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Réactions à la COP27: « Où est l’action à la hauteur de l’urgence mentionnée dans bien des discours ? »

La COP27 de Charm el-Cheikh, en Egypte, s’est terminée sur un bilan contrasté et les réactions ont afflué pour saluer des avancées dans l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique mais aussi regretter un manque d’ambition sur la baisse des émissions.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres:

« Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant –et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu ».

« Cette COP a fait un pas important vers la justice. Je salue la décision d’établir un fonds pour les pertes et dommages et de le rendre opérationnel dans un futur proche. Ce ne sera clairement pas assez mais c’est un signal politique tout à fait nécessaire pour reconstruire une confiance brisée ». 

Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne:

« Le monde ne nous remerciera pas quand il entendra uniquement des excuses demain ».

« Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions ».

Jean-Pascal van Ypersele, climatologue à l’UCLouvain

« Le fonds créé ne répondra pas aux besoins des milliards de personnes qui seront touchées par les effets du changement climatique s’il reste une boîte vide ».

 En effet, « lorsque l’on constate que l’engagement pris à Copenhague en 2009 par les pays développés de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement à partir de 2020 n’a toujours pas été respecté, il faudra vérifier attentivement que ce nouveau fonds est effectivement et suffisamment alimenté », a poursuivi l’ancien vice-président du Giec.

 M. van Ypersele identifie un autre motif de préoccupation et il concerne « l’extrême faiblesse des textes adoptés à propos des réductions d’émissions et de la nécessité de sortir de l’utilisation des combustibles fossiles rapidement ». « Où est l’action à la hauteur de l’urgence mentionnée dans bien des discours ? », s’interroge le climatologue.

 « Si l’humanité veut garder sa seule maison commune habitable pour les humains et tout ce qui vit, elle doit faire beaucoup plus pour respecter l’objectif de 1,5°C, pour s’adapter à la partie du dérèglement climatique devenu inévitable, pour aider les populations les plus vulnérables à bénéficier de l’environnement sain auxquelles elles ont droit, et pour redonner de l’espoir à tous les jeunes qui s’inquiètent à juste titre pour leur avenir », conclut le candidat à la présidence du Giec en 2023.

Annalena Baerbock, ministre écologiste allemande des Affaires étrangères:

« Espoir et frustration » se mêlent. « Nous avons fait une percée en matière de justice climatique – avec une large coalition d’États après des années de stagnation », mais « le monde perd un temps précieux sur la trajectoire de 1,5 degré ».

Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique:

« Aucune avancée n’a été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles. C’est une vraie déception », mais ce sommet « répond aux attentes des pays les plus vulnérables avec une avancée forte: la création de nouveaux outils de financement pour les pertes et dommages liées aux catastrophes climatiques ».

Shehbaz Sharif, Premier ministre du Pakistan frappé cet été par des inondations catastrophiques (plus de 1.700 morts):

L’adoption d’un fonds dédié pour financer les dégâts climatiques est « une première étape décisive vers l’objectif de justice climatique ».

« Il appartient au comité de transition de s’appuyer sur ce développement historique ».

La ministre pakistanaise du Changement climatique, Sherry Rehman, présidente en exercice du puissant groupe de négociation G77+Chine avait auparavant estimé que ce fonds « n’est pas une question de charité » mais « un acompte sur l’investissement à plus long terme dans notre avenir commun et un investissement dans la justice climatique ».

– Le ministre de l’Environnement d’Antigua-et-Barbuda, Molwyn Joseph, au nom de l’alliance des petits Etats insulaires (Aosis):

« Aosis avait promis au monde de ne pas quitter Charm el-Cheikh sans réussir à établir un fonds de réponse pour les pertes et dommages. Cette mission de 30 ans est maintenant accomplie ».

– Laurence Tubiana, architecte de l’Accord de Paris de 2015:

« Cette COP a occasionné de profondes frustrations mais cela n’était pas en vain. Elle a permis une percée significative pour les pays les plus vulnérables. Le fonds pour les pertes et dommages, qui n’était qu’un rêve à la COP26 l’an dernier, est en voie pour commencer à fonctionner en 2023 ».

« L’influence du secteur des énergies fossiles était omniprésente. Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux ».

– Vanessa Nakate, jeune militante ougandaise:

« La COP27 devait être la ‘COP africaine’ mais les besoins des Africains se sont heurtés à l’obstruction tout du long. Les pertes et dommages dans les pays vulnérables ne peuvent désormais plus être ignorés mais certains pays ici en Egypte avaient décidé d’ignorer notre souffrance. Les jeunes n’ont pas pu faire entendre leur voix en raison des restrictions de manifestations mais notre mouvement grandit ».

– L’ONG Christian Aid

« Cela a été une longue lutte pour les pays développés afin d’obtenir ce fonds, le diable sera dans les détails et il faut encore que de l’argent y soit versé. Mais c’est un pas en avant positif vers la justice climatique ».

« Il est décevant de constater que malgré tous les beaux discours des dirigeants au début de ce sommet sur la gravité de l’urgence climatique, les pays ne se soient même pas mis d’accord pour une sortie progressive de toutes les énergies fossiles ».

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