Des personnes se rassemblent pour soutenir l'attaque du Corps des gardiens de la révolution islamique contre Israël le 14 avril 2024 à Téhéran, en Iran. Samedi, en fin de journée, l'Iran a lancé une attaque directe contre Israël, environ deux semaines après l'attaque israélienne contre le consulat iranien en Syrie.

L’attaque iranienne sans précédent contre Israël a été « déjouée » selon l’armée israélienne

L’Iran a lancé dans la nuit plus de 200 drones et missiles contre Israël, en réponse à une frappe contre son consulat à Damas, une attaque directe iranienne inédite qui a été « déjouée », a affirmé dimanche l’armée israélienne.

Le Conseil de sécurité doit tenir une réunion d’urgence dimanche, le chef de l’ONU, Antonio Guterres, ayant condamné « une grave escalade ».

« L’affaire peut être considérée comme close », a annoncé la mission iranienne à l’ONU dans un message posté trois heures après le début de son opération. Mais, a-t-elle prévenu, « si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère ».

« Avec les Etats-Unis et d’autres partenaires, nous avons réussi à défendre le territoire de l’Etat d’Israël », s’est félicité le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

« L’attaque iranienne a été déjouée », a affirmé le porte-parole de l’armée israélienne à propos de la première attaque directe jamais menée par la République islamique contre le territoire israélien.

99% des tirs interceptés

« Nous avons intercepté 99% des tirs vers Israël », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari dans une allocution télévisée. L’espace aérien israélien a rouvert dimanche matin, ont aussi annoncé les autorités aéroportuaires. La Jordanie et le Liban, pays voisins d’Israël, ainsi que l’Irak, frontalier de l’Iran, ont également annoncé la réouverture dimanche de leur espace aérien.

Les services de renseignement israéliens ont affirmé dimanche que le Hamas avait refusé une proposition de trêve avec Israël présentée par les médiateurs égyptiens et qataris au Caire.

Le Hamas avait indiqué samedi avoir remis sa réponse aux médiateurs et, sans en rejeter explicitement le contenu, avait insisté sur son exigence d’un cessez-le-feu permanent à Gaza.

Le Hamas « continue d’exploiter les tensions avec l’Iran » dans le dessein d' »obtenir une escalade » dans la région, écrit aussi le Mossad, les services de renseignement israéliens, dans un communiqué.

Le président américain Joe Biden rencontre les membres de son équipe de sécurité nationale, dans la salle de crise de la Maison-Blanche, à Washington, aux États-Unis, le 13 avril 2024. The White House/Handout via REUTERS

Soutien « inébranlable » américain

Le président américain Joe Biden a renouvelé son soutien « inébranlable » à Israël et annoncé que les dirigeants du G7 seront convoqués afin de coordonner une « réponse diplomatique unie » à l’attaque iranienne « éhontée ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont l’armée est engagée dans une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, s’est entretenu au téléphone avec le président américain à l’issue d’une réunion du cabinet de guerre israélien, a indiqué le bureau du Premier ministre.

L’armée israélienne a indiqué que l’Iran avait « lancé un essaim de 200 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière ». Aucun drone ni missile « n’a pénétré le territoire d’Israël » tandis que seuls quelques missiles balistiques « sont entrés et ont touché légèrement » une base militaire, qui reste en activité, a ajouté Daniel Hagari.

De son côté, l’agence officielle iranienne Irna a fait état de « sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev (sud) ».

L’attaque iranienne est une réponse à la frappe le 1er avril qui a détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à deux hauts gradés des Gardiens, ont-ils précisé. L’Iran a accusé Israël de cette frappe, mais ce dernier n’a ni confirmé ni démenti.

L’Iran estime s’être vengé et met en garde Israël

L’Iran a appelé dimanche Israël à ne pas réagir militairement à son attaque inédite lancée dans la nuit, qu’il a présentée comme une riposte justifiée à la frappe ayant détruit son consulat à Damas. « L’affaire peut être considérée comme close« , a annoncé la mission iranienne à l’ONU dans un message posté trois heures après le début de son opération.

Mais, a-t-elle aussitôt prévenu, « si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère ». Aucun dirigeant de la République islamique ne s’est exprimé durant la nuit pour justifier cette première attaque ayant visé directement Israël depuis la révolution de 1979 en Iran. Cette « action militaire de l’Iran est une réponse à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas », a expliqué la mission iranienne à l’ONU. Elle a été « menée sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense », selon elle.

