Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: bizarrement, aucune femme ne frotte son clitoris sur un homme dans le métro (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

En France, un ancien membre du conseil supérieur de la magistrature vient d’être renvoyé devant un tribunal correctionnel pour agressions sexuelles. Ce sexagénaire aimait apparemment coller son pénis sur des inconnues dans le métro parisien. Etrangement, les « frotteurs » ont rarement conscience de commettre un délit, estimant ne rien faire de mal. Mais comment réagiraient les hommes si des inconnues se mettaient à frotter leur clitoris contre leur jambe ?

Pour se rendre au boulot, Jean C. prenait le métro parisien. Pas qu’il n’avait pas les moyens de se payer une voiture. Un ex-directeur de cabinet d’un président du Sénat français et ancien membre du conseil supérieur de la magistrature ne rencontre sans doute guère de problèmes de fin de mois. Mais bon, les transports en commun, c’est plus gai, on y croise plein de gens! Et la rame de sa ligne 7, le sexagénaire l’aimait bondée. Pour mieux se coller. Toucher. Se frotter.

A des dames, bien sûr. Trois victimes ont été identifiées (plus une quatrième, hors métro) grâce aux caméras de surveillance, l’usage de son pass Navigo et la géolocalisation de son téléphone. Jean C. a d’abord nié les faits (qui remontent à 2020), mais a tout de même tenté, sans succès, de bénéficier d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité, qui lui aurait permis davantage de discrétion que le tribunal correctionnel devant lequel il vient d’être renvoyé pour agressions sexuelles.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. N’en déplaise à Edgar Morin. Dans son livre Mon Paris, ma mémoire, le philosophe français centenaire raconte comment il « provoquait quelque peu le destin », dans son jeune temps, pour se retrouver serré « contre une croupe émouvante » et qu’il osait parfois « caresser le bel oméga qui provoquait en [lui] le frisson cosmique. Si la croupe ne se rebellait pas, nous restions, le temps de quelques stations, en communion sidérale, jusqu’à ce que l’un des deux corps s’arrache à l’autre, arrivé à destination. » Ou pétrifié de dégoût, prenant ses jambes à son cou. Comme quoi, on peut être un esprit reconnu mêlé d’un pervers malotru. Jean C., le frotteur sus-cité, était d’ailleurs chargé de statuer sur… les éventuels manquements déontologiques des magistrats, puis de les sanctionner le cas échéant. Comme le disait Saint-Just, « les vertus farouches font les moeurs atroces ».

Bien que les principaux intéressés estiment habituellement ne rien faire d’atroce. L’un d’entre eux, qui confessait, en 2015, à Vice assouvir ses fantasmes abrasifs dans les transports en commun, se cabrait lorsque la journaliste lui demandait s’il avait conscience d’être un agresseur sexuel. « Je n’ai jamais insulté une femme, ni exhibé mon pénis, ou tenté de leur mettre une main sous la jupe », s’insurgeait-il. Sous-entendu: coller son chibre sur une paire de fesses qui n’a rien demandé, pfff, c’est pas la mort, quand même. « Que je sache, la proximité dans les transports n’est pas un crime – même si celle-ci me provoque parfois des érections incontrôlées. » Sauf qu’en fait ça l’est, un crime. En France comme en Belgique, certains de ses congénères ont écopé de peines de prison pour de tels faits – et pas toujours avec sursis.

Et celui qui se définit comme un « gentleman frotteur » d’expliquer que, faut pas croire, y a des filles qui aiment ça. Elles ne disent rien mais n’en demandent pas moins. Peut-être simplement trop sidérées, dégoûtées pour réagir, mais cette idée-là ne semble même pas l’avoir effleuré. Seul compte son bon plaisir. Exemple typique de domination masculine intégrée, inconsciente. Bizarrement, nul n’a jamais observé une femme frotter son clitoris sur une hanche choisie au hasard. Et si, un jour, cela devait se produire, il y a fort à parier que le propriétaire de la jambe se sentirait outré, dégoûté, répugné. En aucun cas excité.

Un test salivaire pour diagnostiquer l’endométriose

La start-up lyonnaise Ziwig a développé un test capable de dépister l’endométriose. Baptisé « Endotest », il permettrait d’identifier des biomarqueurs de la maladie dans la salive. La société attend le feu vert des autorités françaises pour le mettre sur le marché. En Belgique, l’endométriose toucherait 15% des femmes, et serait présente chez 50% des patientes consultant pour infertilité. (E.G, st.)

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Femme sur quatre dans le monde a déjà été victime de violences domestiques, selon la récente étude de la revue scientifique The Lancet. Menée entre 2000 et 2018 sur la base des données de l’OMS, il s’agit de la plus large enquête sur les violences faites aux femmes. Vingt-sept pour cent des femmes entre 15 et 49 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire masculin. La moitié de ces violences ont commencé entre l’âge de 15 et 24 ans. (E.G, st.)

Les sorcières bientôt blanchies?

En Ecosse, le Parlement examine un texte visant à innocenter les victimes de la chasse aux sorcières. Entre les XVIe et XVIIIe siècles, près de 4 000 personnes, majoritairement des femmes, ont été accusées de sorcellerie et exécutées. L’association Witches of Scotland réclame la grâce de tous les condamnés pour sorcellerie, des excuses officielles et un monument national dédié aux victimes. Leo Igwe, militant nigérian des droits humains, espère que cette loi servira d’exemple pour des pays comme le Nigeria ou l’Inde, où le crime de sorcellerie n’est toujours pas aboli. (E.G, st.)

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