Dans le cadre des contributions à l’Otan, ce sont 34 milliards d’euros supplémentaires qu’il faudra trouver à l’échelon belge, selon l’accord «historique» conclu début de semaine.
En se réunissant pendant deux jours à La Haye, l’objectif des 32 dirigeants de l’Alliance atlantique était de s’accorder sur une hausse historique de leurs dépenses militaires. De se mettre en ordre de bataille à l’heure où deux conflits armés majeurs ont remis les investissements dans la défense au premier plan des priorités budgétaires des Etats.
Pour la Belgique, comme pour les autres mauvais élèves de la classe, l’objectif était surtout d’engranger un maximum de flexibilité lors de ce sommet. Car si l’Arizona s’est globalement rangée derrière le programme des pays membres de l’Otan, la question de savoir comment financer ce bond des dépenses et à quoi les consacrer reste en suspens. D’autant plus que malgré sa volonté d’apparaître toujours comme soudée, la coalition gouvernementale commence à voir son vernis craqueler sur ces questions. Une preuve? La récente passe d’armes publique entre les alliés d’hier. Sous couvert d’ouvrir «une discussion sans tabou», Maxime Prévot (Les Engagés) a avancé ses pions et envoyé à ses partenaires de coalition un message clair. Bien sûr, il y aura des opérations one shot, comme le superdividende de Belfius ou la taxation des bénéfices des avoirs russes gelés chez Euroclear. Et oui, il y aura aussi quelques manœuvres comptables pour imputer certaines dépenses au poste de la défense. Mais, prévient-il: «Il n’y a pas 25.000 solutions: soit on compresse les dépenses, soit on augmente les recettes, soit on accroît l’endettement.» Rejetant illico l’idée de toucher à la sécurité sociale, et singulièrement aux soins de santé, en y mettant les formes et les garde-fous nécessaires, le ministre des Affaires étrangères distille bel et bien l’idée qu’une nouvelle taxation puisse voir le jour. «Il n’y aura aucun impôt en plus. Ni pour la Défense ni pour le budget général», a répliqué e président du MR, Georges-Louis Bouchez.
«Augmenter les impôts de la classe moyenne, diminuer les prestations sociales à l’égard des citoyens? Le débat est inévitable.»
Pourtant, ce sont bien 34 milliards d’euros supplémentaires qu’il faudra trouver à l’échelon belge, selon l’accord «historique» conclu début de semaine. Les mesures one shot n’étant par définition qu’à usage unique, où trouver l’argent? Augmenter les impôts de la classe moyenne, réduire les services publics, diminuer les prestations sociales à l’égard des citoyens? Le débat est inévitable. Mais quand on voit la difficulté qu’éprouve l’Arizona à trouver un compromis sur la taxation des plus-values, pourtant validée par un accord de gouvernement et dont le rendement espéré n’avoisine que les 500 millions d’euros, les échanges sur le budget de la Défense promettent d’être nourris. Comme devra l’être également le débat sur la destination des sommes, une fois celles-ci trouvées. Achat de F-35 supplémentaires, acquisition de missiles antiaériens ou commande d’une nouvelle frégate: où placer les priorités de la révision du plan Star? Et comment équilibrer la volonté de favoriser les retombées économiques pour l’industrie belge et l’impératif d’acquérir la technologie de pointe la plus adéquate?
Car personne ne comprendrait que le ministère de la Défense bénéficie d’un chèque en blanc. Surtout s’il devait être signé par la classe moyenne, comme c’est désormais suggéré.