" C'est vrai, j'avance parfois tout seul, mais souvent par défaut. " © debby termonia

Mitsch dérangeait le PS

Le conseiller communal de Genappe, lanceur d’alerte de l’affaire Ores, exclu par sa section locale de Genappe. Parce qu’il était trop individualiste ? Ou trop gênant ?

C’était l’histoire du pot de terre contre le pot de fer, version politique. Et comme dans la fable de Jean de La Fontaine, Jean-François Mitsch, conseiller communal PS de Genappe et lanceur d’alerte dans l’affaire Ores, paie cher sa témérité à défier le système : il a été  » mis en éclats « . Dimanche 4 février, la section locale de son parti a décidé de l’exclure, lors d’une assemblée générale extraordinaire, à une large majorité (21 voix pour, une contre, quatre abstentions). Cette décision survient deux semaines après qu’un rapport de l’administration wallonne, commandité par l’ancienne majorité régionale PS-CDH, a balayé les interpellations du conseiller à l’égard de la principale intercommunale de distribution de l’électricité et du gaz en Wallonie. Mitsch interrogeait notamment le montant, largement surévalué à ses yeux, d’un double marché impliquant Ores et Electrabel pour le rachat du réseau. Tout en dénonçant de nombreuses irrégularités.

L’exclusion du parti fait suite à la plainte des deux autres conseillers socialistes, Tiffany Fevery et André Dubois, exaspérés par son comportement  » individualiste « . Le dossier Ores a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.  » Nous l’avions prévenu plusieurs fois, déclare au Vif/L’Express Alain Mathieu, président de l’USC Genappe. Jean-François Mitsch ne respecte pas les règles collectives. Il ne cesse de déposer des motions au conseil communal sans concertation. C’est un électron libre ! Libre à lui, désormais, de siéger comme indépendant.  »

Vers une liste citoyenne ?

Jean-François Mitsch a déposé, mardi 6 février, un recours auprès de la fédération du PS du Brabant wallon, présidée par le député wallon Dimitri Legasse. Sur la forme, le conseiller communal de Genappe dénonce une procédure expéditive, menée sans possibilité de faire valoir ses arguments. Sur le fond, il contre-attaque.  » C’est vrai, j’avance parfois tout seul, mais souvent par défaut, faute de réunion ou de travail de fond de la part de mes collègues, dit-il au Vif/ L’Express. Si au moins l’énergie consacrée à mon exclusion avait pu être consacrée à l’élaboration d’un projet fort pour la commune…  »

Transfuge d’Ecolo arrivé au PS en 2013, Jean-François Mitsch estime que cette exclusion germait depuis les discussions relatives à la stratégie électorale pour 2018.  » Le groupe plaidait pour une alliance MR-PS (le MR étant tout-puissant à Genappe). Je n’étais pas forcément contre, mais il me semblait aussi utile d’étudier d’autres pistes, dont une alliance progressiste avec Ecolo, le CDH, des déçus du MR, des citoyens… Surtout, cela ne devait pas m’empêcher de mener un travail d’opposition, démocratiquement important, au profit de l’intérêt général.  » Ce dont il ne s’est pas privé en attaquant tous azimuts, tant le manque de volonté de changer les pratiques au PS que, dans le dossier Ores, le bourgmestre de Genappe, Gérard Couronné (MR), lui-même… ex-président d’un comité de secteur de l’intercommunale pour le Brabant wallon.

Multipliant les remises en cause du système, Jean-François Mitsch en paie le prix. Le PS local lui demande de remettre tous ses mandats, y compris ceux lui permettant de mener son travail de contrôle au sein d’Ores.  » Pour moi, il y a évidemment un lien entre mon exclusion et le fait que je dérangeais « , estime-t-il. Sans renoncer à poursuivre une réflexion en vue de la création d’une liste citoyenne pour 2018.

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