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La France bouillonne autour du pass sanitaire: « Un bras de fer s’engage »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

La France entière se divise sur l’obligation de présenter un pass sanitaire pour accéder à de nombreux lieux publics. La question est morale et juridique. Certains secteurs se sentent punis. Le tourisme pourrait aussi déchanter. Et la mise en place de la mesure s’annonce complexe.

L’annonce d’Emmanuel Macron n’a laissé personne de marbre. En France, le pass vaccinal va devenir obligatoire pour avoir accès aux lieux culturels, aux concerts, aux restaurants et bars, ou encore aux transports de longue durée.

Parallèlement, en rendant les tests PCR et antigéniques payants, et alors que la vaccination est gratuite, certains y voient purement et simplement une obligation vaccinale cachée pour toute la population française. Et de fait, sans vaccination, il deviendrait presque impossible pour les Français de continuer à mener une vie sociale normale.

Rappelons tout de même que la mesure n’est pas encore actée. Elle sera soumise le 21 juillet devant le Parlement.

Interrogations morales et juridiques

Mais le tollé provoqué dans l’Hexagone est déjà conséquent. Moralement, les détracteurs considèrent la mesure comme purement inégalitaire. Elle réserverait l’accès à la vie sociale et culturelle aux personnes qui ont accepté la vaccination. « En annonçant l’extension du pass sanitaire aux lieux de loisirs, cafés, restaurants, centres commerciaux… Macron contredit Macron et plusieurs de ses ministres, dont Olivier Véran, qui promettent l’inverse depuis des semaines », condamne le journal Libération. Olivier Véran, Ministre français de la santé, se défendait ce matin sur BFM TV : « Ce que nous voulons éviter à tout prix, c’est reconfiner le pays. Ce n’est pas une sanction, ce n’est pas un chantage. C’est de la prévention, le vaccin sauve des vies. Et il y aura toujours cette liberté de circulation. »

Juridiquement, ensuite. La dimension légale d’une telle décision est remise en cause de toutes parts. « Au centre de la réflexion, le complexe équilibre entre droit à la santé et libertés publiques », analyse Le Figaro. « Les juristes sont bien en peine de savoir si la Cour suprême jugerait constitutionnelle l’extension du pass sanitaire à des activités du quotidien comme les restaurants, limitant ainsi les libertés publiques. »

Le discours d'Emmanuel Macron aux Français, ce lundi 12 juillet, n'a laissé personne de marbre.
Le discours d’Emmanuel Macron aux Français, ce lundi 12 juillet, n’a laissé personne de marbre.© iStock

« Un bras de fer s’engage déjà »

Certains secteurs n’ont pas besoin d’attendre un verdict juridique pour se sentir déjà floués. C’est le cas des cinémas français, qui se disent « punis » par l’imposition du pass sanitaire dans les lieux de culture plus tôt que partout ailleurs, tandis que le Festival d’Avignon « accuse le coup » et craint une baisse de la fréquentation.

Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français, dit à l’AFP ne pas comprendre pourquoi les lieux culturels devront demander ce pass à partir du 21 juillet, alors que la mesure est repoussée à août pour les restaurants et transports de longue distance, selon les annonces du président Emmanuel Macron effectuées la veille.

« Le problème c’est la stigmatisation, une fois de plus, des lieux culturels, alors qu’ailleurs ce sera début août, ou mi-août. Nous nous sentons punis », déplore-t-il.

Les bars et restaurants n’ont pas tardé à se faire entendre, eux aussi. Ils demandent un report la mise en application du pass sanitaire en septembre, selon les informations du Parisien. « Un bras de fer s’engage déjà. Au lendemain de l’allocution du Président de la République, Emmanuel Macron, et l’annonce de l’extension du pass sanitaire aux bars et restaurants, les syndicats professionnels demandent un report de son application en septembre au lieu du 1er août. Le secteur de la culture (musées, cinémas, théâtres…), qui doit le mettre en place dès le 21 juillet, exige, de son côté, un report de cinq semaines. » La bataille s’annonce féroce.

Une mise en place complexe

Pratiquement, la mise en place de ce pass sanitaire s’annonce compliquée dans les transports, ou dans les lieux culturels, en pleine période estivale. « Comment gérer à partir du 1er août des flux importants de passagers ou de clients qu’il faudra contrôler un par un? », se questionne Libération. « Dans les entreprises concernées, on craint un allongement significatif des files d’attente. »

Le tourisme impacté?

Enfin, la mesure pourrait impacter considérablement le tourisme. En effet, pour se rendre en France, et pour pouvoir profiter des activités de loisir « normalement », il faudra donc être en possession de ce pass sanitaire. Ce dernier requiert, au choix, une vaccination complète (deux doses) depuis deux semaines minimum, un test négatif datant de moins de 48h, ou la preuve d’avoir contracté le covid dans les six derniers mois. Comme nous vous l’expliquons ici, les tests seront payants en France pour les touristes étrangers. De nombreuses contraintes qui pourraient en rebuter plus d’un à se rendre dans l’Hexagone cet été.

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