Nicolas De Decker

Paul Magnette et Bart De Wever, des semblables si différents

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Bart De Wever et Paul Magnette, bourgmestres, présidents de partis et candidats au 16, rue de la Loi, ont bien des points communs. Pourtant, une différence les distingue…

On dit tellement qu’ils sont les mêmes qu’on en oublie qu’ils sont si différents. On dit que Paul Magnette et Bart De Wever sont les mêmes parce qu’ils sont bourgmestres de la plus grande ville de leur région depuis 2012, qu’ils président le plus grand parti de leur région depuis plusieurs années, qu’ils portent avec eux l’enviable silhouette de la bonne santé et le sens de l’histoire de ceux qui ont lu beaucoup de livres tout en en écrivant beaucoup. On dit qu’ils sont les mêmes parce que, l’un et l’autre se sont récemment déclarés candidats au poste de Premier ministre d’un futur gouvernement fédéral.

On dit qu’ils sont les mêmes pour tout ça, mais on oublie qu’ils sont différents pour d’autres choses. Il y en a un qui est flamand et un qui est wallon, un qui est de droite et un qui est de gauche, un qui a renoncé à une carrière à l’université pour s’engager en politique et un à qui la carrière à l’université a permis de s’engager en politique, un qui a été élevé au Vlaamse Leeuw et un qui a grandi avec L’Internationale, et un qui dit qu’il veut faire une réforme de l’Etat et un gouvernement avec l’autre, c’est Bart De Wever, et un qui dit qu’il veut tout faire pour ne pas faire de réforme de l’Etat ni de gouvernement avec l’autre, c’est Paul Magnette. Et tout ça ce sont des différences.

Et puis, surtout, il y en a un qui est candidat au poste de Premier ministre, c’est vrai, mais quelques jours avant il disait qu’il ne voudrait plus jamais entrer dans un gouvernement fédéral, et quelques jours plus tard il disait qu’il était candidat au poste de bourgmestre d’Anvers, alors ça n’a pas vraiment d’importance, ni pour lui ni pour son parti.

Bart De Wever dit souvent tout et son contraire, tout le monde le sait, ça n’embête personne en Flandre. Il semble relever de sa charismatique magie que la versatilité de cet indépendantiste flamand qui fait comme s’il était le seul à pouvoir sauver la Belgique ne lui coûte rien. Il est candidat au poste de Premier ministre, et si ça plaît aux Flamands, tant mieux, mais si ça ne plaît pas, il dira le contraire, personne ne s’en formalisera, et s’il ne le devient pas, personne ne lui en voudra.

Et il y en a un autre qui est candidat au poste de Premier ministre, qui l’avait dit mine de rien il y a un an ou deux, puis qui l’avait répété de plus en plus sûrement il y a quelques mois et puis, qui l’a redit fermement aux vœux de son parti, la semaine dernière, comme pour lancer les six mois de campagne. Paul Magnette dit souvent tout et son contraire, mais peu de monde le sait, d’ailleurs juste avant de commencer à regretter de n’être pas Premier ministre à la place d’Alexander De Croo, il jurait ne pas regretter de n’être pas Premier ministre à la place d’Alexander De Croo.

Paul Magnette ne changera pas d’avis d’ici au 9 juin, parce qu’il ne faudrait pas que sa versatilité se remarque trop en Belgique francophone. Il est candidat au poste de Premier ministre et il le restera. Il se fait, pourtant, que ça ne plaît pas vraiment aux francophones, même pas spécialement à ceux qui voteraient PS. Et que s’il ne le devient pas, tout le monde lui en voudra d’avoir fanfaronné comme ça, tandis que s’il le devient, tout le monde lui en voudra d’avoir renoncé à ses idées pour s’emparer du poste qui l’intéresse.

Et ça, c’est une sacrée différence entre le bourgmestre de Charleroi et celui d’Anvers.

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