Face à Gaia-Irina qui se raconte, les spectateurs participent au récit. © Chiara Pasqualini

La saison de la Vie

Le Vif

Je crois que dehors c’est le printemps est un fait divers. Gaia Saitta, seule en scène, convie les spectateurs à rejouer l’histoire d’Irina, amoureuse d’un homme dont elle est enceinte de jumelles. Quand les filles grandissent, la passion s’éteint. Le père emmène les gamines. Disparaît. Sera retrouvé mort. Suicide. Pas de trace des fillettes. Commence pour Irina un travail de reconstruction impossible. Un jour, pourtant, le printemps est à nouveau là. C’est l’amour. Mais comment accepter le bonheur quand on a le cœur enterré?

Irina a longuement raconté son parcours à Concita De Gregorio, qui en a écrit le récit. Frappée par cette histoire, Gaia Saitta l’a portée au théâtre. De façon simplissime. Elle est en scène, accueille les spectateurs. C’est l’ anniversaire d’Irina, clin d’œil aux trois sœurs de Tchekhov. A certains spectateurs, elle demande de venir sur le plateau pour l’aider à… participer au récit. Ils seront, visages vidéo et corps assis, les protagonistes de l’histoire. Irina, sous les traits de Gaia, aligne des Post-it de questions. Pourquoi s’est-elle mariée? Qui était son mari? Comme cela s’est-il passé? Les spectateurs sur le plateau ne peuvent rien dire de plus que ce qu’ils vivent, face à Gaia-Irina qui se raconte. En ça, le spectacle est d’une insondable force de vie.

Gaia Saitta, 44 ans, n’était pas maman au début du travail sur le texte. La première fois qu’elle a représenté le spectacle devant Irina, qui avait refusé jusqu’alors de le voir, elle savait depuis peu qu’elle portait la vie en elle. Un peu avant les représentations à Bruxelles, elle a donné naissance à une fille. «Ce Primavera(NDLR: titre original) m’a appris l’humilité, souligne Gaia. Il m’a fait vivre la catharsis. Le fruit de tout ça, c’est ce que j’ai eu dans le ventre. J’ai dû construire l’espace pour que les choses adviennent. Mettre de côté mon ego, dire et passer. Entre femmes.» Alors sur scène, peu importe les frimas, dehors, c’est le printemps. Pour longtemps.

Je crois que dehors c’est le printemps, au Théâtre national, du 16 au 26 novembre.

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