Anne-Sophie Bailly

Préparer une réforme fiscale ou le plus petit dénominateur commun de la Vivaldi

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Les divergences au sein de la Vivaldi pour aboutir à une véritable réforme fiscale sont nombreuses. Mais, les partenaires de la coalition la préparent et la préparent encore. Comme ils s’y sont engagés.

On n’en attendait pas grand-chose. Et donc, on n’a pas été déçu non plus.

Le conclave ministériel qui devait permettre d’engranger quelques avancées dans le projet de réforme fiscale de la Vivaldi n’a fait que mettre au grand jour les divergences des partenaires de la coalition relatives à ce chantier, comme la longueur du chemin encore à parcourir pour espérer concrétiser quelque chose d’ici au 21 juillet. Ne fût-ce que le plus petit dénominateur commun.

Car outre l’objectif de base – réduire la fiscalité sur le travail pour accroître la différence de revenus entre «ceux qui travaillent» et «les autres» –, peu de points de convergence ont pu être actés à ce stade.

En tout état de cause, ils n’ont pu l’être sur la question du «qui?». Quand on demande «A qui doit prioritairement profiter ce tax shift?», les avis divergent logiquement autant que les doctrines politiques. Aux bas et moyens salaires, affirment les partisans verts et rouges du recours au crédit d’impôts, de préférence ciblé. A tous, rétorquent les aficionados bleus du relèvement de la quotité exonérée d’impôt. Aux classes moyennes, grâce à un élargissement de la tranche d’imposition de 45%, propose le ministre des Finances.

Pas de convergence de points de vue non plus sur le «comment?». A la question: «Comment financer ce tax shift?», les réponses varient en fonction des solutions proposées. Dans l’hypothèse du transfert d’une partie de la fiscalité du travail sur la consommation, c’est le choix de la cible qui pose problème. Ok pour réduire à zéro la taxation sur les fruits et légumes, mais impossible de faire passer dans l’opinion publique une hausse de la TVA sur d’autres produits alimentaires de base déjà dopés à l’inflation, s’insurgent les uns. Faire grimper la TVA à 9% sur le prix du livre et c’est la mort du secteur, pointent les autres. Comment accepter un renchérissement de la TVA sur la construction et la rénovation quand, depuis des mois, on plaide pour une meilleure isolation du bâti rendue indispensable par la crise énergétique et l’urgence climatique, défend-on encore?

Seul un point fait l’unanimité: «Le gouvernement prépare une large réforme fiscale».

Et parmi les solutions du type «nouvelle taxe sur les jeux de hasard» ou «doublement de la taxation sur les comptes-titres», c’est no pasarán pour le MR.

Un consensus sur le «jusqu’où?» n’a pu davantage être atteint. Car depuis des mois, le débat fait rage: «Faut-il lier la réforme fiscale à d’autres chantiers?» et les opinions fusent. En sens contraire. Avec, d’un côté, le clan qui voudrait lier réforme fiscale et réforme du marché du travail, voire sauvegarde de la compétitivité, et de l’autre, ceux qui rétorquent que si on parle chômage, il faudrait aussi parler maladies de longue durée. Et ça, c’est hors cadre.

Reste malgré tout un point majeur qui fait l’unanimité, celui inscrit dans la déclaration de politique générale de la Vivaldi, à savoir «le gouvernement prépare une large réforme fiscale». Et donc on prépare. Et on prépare encore.

C’est au stade actuel le plus petit dénominateur commun.

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