(221106) -- SHARM EL-SHEIKH, Nov. 6, 2022 (Xinhua) -- A man walks past a board showing the 27th Conference of the Parties of the United Nations Framework Convention on Climate Change (COP27) in Sharm El-Sheikh, Egypt, Nov. 5, 2022. The COP27 is to be held from Nov. 6 to18 in Egypt's resort city of Sharm El-Sheikh. (Xinhua/Sui Xiankai)

La COP27 a débuté: quels sont les représentants belges attendus sur place?

Quelque 45.000 participants sont attendus à la COP27, qui débute ce dimanche pour deux semaines à Charm el-Cheikh en Egypte. Parmi eux, figurent 120 chefs d’Etat et de gouvernement qui se réuniront lundi et mardi pour un sommet des leaders auxquels participera le Premier ministre belge, Alexander De Croo.

Parmi les chefs d’Etat et de gouvernement qui feront le voyage jusqu’au bord de la mer Rouge figurent le président américain Joe Biden, de passage le 11 novembre, mais pas son homologue chinois Xi Jinping, récemment reconduit à la présidence de la République populaire. Les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre avaient annoncé l’an dernier à Glasgow, lors de la COP26, un partenariat à long terme dans la lutte contre le changement climatique mais les relations se sont passablement tendues depuis la visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi.

   Le président français Emmanuel Macron fera le voyage vers Charm el-Cheikh, de même que le chancelier allemand Olaf Scholz. Le président fraîchement élu du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, a également été convié à la COP27 par la présidence égyptienne.

   Du 15 au 18 novembre, le segment dit « de haut niveau » verra les discussions de la première semaine monter au niveau ministériel. La Belgique sera représentée par la ministre fédérale du Climat, de l’Environnement et du Développement durable, Zakia Khattabi, par la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, et la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib. Du côté des Régions, la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir, a renoncé à participer à la COP27, invoquant la situation des droits de l’homme en Egypte. Selon un tour de rôle convenu entre les ministres belges (fédéraux et régionaux), il incombait à Mme Demir de représenter la Belgique à cette COP27. Le ministre wallon du Climat, Philippe Henry, y représentera bien, quant à lui, la Wallonie.

   Cette COP27 intervient alors que les efforts climatiques mondiaux sont largement insuffisants pour limiter le réchauffement bien en-deça de +2°C et si possible à +1,5°C comme l’ambitionne l’accord de Paris. Une kyrielle de rapports publiés en prélude à l’évènement annoncent, dans l’état actuel des choses, un réchauffement d’au moins +2,5°C au milieu du siècle alors qu’actuellement, avec une hausse moyenne du mercure estimée à +1,2°C, les effets du dérèglement climatique se font déjà ressentir de plein fouet. L’un des derniers exemples tragiques en date est sans doute les inondations qui ont coûté la vie à plus de 1.700 personnes au Pakistan. Au plus fort du déluge, environ un tiers du pays s’est retrouvé sous les eaux.

   La conférence de Charm el-Chekih va également se dérouler dans un climat international particulièrement tendu, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les tensions extrêmes qu’elle a générées entre le régime de Vladimir Poutine et les pays occidentaux membres de l’Otan.

« L’Egypte ne s’épargnera aucun effort »

« L’Egypte ne s’épargnera aucun effort », a assuré en ouverture le ministre des Affaires étrangères Sameh Choukri, qui préside la COP27.

« Nous devons être clairs, aussi difficile que soit le moment actuel, l’inaction équivaut à de la myopie et ne peut que retarder la catastrophe climatique », a affirmé le président sortant de la précédente COP à Glasgow, Alok Sharma.

Cette 27e conférence de l’ONU sur le climat (COP27), rassemblera quelque 200 pays pour deux semaines, au chevet d’une planète frappée par les catastrophes: inondations historiques au Pakistan, canicules à répétition en Europe, ouragans, incendies, sécheresses…

Le combat pour le climat est une « question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd’hui et pour notre survie demain », a insisté récemment le patron de l’ONU Antonio Guterres.

La conférence « doit poser les fondations pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu », a-t-il averti.

Les émissions de gaz à effet de serre doivent en effet baisser de 45% d’ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.

Mais les engagements actuels des Etats signataires, s’ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10%, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4°C d’ici la fin du siècle.

Loin de respecter l’objectif principal de l’accord de Paris de moins de 2°C par rapport à l’époque où les humains ont commencé à brûler à grande échelle les énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz) responsables du réchauffement.

« Tempête parfaite »

Avec les politiques menées actuellement, c’est un catastrophique +2,8°C qui se profile.

« Pitoyablement pas à la hauteur », a fustigé Antonio Guterres, qui déplore que le climat ait été relégué au second plan par l’épidémie de Covid, la guerre en Ukraine, les crises économique, énergétique et alimentaire.

« Il y a eu des moments périlleux auparavant », comme la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris sous la présidence de Donald Trump, note Alden Meyer, du centre de réflexion E3G. Mais « je n’ai jamais rien vu de tel », ajoute-t-il, décrivant une « tempête parfaite ».

Dans ce contexte, malgré les engagements pris à la COP26, seuls une vingtaine de pays ont relevé leurs objectifs, et l’ONU ne voit « aucune piste crédible » pour tenir l’objectif de 1,5°C.

Plus de 120 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus lundi et mardi pour un sommet censé donner une impulsion à ces deux semaines de négociations.

Sans le président chinois Xi Jinping ni l’Américain Joe Biden, qui passera rapidement à la COP le 11 novembre. Alors que la coopération est cruciale entre les deux principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre aux relations tendues, ils pourraient toutefois se rencontrer à Bali la semaine suivante en marge du G20.

Un G20 responsable de 80% des émissions mondiales mais dont les membres les plus riches sont accusés de ne pas assumer leurs responsabilités en matière d’ambition et d’aide aux pays en développement.

Le ressentiment des pays les plus pauvres, pas responsables du réchauffement mais en première ligne de ses impacts, sera d’ailleurs au coeur de la COP27.

Greenwashing

La promesse des pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leur aide aux pays du Sud pour réduire leurs émissions et se préparer aux impacts n’est toujours pas tenue. Et le Sud réclame désormais un financement supplémentaire dédié aux « pertes et dommages » déjà subis.

Mais les pays développés sont très réticents, et n’ont accepté l’an dernier que la création d’un « dialogue » sur la question, prévu jusqu’en 2024. Ils devraient toutefois concéder que le sujet soit officiellement à l’ordre du jour à Charm el-Cheikh et la question pourrait être ajoutée à l’agenda.

« On jugera du succès ou de l’échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages », a prévenu Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l’ONU et président du G77+Chine, qui représente plus de 130 pays émergents et pauvres.

Accord ou non sur un mécanisme spécial pour financer les « pertes et dommages » ou sur un nouvel objectif pour prendre la suite des 100 milliards à partir de 2025, les besoins de financement se comptent en « milliards de milliards », dit à l’AFP Michai Robertson, négociateur pour l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), jugeant que ce sera impossible sans le secteur privé.

Les engagements du secteur privé seront aussi sous les projecteurs avec la publication du rapport du groupe d’experts de l’ONU chargé d’élaborer des normes pour évaluer les objectifs de neutralité carbone des entreprises, villes, régions ou investisseurs.

Parce que « notre monde ne peut plus se permettre de greenwashing, de faux-semblants et de retardataires », a souligné Antonio Guterres.

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