Des salves de roquettes sur le Golan

Dans le même temps, les alliés de l’Iran, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis ont mené des attaques anti-israéliennes, le premier en tirant deux salves de roquettes en quelques heures sur le Golan occupé par Israël, et les seconds en lançant des drones en direction du territoire israélien.

Alors que l’Iran a demandé à Washington de « rester à l’écart » du conflit, les forces américaines présentes dans la région ont aidé Israël à abattre « presque tous » les drones et les missiles iraniens, a annoncé Joe Biden.

Cette attaque est une réponse à la frappe le 1er avril qui a détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à deux hauts gradés des Gardiens, ont-ils précisé. L’Iran a accusé Israël de cette frappe, mais ce dernier n’a ni confirmé ni démenti.

Le ciel piqué de lumières rouges

Peu avant 02h00 dimanche matin (23h00 GMT samedi), une série de détonations a figé Jérusalem. Le ciel s’est piqué de lumières rouges et jaunes filmées par l’AFP, et par de nombreux habitants qui ont partagé les images sur les réseaux sociaux.

« Les rues sont vides, tout le monde se dépêche de rentrer chez soi« , a déclaré à l’AFP Eliyahu Baraka, un commerçant du centre-ville.

La télévision d’Etat iranienne a annoncé que le Corps des gardiens de la Révolution a lancé une « vaste » attaque de « drones et de missiles » vers Israël. © Getty Images

Des images saisissantes de projectiles frôlant l’emblématique coupole dorée du dôme du rocher, sur l’un sites les plus saints de l’Islam, au coeur de la vieille ville, font le tour des plateformes.

Les sirènes d’alerte ont retenti à Jérusalem, selon des journalistes de l’AFP, ainsi que dans la région du Néguev et dans le nord du pays.

Une heure environ après l’annonce du lancement de l’opération iranienne, baptisée « Promesse honnête », l’agence Irna a indiqué qu' »une première vague de missiles balistiques » avait été lancée « en profondeur » du territoire israélien.

« L’armée de l’air des Gardiens de la révolution a tiré des dizaines de missiles et de drones sur des cibles spécifiques », selon la télévision d’Etat citant les Gardiens, l’armée idéologique de l’Iran.

En annonçant l’attaque iranienne peu après 23H00 samedi (20H00 GMT), le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari a affirmé: « nous surveillons de près les drones tueurs envoyés par l’Iran et en route vers Israël ».

Il a dénoncé comme une « escalade dangereuse » cette « attaque directe lancée depuis le sol iranien ». D’autres « vagues de drones » visant Israël sont possibles, a prévenu un responsable militaire israélien.

« Restez à l’écart! »

« Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime voyou israélien, dont les Etats-Unis DOIVENT RESTER À L’ECART! », a déclaré la mission iranienne à l’ONU dans un message posté sur X.

« L’affaire peut être considérée comme close. Toutefois, si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère », a-t-elle mis en garde.

Aux cris de « Mort à Israël », « Mort à l’Amérique », quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans les principales villes d’Iran pour saluer l’attaque iranienne.

Juste après le début de l’opération, le compte X du guide suprême d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a publié un message affirmant: « le régime diabolique va être puni ».

Des personnes se rassemblent pour soutenir l’attaque du Corps des gardiens de la révolution islamique contre Israël le 14 avril 2024 à Téhéran, en Iran.

Guerre à Gaza

Plus tôt samedi, les forces spéciales maritimes des Gardiens de la Révolution ont saisi un navire accusé d’être « lié » à Israël, avec 25 membres d’équipage à bord, dans les eaux du Golfe.

La République islamique d’Iran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, est un allié du Hamas, auteur le 7 octobre d’une attaque sanglante sans précédent sur le sol israélien qui a provoqué une offensive israélienne dévastatrice à Gaza, où 33.686 personnes, essentiellement des civils, ont péri, selon les autorités du mouvement islamiste palestinien.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est classé groupe terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne.

L’armée israélienne a poursuivi sa guerre dans la bande de Gaza qu’elle assiège depuis le 9 octobre et dont la majorité des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes en majorité des civils, d’après un bilan établi par l’AFP à partir des données officielles. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes d’après des responsables israéliens.

Procession funéraire de sept membres du Corps des gardiens de la révolution islamique tués lors d’une attaque en Syrie, que l’Iran a imputée à Israël. © Getty Images

Contenu partenaire