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Vague de chaleur: que sont les « températures ressenties »?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

On exprime parfois les prévisions météo en  » températures ressenties « . Cependant, il convient de prendre ces valeurs avec des pincettes. Explication.

Certains médias avaient annoncé « 40 degrés » en Belgique pour cette semaine. Pourtant, les prévisions de l’Institut royal météorologiques (IRM) ne dépassent pas 32°C pour la capitale cette semaine. En France, on a même annoncé des « températures ressenties » allant jusqu’à 48°C dans certaines régions. À quoi cela correspond-il ? Peut-on s’y fier ?

Humidité en été, vent en hiver

Les prévisions officielles expriment la température de l’air, mesurée sous abri avec un thermomètre. Mais il ne faut pas négliger ce qu’on appelle la « température ressentie ». Météo France qualifie ce concept comme « la perception physiologique de la température » qui « varie d’un individu à l’autre et selon les conditions atmosphériques (vent, pluie, ensoleillement) ». Ainsi, si elle est plus basse que la température réelle en hiver, elle est plus élevée en été, surtout lors de vagues de chaleur.

Ce concept a initialement été inventé en cas de grand froid, explique Le Monde. Le principe est que le froid est ressenti de manière plus forte lorsqu’il y a du vent. Le chiffre obtenu en fonction de la force du vent n’était pas une température objective, elle ne doit donc pas être exprimée en degré Celsius. La température réelle, elle, ne varie pas.

Le raisonnement existe donc aussi en cas de forte chaleur, mais ici ce n’est pas la force du vent qui renforce le sentiment de « chaud », mais bien l’humidité. Il s’agit du résultat d’un calcul entre la température réelle et le taux d’humidité, deux données qu’on peut en revanche calculer de manière assez fiable. Plus il fait humide lors d’une canicule, plus le corps va ressentir un inconfort, dangereux pour la santé et qu’on qualifie souvent de « lourd » ou « d’étouffant ».

Indice d’inconfort

Le niveau de température ressentie correspond donc à un indice de confort qu’on appelle Humidex, une mesure développée par des météorologues canadiens. Il est déterminé à partir des valeurs de température et d’humidité. Notons encore que cet indice ne tient pas compte de l’exposition au soleil ou au vent, qui peut diminuer ou augmenter la sensation d’inconfort.

Le site Meteo Belgique (à ne pas confondre avec l’IRM) offre une carte Humidex pour la Belgique, actualisée toutes les heures et disponibles via ce lien.

D’après Environnement Canada, on peut classer cet indice comme suit :

– moins de 30, aucun inconfort.

– 30 à 39, un certain inconfort.

– au-dessus de 40, beaucoup d’inconfort.

– au-dessus de 45, il y a danger : un coup de chaleur est probable.

– au-dessus de 54, un coup de chaleur est imminent.

Pourquoi il fait plus chaud en ville qu’à la campagne

À la campagne, la végétation utilise le soleil et l’eau du sol pour la photosynthèse, puis restitue à l’atmosphère l’eau puisée dans le sol. La nuit, cette « évapotranspiration » s’arrête. Mais en ville, les surfaces largement imperméables emmagasinent l’énergie solaire. Et pendant la nuit, ces bâtiments, routes en bitume et trottoirs relâchent dans l’air la chaleur accumulée. Résultat, il fait souvent plus chaud dans une ville qu’en périphérie, un phénomène encore plus marqué pendant les canicules, et la nuit.

Les facteurs favorisant cette « bulle de chaleur » urbaine sont connus: beaucoup de surfaces artificielles minérales, pas assez de végétation, propriétés des matériaux de construction, présence insuffisante d’eau, activités humaines… Sans oublier le cercle vicieux de la climatisation. L’orientation des bâtiments et la forme même des villes jouent également un rôle.

Des actions peuvent être entreprises, comme la végétalisation. Grâce à l’ombre et à l’évapotranspiration, grands parcs, ceintures vertes ou petites zones arborées parsemées un peu partout permettent de rafraîchir l’air localement. Autres axes d’action, la conception des bâtiments et la question des modes de construction et des matériaux, notamment leur couleur. Ainsi, les « cool roofs », toitures recouvertes de peinture réflective, se développent. Des tests sont aussi conduits par certaines villes, comme Los Angeles, qui ont enduit des rues d’un revêtement blanc qui absorbe moins la chaleur. Autre piste : l’eau. La ville de Paris par exemple a testé ces dernières années l’arrosage de la chaussée pour faire baisser localement la température. (avec AFP)

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