Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: pourquoi il ne faut pas craindre de toucher les seins des femmes inconscientes (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Les mannequins de réanimation n’ont jamais de seins. Cela pourrait n’être qu’une récrimination féministe, sauf que cette absence a de sérieuses conséquences. Les malaises cardiaques sont la première cause de décès, chez les femmes. Mais (presque) tout le monde l’ignore.

Une recherche vite fait dans Google Images, c’est toujours instructif. «Ecolière»? Que des photos de femmes en tenues et déguisements sexy. Cuisinière? Que des taques de cuisson et des fours. «Mannequin de réanimation»? Que des bustes masculins. Des standard, des obèses. Quelques bébés, aussi. Mais où sont ces seins dont est dotée la moitié de la population?

Cette même recherche dans Google Images révèle que quelqu’un, quelque part, a cru bon d’inventer un buste aux tablettes de chocolat parfaitement tracées, histoire d’être au top s’il fallait réanimer un Ryan Gosling ou un Drake défaillant. Mais une madame lambda, comme la planète en abrite plus de trois milliards? Ah non! Jusqu’à quelques mois de ça, nul n’avait jamais songé à coller une paire de mamelles à un mannequin en silicone.

Donc l’idée de Marjolijn Rodenburg n’était sans doute pas révolutionnaire, mais reste que personne ne l’avait eue avant elle. Il y a quelques mois, cette infirmière néerlandaise a ajouté des seins aux mannequins sur lesquels s’entraînent ses élèves. Des tas d’articles dans des tas de pays ont souligné comme c’était formidable. Mais oui, quelle magnifique initiative de créer des outils représentant les patients qui devront être soignés!

© getty images

Le fait que ces poupées de réanimation soient un nouvel exemple du masculin censé être l’universel ne serait qu’un radotage de féministes si ces torses désespérément plats n’engendraient pas de nombreux décès. Une étude américaine a révélé que les femmes victimes d’un arrêt du cœur sont 27% moins susceptibles de bénéficier d’un massage cardiaque. «Car il existe une réticence à toucher la poitrine d’une inconnue, mais également parce que le grand public pense, à tort, qu’un malaise cardiaque concerne moins les femmes que les hommes», détaillait, en août dans notre rubrique «A corps ouvert», Sandrine Daoud, directrice de la Ligue cardiologique belge.

Déconstruction de l’idée reçue n° 1: les attaques ne tuent pas que les hommes. Les maladies cardiovasculaires sont même la première cause de mortalité féminine, en Belgique comme dans le monde, avant le cancer du sein. En quinze ans, rappelait Sandrine Daoud, le pourcentage de femmes de moins de 50 ans victimes d’un infarctus a triplé. La faute au tabac, au stress professionnel et à tous ces comportements à risque qui ne sont plus seulement masculins – conséquence indirecte de la quête d’égalité? Et puis, les symptômes d’un «infar» chez la femme diffèrent chez l’homme (douleur au cou, essoufflement, fatigue, vomissements…). Ce que beaucoup ignorent, évidemment. Par conséquent, le témoin d’une attaque aura tendance à penser qu’il s’agit d’un simple évanouissement. Toutes des petites natures, ces dames.

C’est quoi, l’angoisse? De se laisser surprendre par une demi-molle en pratiquant un massage cardiaque? Sérieusement? On a dit massage cardiaque, pas tantrique.

Déconstruction de l’idée reçue n° 2: la fille dont le cœur est en train de lâcher, elle s’en bat plus que probablement la paire que quelqu’un pose ses mains entre ses miches. Elle espère juste survivre. Puis c’est quoi, l’angoisse? De se laisser surprendre par une demi-molle en pratiquant un massage cardiaque? Sérieusement? On a dit massage cardiaque, pas tantrique.

Peut-être que tous les gros pervers – ces types qui, en soirée, dans les transports en commun, en rue, etc. ne peuvent s’empêcher de se frotter aux meufs – pourraient se former aux gestes de premier secours. Ils serviraient un tout petit peu à quelque chose, au moins.

La nouvelle star… bannie

Andrew Tate. Andrew qui? Personne ne le connaît, mais cet ancien kickboxeur anglo-américain est suivi par 4,6 millions de personnes sur Instagram, tandis que les hashtags à son nom cumulent 12,7 milliards de vues sur TikTok. Sa spécialité: la misogynie. Genre «les femmes doivent être au foyer», «elles doivent accepter qu’elles appartiennent aux hommes», etc. Après avoir été banni de Twitter, Facebook, Instagram et TikTok ont annoncé, le 25 août, qu’ils supprimaient tous ses comptes. Reste encore ceux de ses fans…

5,9%

des pères français font des heures supplémentaires après la naissance de leur enfant. Contre 5% avant l’arrivée du bébé. La peur de rentrer chez soi donner le bain du soir? Les heures supplémentaires chez les travailleuses, elles, ont légèrement tendance à baisser après la maternité, selon cette récente analyse de Datagora, basée sur des données de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).

La phrase

«Je suis littéralement stupéfaite et dégoûtée. […] Je trouve simplement honteux de lire cette horde de gens qui font des blagues qui sexualisent mon corps. Cette société est bien différente de celle dans laquelle j’aimerais demain mettre au monde et élever mes enfants.» La nageuse italienne Linda Cerruti a remporté huit médailles lors du championnat européen de natation synchronisée, qui s’est terminé le 21 août. Plus tard, elle a posté une photo d’elle faisant le poirier en grand écart, ses trophées pendant à ses jambes. Il n’en fallait pas plus pour que les internautes libidineux s’en donnent à cœur joie dans les commentaires salaces et sexistes…

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