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71% des tués sur les routes sont des hommes © Getty

Pourquoi 71% des tués sur les routes sont des hommes 

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La semaine dernière, juste avant l’accident de Pierre Palmade qui a tant fait couler d’encre, le gouvernement français lançait une campagne de sécurité routière ciblée uniquement sur les hommes. En 2022, 78 % des personnes tuées sur les routes de France étaient en effet des hommes. Pour les responsables présumés des accidents mortels, ce chiffre grimpe même à 84%.

Face à ce constat, les autorités françaises ont lancé une vidéo « choc » extraite d’un documentaire de Rémi Bezançon. Ce dernier a filmé les premiers instants entre pères et fils, en salle d‘accouchement et en maternité. Le but de la vidéo est de sensibiliser les hommes aux stéréotypes liés à la conduite. Elle se termine par cette phrase: « Soyez l’homme que vous voulez être, mais soyez un homme vivant ».

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« Je vais un peu vite, mais je maîtrise »

Pour les autorités françaises, les stéréotypes de la masculinité du type  « Je vais un peu vite, mais je maîtrise », « Il m’énerve à vouloir me doubler, je ne le laisserai pas faire » ; « Ne t’inquiète pas, deux verres ? ça ne change rien à ma conduite », ont effet la vie dure. Ces derniers contribueraient à « perpétuer l’idée que l’homme, contrairement à la femme, aurait une forme d’aptitude naturelle pour la conduite, aboutissant ironiquement à transformer vitesse excessive, dépassement dangereux ou certitude de ‘tenir l’alcool’ en signe d’une compétence toute masculine ». « Il est urgent, dans le domaine de la conduite, de libérer les hommes des attentes sociales qui les incitent à associer virilité et prise de risque », estiment les créateurs de la campagne française.

En Belgique, les chiffres de l’Institut de la sécurité routière Vias révèlent une tendance similaire: en 2021, 71% des victimes d’accidents mortels étaient des hommes. Ces chiffres s’expliquent en partie par le fait que les hommes parcourent plus de kilomètres en voiture que les femmes, mais ce n’est pas là la seule explication.

« Les hommes ont tendance à avoir des comportements plus transgressifs au volant que les femmes, que ce soit au niveau de la vitesse, du taux d’alcoolémie, du port de la ceinture ou de la distraction au volant», explique Shirley Delannoy, chercheuse à l’institut Vias.

« Ils ont tendance à dépasser plus facilement les limites de vitesse autorisées. Quand il y a des contrôles d’alcool, il y a quatre fois plus d’hommes contrôlés positifs que les femmes. A cela s’ajoute que les femmes sont plus attachées à la ceinture que les hommes. Et finalement, les hommes ont tendance à être plus multitâches au volant que les femmes. Tous ces comportements sont dangereux sur la route », explique la chercheuse.

« Et lorsque vous interrogez les usagers de la route sur leurs comportements, dans les pays européens, on constate aussi cette différence de genre. Les hommes admettent avoir des comportements plus transgressifs que les femmes », ajoute-t-elle.

Cependant, Vias ne compte pas diffuser la vidéo française en Belgique. « L’institut Vias a tendance à fonctionner de manière plus subtile. C’est-à-dire que plutôt de cibler un public précisément, on va créer une campagne de sensibilisation qui s’adresse à toutes et à tous. Par contre, dans la sélection des canaux de diffusion, et dans les moments de diffusion, on va plus s’adresser à une cible particulière. »

Troisième mi-temps

Shirley Delannoy cite l’exemple de la campagne BOB, destinée à sensibiliser aux dangers de l’alcool au volant. « Nous avons fait campagne pendant l’Euro de foot, car celui-ci comporte une troisième mi-temps. Et nous savons que ce sont principalement les hommes qui regardent la télévision. La campagne Bob s’adresse à tous, mais en la diffusant pendant l’euro de foot, on sait qu’on va plus fortement toucher un public masculin, et en plus de ça, dans un moment précisément où il y a un côté festif. »

Vias qualifie toutefois la campagne française de percutante. « L’association de ce rôle paternel à ce rôle sur la route et la responsabilisation que ça implique, c’est très touchant, mais ça ne s’adresse qu’aux hommes. Il y a donc une identification qui ne peut pas nécessairement se faire avec un très jeune public ou les femmes. »

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