Nicolas De Decker

La certaine idée de Nicolas De Decker: les preuves du complot contre la Flandre

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Il manque quelque chose dans le canon flamand: le fait que la Flandre soit victime d’un complot

Le canon flamand est un très beau travail. Un très beau livre d’histoire officielle financé par les politiques et rédigé par des experts, il totalise trois cents pages, avec un très beau site Web d’Etat développé par des codeurs – canonvlaanderen.be, et compte soixante entrées.

Elles sont en néerlandais mais c’est très bien expliqué, chaque entrée est déployée en trois volets comme un triptyque mystique, il y a une petite présentation générale du sujet puis deux plus spécifiques, à vocation exemplative. Non, vraiment, très chouette, ça donne envie d’être Flamand et d’en être fier, ce qui est le but quand on commande un canon.

Seulement, il manque un truc. Ce truc que la Flandre conquérante partage et répand pourtant depuis que les Flandres sont la Flandre. Ce trait culturel intrinsèque a porté tout le mouvement flamand de sa naissance à sa pleine expansion. Il en est l’argument princeps, et mériterait une entrée dans le canon. Il postule que la Flandre est une victime, la victime d’un complot. Voici à quoi l’entrée manquante du canon flamand devrait ressembler.

«Le complot contre la Flandre« 

Au début, la Flandre était dominée par la Belgique. Les Belges parlaient français, et ces Belges qui parlaient français possédaient toute la Flandre, ses quelques usines, ses champs, ses églises, ses canaux et son ciel si bas qu’un canal s’est pendu. Les victimes de ce complot se sont organisées pour se défendre, mais le talon de fer sans éperon d’or écrase toujours le brave Flamand qui travaille dur. Bien sûr, aujourd’hui, en Belgique, toutes les usines et les grands clubs de football, toutes les grandes fermes et les grands travaux, tous les ports et le grand aéroport, les grands élevages et les petites banques, l’Eglise catholique, les grands festivals, les services publics et les grands médias sont aujourd’hui en Flandre aux mains de Flamands qui parlent flamand. N’est-ce pas justement la preuve que c’est un complot?

La faute aux Wallons

L’oppression que les élites francophones de Flandre imposèrent au peuple flamand a pris, avec l’éveil de la conscience flamande, d’autres formes plus insidieuses mais pas moins brutales, et aujourd’hui, le Wallon de Wallonie est encore plus dominateur qu’hier le fransquillon de Flandre. D’ailleurs, il y a des décennies que les hauts fourneaux et les mines de charbon ont été transférés de la Wallonie vers la Flandre et que les réformes de l’Etat ont toujours appauvri les Wallons. N’est-ce pas justement la preuve qu’ils sont très habiles et pas nous?

La faute aux socialistes

Ce joug outrageux qui leste le robuste cou flamand est aussi politique. Un parti impose de plus en plus visiblement son programme, celui d’une collectivisation toujours croissante de son économie à la Flandre. Et il la souille de sa congénitale corruption. Ainsi à bpost, dirigée depuis quinze ans par des patrons flamands, sous la tutelle de ministres flamands, mais dont la présidente du CA a été désignée il y a deux ans sur quota PS, et où plusieurs scandales impliquant des patrons flamands et une ministre de tutelle flamande ont, comme par hasard, éclaté depuis quelques semaines. N’est-ce pas, justement, la preuve qu’ils sont corrompus et pas nous?»

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