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« En mai, tonte à l’arrêt » : tous les résultats de cette édition 2023

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Plus de 1 200 inscrits, trente hectares de zones de non-tonte: clap de fin pour «En mai, tonte à l’arrêt». Résumé des principaux résultats de cette troisième édition.

Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg: cette année, 1 208 particuliers, entreprises, écoles ou acteurs publics ont pris part à «En mai, tonte à l’arrêt». Mais bien d’autres ménages ou communes ont délaissé la tondeuse, sans s’inscrire à l’opération. Celle-ci a aussi inspiré le gouvernement fédéral: la ministre du Climat et de l’Environnement, Zakia Khattabi (Ecolo), a demandé à ses collègues ministres d’inclure, dans la mesure du possible, des sites dont ils ont la charge dans la dynamique de la campagne. Lancée par Le Vif il y a trois ans, en partenariat avec Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège) et l’asbl Adalia 2.0, En mai, tonte à l’arrêt continue donc de séduire de nombreux gestionnaires de jardin, soucieux de (re)faire plus de place à la biodiversité.

La philosophie de la gestion différenciée, qui consiste ici à adapter le mode de gestion de sa pelouse en fonction des usages (une partie pour l’homme et une autre pour la nature, par exemple), gagne du terrain. Pour les communes, c’est une nécessité, depuis qu’elles ne peuvent plus utiliser les pesticides dans leurs espaces verts, des parcs aux cimetières en passant par les bords de voirie. Pour les particuliers, c’est une occasion de participer à la reconstitution d’un maillage écologique favorable aux pollinisateurs, tout en passant moins de temps derrière la tondeuse.

Cette année, la surface cumulée non tondue atteint au moins 30 hectares. Au moins, puisque plusieurs centaines d’inscrits n’ont pas fourni d’informations sur la superficie de leur zone. En extrapolant la surface médiane (70 m²) au nombre total de participants, la superficie cumulée pourrait s’élever, dans les faits, à plus de 84 hectares. Si la majorité des zones de non-tonte répertoriées (61%) s’étendent assez logiquement sur maximum 100 m², un participant – probablement un pouvoir public – a signalé une surface record de 50 000 m².

Suite de l’article après l’infographie.

Pour les fleurs, le bilan d’une zone de non-tonte dépend de son emplacement (au soleil ou à l’ombre, enclavée entre des murs ou près d’une prairie…), des caractéristiques du sol ou des terres de remblais du jardin, mais aussi de la météo. «Cela ne fait qu’une quinzaine de jours que l’on renoue avec des températures plus hautes, souligne Sylvain Boisson, expert en gestion de la biodiversité à Gembloux Agro-Bio Tech. De ce fait, il est possible que certaines floraisons se soient terminées plus tôt que l’an passé, ou que d’autres fleurs sortent encore en juin.» La météo du mois dernier s’est en effet avérée bien différente de celle, très sèche et ensoleillée, de mai 2022.

Avec une incidence sur le Top 5 des espèces les plus fréquemment observées, composé cette année des pâquerettes, des pissenlits, des boutons d’or, de l’herbe à Robert et du plantain lancéolé. Un classement différent de celui de l’édition précédente, puisque les deux dernières espèces citées n’y figuraient pas. Logiquement, le cortège de fleurs observées sur un mètre carré pendant la semaine de comptage, du 26 mai au 2 juin, a lui aussi changé par rapport à 2022, ce qui modifie la valeur de l’indice nectar moyen par mètre carré. Celui-ci donne un ordre de grandeur du soutien additionnel aux pollinisateurs que procurent les jardins inscrits à En mai, tonte à l’arrêt.

Cette année, l’indice nectar moyen s’élève à 63 milligrammes par jour et par mètre carré, contre 74 l’an dernier. Les zones de non-tonte répertoriées ont potentiellement produit quelque 18,9 kilos de nectar lors de la semaine de comptage, permettant d’assurer approximativement la croissance de 315 000 larves d’abeilles solitaires pendant cette période. Il s’agit toutefois d’un nombre théorique, qui ne tient nullement compte des insectes effectivement présents dans ou à proximité des jardins. La moyenne du nombre d’espèces différentes observées, elle, a progressé par rapport à l’édition 2022, passant de 9 à 10. Il s’agit d’une belle diversité florale pour des pelouses domestiques, supérieure aux moyennes de certaines prairies d’un système agricole conventionnel.

Bien qu’elle soit temporaire, l’opération En mai, tonte à l’arrêt encourage bel et bien les participants à pérenniser leur zone de non-tonte, si leur jardin s’y prête. L’asbl Adalia 2.0 recommande dans ce cas de ne faucher celle-ci qu’une à deux fois par an, pour favoriser la libre expression des graines présentes dans le sol et pour que des espèces variées de pollinisateurs puissent réaliser leur cycle de vie.

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