Lorsqu’on le piétine, le dispositif se révèle d’une façon inédite, par le nez. © Courtesy of the artist and Gallery Eva Albarran and Christian Bourdais

Swing, l’oeuvre de Morgane Tschiember à découvrir à la Fondation CAB

Le Vif

A l’image de On the Lookout, l’exposition au sein de laquelle elle prend place et dont elle est le temps fort, Swing incite le visiteur à se tenir «à l’affût», une position salutaire lorsqu’il s’agit d’arts plastiques découlant directement de l’intitulé de l’événement. Pour cause, cette installation monumentale créée in situ par Morgane Tschiember (Brest, 1976) opère une métamorphose renversante de l’ancien entrepôt Art déco des années 1930, construit pour l’industrie minière, qui fait place à l’immersive proposition du curateur Gregory Lang – figurent aussi au générique des plasticiens comme Ann Veronica Janssens, Pieter Vermeersch, Irma Blank ou Nadia Guerroui.

A l’heure de la dématérialisation et de la circulation effrénée des images, l’œuvre de Tschiember sacre une démarche haptique. L’artiste française a toujours revendiqué son goût pour le toucher et les matériaux – qu’il s’agisse du verre, du miel… –, qu’elle s’applique à sortir de leurs formes de prédilection. Cette fois, l’intéressée s’attaque à une matière ingrate au premier regard, ce PVC industriel souple souvent utilisé dans les chambres froides sous forme de rideaux à lanières. Il est déployé dans l’espace à la façon d’une vaste coque d’un bateau imaginaire. Sa beauté saute aux yeux. Arrimées à la structure du bâtiment, la vingtaine de bandes de plastique estompent la frontière entre l’architecture et la sculpture. De couleur bleu froid, le dispositif rigoureusement symétrique, conformément au vœu de l’artiste, se laisse piétiner. Cette promenade est l’occasion d’appréhender Swing d’une façon inédite, c’est-à-dire par le nez à la faveur d’une odeur forte et caractéristique. On y évolue comme en lévitation à l’intérieur d’un nuage odorant. Une dimension supplémentaire doit être ajoutée à l’expérience, celle de la lumière. Les semi-reflets du PVC créent des densités différentes dont la configuration évolue au cours de la journée. Plus que jamais, l’art se fait ici alchimie, faisant du plomb du réel de l’or pour les yeux.

A la fondation CAB, à Bruxelles, jusqu’au 28 janvier.

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