La République tchèque va donner 4.000 obus d'artillerie à l'Ukraine © belga

Quel rôle joue la Belgique dans la crise ukrainienne ?

Alors que les tensions montent depuis quelques semaines autour du cas de l’Ukraine, la Belgique a affirmé qu’elle sera un « allié solidaire » au sein de l’OTAN. Une prise de position qui pourrait avoir des conséquences pour notre pays ? La réponse avec les professeurs en relations internationales Tanguy de Wilde d’Estmael et Tanguy Struye.

À l’heure actuelle, la menace d’une invasion de l’Ukraine par les russes se profile de plus en plus. Les Occidentaux accusent la Russie d’avoir déployé des dizaines voire une centaine de milliers de soldats à la frontière ukrainienne dans le but d’entamer une offensive. Une situation inacceptable pour l’ONU, qui se réunit ce lundi à la demande des États-Unis, mais aussi pour l’OTAN.

Cette dernière a d’ailleurs demandé à ses pays membres de se tenir prêt pour envoyer sa Force de réaction rapide (Very High Readiness Joint Taskforce -VJTF). Un message à la Russie à ne pas prendre à la légère, qui a avant tout l’utilité de décourager cette invasion russe, selon Tanguy de Wilde d’Estmael, professeur en relations internationales à l’UCLouvain. « Tous les discours au niveau des États-Unis, de l’Union européenne et de l’OTAN, et donc aussi de la Belgique, sont des discours pour dissuader la Russie de s’en prendre à l’Ukraine. Pour ce faire, on doit montrer qu’on a des capacités, une certaine force. Mais le but est justement de ne pas utiliser la force.« 

Mais si la Russie décide malgré tout d’envahir l’Ukraine, que se passerait-il ? La Force de réaction rapide sera activée par l’OTAN et dans ce cas, la Belgique mettrait son grain de sel. « Notre budget n’est pas très élevé. On a désinvesti durant plusieurs années donc notre rôle serait limité. L’idée serait d’envoyer 300 soldats dans les pays membres de l’OTAN, dans le cadre d’une force de réaction rapide de 40.000 hommes. Mais le but n’est pas d’intervenir en Ukraine. C’est avant tout pour protéger les frontières de l’OTAN et le boulot va se limiter à cela parce qu’on n’a pas les moyens », explique le professeur de l’UCLouvain Tanguy Struye. À titre de comparaison, les États-Unis enverraient 8.000 hommes aux frontières.

Rien sans l’OTAN ?

Le chef de la Défense belge, l’amiral Michel Hofman, a affirmé il y a une semaine que l’armée belge se préparait à « des conflits de haute intensité » avec la Russie. Mais, étant donné que l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN, et ce malgré sa volonté d’y adhérer en 2008, les manoeuvres d’action de l’Alliance, et donc de la Belgique, sont limitées. « Puisqu’elle n’est pas membre, il n’y a certainement pas de réunion qui va se faire en se posant la question de s’il faut absolument défendre le principe de la défense collective de l’article 5″, souligne Tanguy de Wilde d’Estmael.

Cet article 5 stipule qu’en cas d’attaque contre un membre de l’Alliance, elle serait considérée comme une attaque dirigée contre tous les Alliés. Des mesures jugées nécessaires seraient alors prises pour pouvoir aider le pays attaqué. Mais ne faisant pas partie de l’Alliance, ce principe n’est pas applicable. N’y a-t-il pas une alternative pour intervenir en Ukraine ? Pour Tanguy de Wilde d’Estmael, rien ne sera fait sans une demande ukrainienne. « On pourrait essayer, au niveau de l’OTAN, de savoir si on pourrait apporter un soutien à la demande de l’Ukraine. A ce moment-là, il faudrait voir dans quel état on se trouve », explique-t-il avant d’ajouter que si le pays reste, comme c’est le cas maintenant, dans un état de non-guerre, « on ne va certainement pas envoyer des troupes parce que cela va être un facteur de déstabilisation dont la Russie pourrait profiter. Cela me parait donc très difficile a priori qu’on envoie des troupes belges. Dans le cadre de l’OTAN, certainement pas. Et par la suite, la décision ne sera pas prise au niveau belge. » Il semblerait donc que la Belgique n’ait pas vraiment son mot à dire en cas d’intervention.

Quel impact économique sur le pays ?

La Russie fournit une partie des ressources énergétiques de la Belgique, dans le gaz principalement. Un contrecoup économique sur le secteur gazier pourrait alors toucher la Belgique en cas de réponse de l’OTAN face à une éventuelle offensive russe. Mais notre pays ne serait pas le seul à subir cette conséquence puisque l’on pourrait signaler une instabilité générale sur les marchés gaziers.

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Pour ce qui est de notre pays, Tanguy Struye se veut rassurant. « La Belgique en tant que telle ne dépend que de 5 ou 6% du gaz russe, mais il y a beaucoup d’autres pays en Europe qui en dépendent beaucoup plus. C’est donc un impact plutôt à l’échelle européenne, mais pas forcément belgo-belge. »

Bien que des conséquences graves ne seraient pas à déplorer à l’échelle nationale, cette situation diplomatique met le doigt sur une question plus vaste qui concerne la dépendance de la Belgique par rapport aux ressources énergétiques. Pour le professeur de l’UCLouvain, « l’enjeu du nucléaire revient malgré tout pour savoir si l’on a besoin d’être plus autonome par rapport à des pays comme la Russie et certains pays du Golfe, qui sont loin d’être des régimes démocratiques. C’est évidemment un débat qui est plus large par rapport à la question russe. Mais cela a un impact sur notre politique étrangère puisque l’on ne va pas jusqu’au bout de nos idées parce qu’on dépend énergétiquement de ces pays-là. »

Les dossiers du nucléaire et du prix des énergies sont depuis quelques mois et même quelques années sur la table des différentes entités belges. Et bien que l’impact de ce conflit avec la Russie serait minime, les conséquences pourraient alourdir un peu plus la facture en gaz pour les Belges.

Quel impact économique sur le pays ?

La Russie fournit une partie des ressources énergétiques de la Belgique, dans le gaz principalement. Un contrecoup économique sur le secteur gazier pourrait alors toucher la Belgique en cas de réponse de l’OTAN face à une éventuelle offensive russe. Mais notre pays ne serait pas le seul à subir cette conséquence puisque l’on pourrait signaler une instabilité générale sur les marchés gaziers.

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