Anne-Sophie Bailly

L’effet domino cascade entre inflation et hausse salariale

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La grève chez TotalEnergies en France comme les demandes des principaux syndicats allemands font ressurgir l’effet domino cascade entre inflation et hausse salariale.

Outre la pénurie de carburants qu’elle a générée, la grève chez TotalEnergies, en France, a fait ressurgir la schizophrénie latente entre hausse salariale et inflation. Et la difficulté d’arrêter l’effet domino qu’elle induit.

En effet, confrontés à une détérioration de leur pouvoir d’achat (domino 1), les salariés réclament des hausses de salaire (domino 2). En France, en Allemagne, les syndicats bataillent pour obtenir des augmentations de 8% à 10%. En Belgique, le maintien de l’indexation automatique des salaires a été acté. Quand elles le peuvent, les entreprises réagissent à ces hausses des coûts en les répercutant, en tout ou en partie, sur leurs prix de vente, ce qui annule, d’un point de vue macroéconomique, la hausse salariale accordée. Sinon, ce sont les plans de réduction d’activités et/ou de licenciements qui sortent des cartons (domino 3). C’est alors au tour des Etats, qui redoutent le mur de faillites et une courbe du chômage haussière, d’entrer dans le jeu en instaurant des mécanismes de soutien aux ménages et aux entreprises (domino 4).

Le risque majeur actuel est qu’une inflation élevée et durable grève tous les moyens nécessaires pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

En parallèle, une autre chaîne a été enclenchée par les banques centrales qui tentent de juguler l’inflation et de ralentir le tempo par des hausses de taux d’intérêt, tout en évitant de trop affecter des marchés financiers fébriles. Le retour à la case départ du programme économique de Liz Truss l’a récemment prouvé.

Ces deux lignes ont fini par se rejoindre sous une double mise en garde, celle «d’avoir une politique monétaire qui essaie de maintenir l’inflation sous contrôle et une politique budgétaire qui en fait encore plus pour soutenir la population» et celle de mener «une guerre des subsides étatiques qui verrait les gouvernements distribuer des aides trop généreuses aux gros consommateurs d’énergie», comme le pointait le gouverneur de la BNB, Pierre Wunsch, à l’agence Bloomberg.

Le risque majeur actuel est bien celui-là: qu’une inflation élevée, durable et qui engendre des urgences différentes – celles des ménages écrasés par une perte de pouvoir d’achat, celles des entreprises dont les coûts explosent, celles des Etats dont les moyens sont concentrés sur les mesures de soutien –, grève tous les moyens nécessaires à la transition écologique et à la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles.

Et que les dominos continuent à tomber les uns après les autres. En cascade.

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