Pourquoi le prix de l’huile d’olive explose

Le prix de l’huile d’olive a atteint son plus haut niveau depuis 2010 au moins.

Production en berne et risque de pénurie: en Espagne, premier producteur mondial d’huile dolive, la sécheresse et les températures anormalement élevées font craindre une « catastrophe » pour le secteur, déjà ébranlé par une année 2022 très difficile. L’importante sécheresse que connaît l’Espagne met en péril la récolte. Ce pays assure à lui seul, bon an mal an, 40% de la production mondiale d’huile d’olive. Le secteur agricole espagnol craint une baisse des recettes de 50% cette année, en raison de la sécheresse.

Année après année

La péninsule ibérique est confrontée à une forte sécheresse et a connu très peu jours de pluie depuis le début de l’année. Selon l’Agence météorologique Aemet, le cumul de précipitations depuis le 1er octobre est inférieur de 25% à la normale sur le territoire espagnol, et de 50% dans une grande partie de l’Andalousie, où les réservoirs d’eau ne sont plus qu’à 25% de leur capacité. Ce manque criant de précipitations a été aggravé fin avril par une vague de chaleur exceptionnellement précoce. Un record absolu pour un mois d’avril en Espagne continentale a été atteint à Cordoue, en Andalousie, avec 38,8°C. Une température digne du mois d’août.

Pour l’Espagne, qui fournit en temps normal 50% de l’huile d’olive mondiale, avec près de trois milliards d’euros d’exportations par an, la situation est d’autant plus préoccupante que la filière sort d’une campagne 2022-2023 calamiteuse. En raison du manque d’eau et des températures extrêmes, la production espagnole d’huile d’olive a plafonné à 660.000 tonnes contre 1,48 million de tonnes en 2021-2022, soit une chute de 55% selon le ministère de l’Agriculture. Et le scénario est bien parti pour se répéter cette année.

Mesures insuffisantes

Pour les consommateurs, les perspectives s’annoncent également sombres. « Le prix mondial de l’huile d’olive dépend en grande partie de ce qui se passe en Espagne », rappelle Rafael Pico, qui anticipe des tensions sur le marché. Ces derniers mois, le prix de l’huile a de fait déjà bondi. « Mi-avril, l’huile d’olive se vendait à 5.800 euros la tonne, alors qu’elle était à 5.300 euros en janvier 2023 » et « 3.500 euros en janvier 2022 », observe Fanny de Gasquet, de la société de courtage Baillon Intercor.

Une tendance qui risque de se poursuivre. En Andalousie, les jeunes oliviers n’ont « pas de racines suffisamment développées pour aller puiser de l’eau » en profondeur: « on va avoir des pertes », avec des effets sur la production durant « deux ou trois ans », prédit-elle.  Dans ce contexte, le gouvernement espagnol a abaissé fin 2022 de 10% à 5% la TVA sur l’huile d’olive, dans le cadre d’un plan anti-inflation. Pour soutenir les agriculteurs affectés par la sécheresse, il a par ailleurs réduit de 25% l’impôt sur le revenu pour le secteur. Des mesures jugées insuffisantes face à la crise qui se profile.

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