Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: les femmes, ces sacrifiées de la mobilité (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Dans tant de ménage, l’histoire se répète: l’homme roule avec la plus grosse voiture, la mieux équipée, la plus chère. La femme opte pour un modèle plus petit, moins coûteux. Et lorsqu’il s’agit de sacrifier l’une des deux autos du couple, c’est trop souvent celle de la conjointe qui passe à la trappe. Tant mieux pour l’écologie, mais tant pis pour sa liberté…

L’homme venait de s’acheter une voiture. Ce qui n’avait rien d’un luxe: l’ancienne avait quinze ans, 300 000 kilomètres au compteur, sans doute plus beaucoup d’avenir devant elle. Plus assez que pour lui consacrer les 1 500 euros que nécessitaient les réparations à la suite de la panne. Il ne s’était pas offert (à crédit) un bolide, mais enfin, tout de même un modèle moyen de gamme superéquipé à 40 000 euros.

Cinq semaines plus tard, les emmerdes volant toujours en escadrille, ce fut au tour de la voiture de madame de rendre l’âme, seule une réparation d’un millier d’euros permettant sa réanimation. Coût qui, cette fois, sembla beaucoup moins conséquent à charge du budget du ménage (l’engin n’ayant, il est vrai, que douze ans). Evidemment, une deuxième auto neuve à autant d’euros n’était pas envisageable, aussi l’époux suggéra à sa tendre moitié de… se passer de moyen de locomotion motorisé. Après tout, son lieu de travail n’était qu’à cinq kilomètres, qu’est-ce donc à pied ou à vélo! Puis ça permettrait au ménage de faire des économies ; c’est qu’il y avait désormais un gros emprunt à rembourser.

Dans combien de couples retrouve-t-on le même scénario? Acte 1: le mari roule évidemment (très) souvent avec un modèle plus gros, plus cher, mieux équipé. Qu’il dépense une certaine fortune pour se l’offrir n’interpelle nullement. Après tout, il y va de sa virilité. L’épouse devrait peut-être proposer d’acquérir une berline grand luxe, juste pour voir la réaction… Mais surtout, acte 2: lorsqu’il s’agit de se défaire de l’une des deux autos du ménage, pour une raison ou une autre (problèmes financiers, convictions écologistes, retraite…), lequel des deux partenaires est amené à revoir sa mobilité?

Indice: dans un sondage Ifop publié en juillet 2021, 55% des femmes interrogées déclaraient que la décision d’acheter une voiture revenait à leur conjoint (mais en 1994, cette proportion s’élevait à… 85%). Pas de raison qu’il en aille autrement lorsqu’il s’agit de décider de s’en passer. Ce qui risque de devenir une discussion de couple courante, vu ce joyeux contexte d’inflation et de crise énergétique.

Puissent celles et ceux qui envisagent de réduire leur cadence automobile (1) se baser sur des faits, plutôt que sur des stéréotypes de genre. Les déplacements « utiles » (se rendre au foot n’en fait pas partie, à la différence de faire les courses ou conduire les enfants à l’école) restent majoritairement l’ « apanage » des femmes. Une étude de l’Iweps (Institut wallon de la statistique), publiée en 2021, conclut que ces dernières sont en mobilité « permanente » en raison des « nombreuses activités qui relèvent de leur responsabilité », ce qui « montre une fois encore l’asymétrie dans le partage des tâches familiales et domestiques, faisant de la mobilité des femmes une extension de la sphère domestique ». Parallèlement, cette analyse soulignait que les conductrices sont bien moins nombreuses que les conducteurs à utiliser la tuture juste pour « se promener ou faire un tour », idem en matière d' »activité sportive, culturelle ou de loisirs ».

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Se passer d’une bagnole dans le ménage? Fort bien, donc. La planète ne s’en plaindra pas. Et les femmes éventuellement lésées dans leur liberté de mouvement non plus, pour autant que cette décision s’accompagne d’un rééquilibrage complet du sus-cité « partage des tâches familiales et domestiques ». Chiche?

(1) A noter que la double propriété n’est pas majoritaire au sein des ménages wallons: selon l’enquête de l’Iweps, seuls 31% d’entre eux possèdent deux voitures.

Disney contre les transphobes

Charlee Corra Disney, l’un des héritiers de la firme du même nom, a dévoilé sa transidentité, le 12 avril, dans une interview, dans le but de protester contre une loi votée en mars en Floride et baptisée « Don’t say gay ». Celle-ci interdit une grande partie des cours de primaire portant sur l’éducation sexuelle et l’identité de genre.

23%

des élèves de l’Ecole polytechnique, en France, affirment avoir été victimes d’agressions sexuelles lors de leur scolarité, selon une enquête interne réalisée par l’établissement d’enseignement supérieur et relayée par Le Monde. Plus de 2 100 jeunes avaient répondu à ce questionnaire sur les 3 300 scolarisés entre 2018 et 2021. Onze cas de viols ont aussi été signalés. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d’Evry, le 14 avril.

De Demi Moore à Rihanna

Trente ans plus tard, la photographe Annie Leibovitz a remis « ça »: une photo d’une célébrité dénudée et enceinte à la Une d’un grand magazine. En 1991, il s’agissait de Demi Moore dans Vanity Fair. Cette fois, c’est au tour de Rihanna dans Vogue. Le premier cliché choquait à tel point que des kiosques américains avaient été recouverts pour masquer toute cette chair. Le second ne fait plus scandale… mais suscite encore des commentaires en mode « c’est vulgaire, pour une femme enceinte ». Trente ans plus tard, la phrase de Demi Moore ne sonne toujours pas faux: « Les gens pensent que la maternité est merveilleuse, mais qu’il faut la laisser derrière des portes closes! ».

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