Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Et si Paul Magnette démissionnait ?

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Le PS ne participera-t-il plus à des débats électoraux si le casting n’est pas paritaire ? Oui, selon Paul Magnette. Mais en fait… non. C’est juste une recommandation.

Les excuses sont faites pour s’en servir. Aussi, lorsqu’un média assez vif en matière de politique le convie à un débat préélectoral et qu’il n’a, apparemment, pas trop envie d’y participer, Paul Magnette répond-il d’abord qu’il est peu emballé, trouvant ça un peu nul. Puis, de toute façon, annonce-t-il, le bureau du Parti socialiste vient d’adopter un nouveau principe: pas de participation à un débat non paritaire.

Mais? Quoi? Incroyable! Le PS révolutionne les campagnes électorales et personne ne prévient. Plus d’affrontements télévisuels entre costumes-cravates ; Rajae Maouane se sentira moins seule. Plus de duel contre Bart De Wever, comme ceux qui avaient tant cartonné en 2014 ; le bourgmestre d’Anvers se réjouira sans doute de devoir désormais croiser le verbe avec la vice-présidente socialiste Anne Lambelin. Pendant que Paul Magnette se confrontera à Marie-Christine Marghem plutôt qu’à Georges-Louis Bouchez, à Nadia Moscufo plutôt qu’à Raoul Hedebouw, à Gladys Kazadi plutôt qu’à Maxime Prévot.

Mais? Elle commence quand, en fait, la révolution? Parce que, bon, le 13 février, Paul Magnette prenait part à un débat interne à Dison, et était entouré de trois hommes et d’une seule femme, ce qui se rapproche assez peu du concept de parité. Puis, le 17 février, pour un exercice similaire à Ixelles, il était accompagné des députés Ahmed Laaouej et Dimitri Legasse, ainsi que de Laurent Pham, secrétaire général du parti (petite blague carolo: «On ne peut pas dire que cette table était sans Pham», ahahah!, mais ça ne fait sans doute rire qu’à Charleroi). C’est moins nul, c’est sûr, la non-mixité choisie.

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Mais, bon. Renseignements pris, Paul Magnette avait vraisemblablement assez mal compris ce qui s’était dit lors de son propre bureau de parti. Non, non, conditionner la participation du PS à la parité de la tablée n’est guère un principe, encore moins une obligation et nul n’a voté ni ne votera là-dessus. C’est juste une recommandation, voilà. Une proposition qui «sera discutée lors du prochain congrès consacré à l’égalité hommes-femmes en avril», une piste pour «une meilleure représentativité des femmes dans les médias». Une excuse toute faite pour être servie, en somme.

Si la parité était un principe à ce point chevillé au corps de toutes les formations politiques, peut-être les gouvernements du pays ne seraient-ils pas majoritairement masculins, peut-être le principe de la tirette serait-il appliqué aux listes électorales à tous les niveaux de pouvoir, peut-être les partis arrêteraient-ils de soupirer parce qu’ils doivent amener une femme dans une coalition.

Peut-être Paul Magnette pourrait-il démissionner, en fait. Ne pas être le seul candidat à sa réélection à la tête du Parti socialiste, alors qu’un suffrage interne – au suspense insoutenable – aura lieu les 10 et 11 mars prochains. Vu que «la quête de l’égalité reste le cœur du socialisme», comme il l’affirmait, le 2 février, dans Le Soir. Une femme présidente du Parti socialiste, qui reprendrait à son compte ses ambitions de Premier ministre au lendemain des élections fédérales de 2024: voilà qui réglerait plus facilement ce fort embêtant problème de représentativité féminine dans les médias et dans les débats. Parité bien ordonnée commence par soi-même.

Mais? Quoi? Ah bon? Non? Sans blague.

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semaines plutôt qu’une seule: selon Le Courrier international, Singapour vient de décider d’allonger la durée du congé de paternité et envisage de le rendre obligatoire, histoire d’encourager les couples à faire des enfants, alors que le taux de fécondité chute, comme dans la majorité des pays industrialisés. La parentalité, pas qu’une affaire de femmes…

A leur mémoire

Le 9 mars prochain, une stèle en mémoire des femmes victimes de féminicide sera inaugurée à Quaregnon. Une œuvre similaire avait déjà été dévoilée à Tournai, en 2021, à l’initiative de la Compagnie de la bête noire. Une idée qui avait germé durant la pandémie: puisqu’il n’était plus possible de se produire sur scène, notamment pour jouer la pièce Cinglée, questionnant les féminicides en Belgique, sa créatrice Céline Delbecq a imaginé un autre moyen de sensibilisation. «En espérant qu’un jour, il n’y ait plus de stèle à construire.»

«Les hommes hétéros baisent mal»

L’autrice et réalisatrice Ovidie, dans Libération le 14 février, résumant le propos de son prochain livre, à paraître le 16 mars, La Chair est triste hélas (Julliard, 160 p.). Ouvrage dans lequel elle pose la question de savoir comment continuer à faire l’amour dans un monde post-MeToo. Ou, pour reprendre ses termes, «comment continuer à désirer nos bourreaux»? Débats en perspective.

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