Crise en séries

Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Les Soprano sont morts en 2007. The Wire? Terminé en 2008. The Shield? Classé sans suite la même année. Les trois meilleures séries de l’histoire de la télévision, dit-on souvent, ont laissé leurs fans orphelins, mais également un grand vide dans la créativité télévisuelle. Une fois que la meilleure fiction télé en cours, Lost, aura connu son ultime saison (cet hiver), un seul constat pourra être dressé: les chefs-d’£uvre cathodiques se sont éteints. Et ceux qu’on annonçait en début de saison comme les dignes héritiers des splendeurs passées n’en ont pas le lustre. Lancée en grande pompe cet automne par le réseau américain ABC, la série Flash Forward devait faire oublier Lost. Bâtie sur un argument tout aussi mystérieux que sa cons£ur (un bond virtuel dans le temps pour la première, une errance dans une île obscure pour la seconde) elle avait tout pour réussir. Créée par des grands noms (Brannon Braga, qui a notamment participé à l’aventure Star Trek, et David S. Goyer, scénariste des Batman de Christopher Nolan), basée sur un roman canadien éponyme de SF très estimé, et portée par des visages connus (Joseph Fiennes, Sonya Walger…), Flash Forward s’illustre par la déception qui l’a accueillie, à la hauteur de l’attente qui la précédait. Trop explicite dans ses intentions, prenant par la main le téléspectateur pour ne pas le perdre en chemin (lourd, l’étau), la série se vautre dans la facilité.

Pareil pour le remake de V, feuilleton de science-fiction star des années 80, ici carrément cheap. Autres gros fours de l’année écoulée: Melrose Place version 2009, Glee, The Vampire Diaries… Qui ont d’autant moins d’excuses qu’ils se basent tous sur une £uvre passée à gros succès, qu’il s’agisse d’un feuilleton du même nom, d’une série apparentée ( High School Musical, pour Glee) ou du pompage à peine voilé d’un film blockbuster ( Twilight pour The Vampire Diaries). Bien sûr, quelques phares brillent bien dans cette nuit de l’imagination: nées récemment, Breaking Bad, Sons of Anarchy, Hung, Mad Men et True Blood tiennent ainsi plutôt bien la route. Mais elles n’ont probablement pas de quoi galvaniser les communautés de téléspectateurs comme leurs grandes s£urs l’ont fait jadis. Quant aux grandes attendues de 2010, elles se résument à une triste question: quelles grandes attendues?

Myriam Leroy

L’industrie télé américaine a déçu, en 2009. Et 2010 s’annonce tout aussi pauvre

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