méthylprednisolone (NDLR: substance active du Medrol, un corticoïde qui présente des propriétés anti-inflammatoires et immunosuppressives) qui donne de bons résultats et permet de maîtriser une exacerbation mais qui provoque beaucoup d’effets secondaires.

Immunothérapie pour lutter contre l’allergie

Le cas de figure le plus pertinent pour prescrire une immunothérapie, c’est lorsque le patient présente une hypersensibilité à l’égard d’un seul allergène. Dans la pratique clinique, on l’utilise pour les allergies au venin de guêpe ainsi que pour les pollens de graminées ou de bouleau et, depuis peu, pour les acariens. Malheureusement, dans la rhinite et l’asthme, le médicament n’est remboursé que pour les allergies aux acariens, responsables de la majorité des cas d’asthme, pas celles aux pollens.»

En traitement de fond, l’immunothérapie allergénique, également appelée «désensibilisation», permet d’agir directement sur le système immunitaire pour le rééquilibrer. Deux méthodes coexistent. La plus ancienne, l’immunothérapie sous-cutanée, par injections donc, s’étire sur quelques semaines d’affilée puis toutes les quatre à six semaines environ, sous la surveillance d’un médecin.

A nouveau, le gros désavantage est qu’elle n’est pas remboursée alors qu’elle coûte une centaine d’euros par mois et qu’il faut généralement trois à cinq ans pour obtenir un résultat optimal. L’autre méthode, la plus récente, consiste à donner sous la langue l’allergène jusqu’à ce que le corps s’y habitue. L’immunothérapie sublinguale à l’égard des acariens est aujourd’hui remboursée si la rhinite est associée à un asthme. Celle à l’égard du pollen ne l’est pas encore.

La biothérapie

L’immunothérapie n’est pas indiquée pour traiter l’asthme sévère, le risque de crise étant trop élevé. Néanmoins, d’autres solutions existent, précise le Pr Renaud Louis: la biothérapie à base d’anticorps monoclonaux programmés pour reconnaître et neutraliser l’immunoglobuline E (IgE). Le traitement, très coûteux (10 000 à 15 000 euros par an) n’est remboursé que dans les cas d’asthme sévère, d’allergies aux acariens, aux moisissures ou aux animaux domestiques. Pas dans les cas d’allergies saisonnières.

Une autre biothérapie contre l’asthme allergique est également utilisée en clinique. Elle permet de produire des anticorps pouvant neutraliser des protéines immunitaires humaines clés dans le déclenchement de l’asthme allergique, les cytokines IL-4, IL-13 et IL-5. «Une petite révolution, s’enthousiasme le pneumologue du CHU de Liège. Les études ont montré des améliorations, pour les personnes souffrant d’asthme sévère éosinophilique (NDLR: causé par une forte présence de cellules éosinophiliques dans le sang), qu’il soit provoqué par de l’allergie ou non.»

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